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Univers d'écrivains

Hommage à Edward Gorey

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 24 Novembre 2011. , dans Univers d'écrivains, Les Ecrivains, Les Dossiers, Articles, La Une CED

le minuscule majuscule ou l’humanité-brindille. . Ecrivain(s): Edward Gorey

Edward Gorey est méconnu en France. Curieusement méconnu.

De façon vraiment incompréhensible. Et même : saugrenue.

Sau-gre-nue.

Le macabre et le bizarre de son travail, l’humour pince-sans-rire, tellement british (s’il était américain, sa passion pour tout ce qui était victorien explique cela), sont réjouissants à la diable.

Mais Gorey, c’est surtout le poète de la ligne, la ligne évoluant dans le froid et le vent qui berce les arbres sans feuilles. L’amoureux de la ligne. Le dessinateur qui se sert de la ligne pour se tenir dessus et faire de petits pas au-dessus du vide que peignent les mots de son histoire, de ses histoires, – toutes (plus ou moins) pénétrées du gothique (il faut voir ici une influence presque certaine de Jane Austen sur Gorey – qui confessera du reste son admiration infinie pour cette auteure –, Austen qui a repris, avec une certaine dérision mais aussi une certaine épure, les principaux thèmes gothiques dans Northanger Abbey, que Gorey à son tour ne cessera de reprendre, et toujours avec cette distanciation propre à l’humour), en sachant qu’il y aura toujours une chute à la fin, toujours une mort, toujours le tragique qui viendra.

Entretien avec Marc Pautrel

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 19 Juillet 2011. , dans Univers d'écrivains, Les Dossiers, Chroniques Ecritures Dossiers, La Une CED, Entretiens

Mené par Matthieu Gosztola

Vous semblez faire en sorte que le cadre de vos récits ait trait toujours à une certaine a-temporalité, qui pourrait presque s’apparenter à celle des contes, ce qui n’est pas seulement perceptible dans Le Métier de dormir (Confluences, 2005). Ce lien constant entre les contes et vos récits tient aussi me semble-t-il à leur brièveté qui permet de ne jamais les clore, et de les rattacher à un héritage grandiose du récit elliptique et bref où ce sont nos rêves, notre imaginaire, qui viennent poursuivre les faits relatés. Faire choir les récits de la contemporanéité afin de les faire tomber dans l’imprécision des rêves et des contes, mais toujours suivant l’extrême précision que permet votre écriture, ses entrelacs et son chant comme se déployant en contre-points successifs, est-ce ce qui paradoxalement permet de dire vraiment quelque chose du contemporain ?


Je crois que ce qui est commun à tous mes textes, c’est leur caractère légendaire. Le récit, ou pour les textes plus longs, les histoires (ou romans), sont livrés par écrit en raison de l’importance quasi mythique que le narrateur leur accorde. Il faut raconter cette chose, apparemment commune, mais qui met en lumière une vérité.

Fante. John, Fante (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 03 Avril 2011. , dans Univers d'écrivains, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, La Une CED, USA, Roman

Plein de vie !

John Fante. Prononcez « fanté ». Je dois vous dire d'abord bien sûr : c'est qui John Fante ? Un écrivain, américain. Italo-américain plutôt, la précision est d'importance, elle imprègne toute son œuvre. Sa vie couvre à peu près le XXème siècle, de 1909 à 1983. On ne peut pas esquiver sa vie, elle est la matière même de l'œuvre. Tous ses romans égrènent des épisodes autobiographiques, de l'enfance rude du Colorado (sous les grondements incessants d'un père alcoolique et violent) à la réussite professionnelle et mondaine d'Hollywood (où il sera un scénariste très prisé) et enfin jusqu'à la fin douce et glorieuse, malgré la cécité qui le frappe en 1978, aux côtés de Joyce, son épouse.

Je ne sais pourquoi, bien qu'adulé (et même objet d'un véritable culte !) par des cercles de plus en plus nombreux de passionnés de littérature, Fante n'a pas encore atteint en France la notoriété d'un Steinbeck, d'un Hemingway, d'un Faulkner. Son influence littéraire est pourtant d'une large importance : il est le père spirituel de la « Beat génération », de Charles Bukowski, de Truman Capote, de James Ellroy. Son influence est considérable aussi sur Jim Harrison et « l'école du Montana ».