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Articles taggés avec: Vegliante Jean-Charles

Pour les 200 ans de la mort de Carlo Porta (par Jean-Charles Vegliante)

, le Mercredi, 10 Février 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Carlo Porta, milanés : avec le romain Giuseppe G. Belli, son cadet, sans doute le plus important poète dialectal d’Italie ; populaire, fort apprécié de Stendhal. Auteur de sonnets comme son confrère romain, mais aussi de poèmes longs (poemetti), dont l’extraordinaire La Ninetta del Verzee (1814), la confession bouleversante d’une prostituée. Romantique sans illusions, Porta est également l’auteur de poèmes politiques (sa ville bien-aimée fut soumise successivement aux Autrichiens et aux Français, avant la restauration autrichienne), et d’une traduction de la Commedia dantienne en milanais. Il est présent, avec un sonnet anti-français, dans notre Anthologie Amont dévers publiée en ligne par Recours au Poème. Sa poésie a été étudiée et valorisée par le philologue et critique littéraire Dante Isella. Il a été récemment traduit en italien par Patrizia Valduga.

Originaux facilement accessibles, par ex. sur :

https://www.liberliber.it/online/autori/autori-p/carlo-porta/

Emily Dickinson, la poésie car c’est l’immensité (par Jean-Charles Vegliante)

, le Jeudi, 17 Décembre 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Vide à emplir de félicité,

Vide à emplir de dédain.

(E. Dickinson, Poems 113)

 

Dans sa lettre-préface à l’anthologie de Cent dix-sept poèmes d’Emily Dickinson par lui choisis et traduits, Philippe Denis évoque l’évasive Emily, certes distante mais « bien , c’est-à-dire au-devant d’elle-même, où nul ne la rejoindrait »… Dans cette course-poursuite, où le poète-traducteur a été d’abord « comme un coureur tentant de battre je ne sais quel record sur une piste détrempée », il s’agit assurément d’adaptation – ardue, respectueuse, passionnée – et non d’un effort appliqué de « calque » (Chateaubriand, sur sa version de Paradise Lost), à laquelle un angliciste trop sérieux trouverait sans doute des limites.

D’un pas déviant (Fragments de l’attente), Pierre-Yves Soucy (par Jean-Charles Vegliante)

, le Lundi, 12 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

D’un pas déviant (Fragments de l’attente), Pierre-Yves Soucy, éditions La Lettre volée, mai 2020, 143 pages, 19 €

Pierre-Yves Soucy, dont on sait maintenant le précieux appui éditorial qu’il apporte régulièrement aux poètes de Belgique, du Québec et d’ailleurs, propose aujourd’hui un recueil considérable à divers égards, qui frappe d’abord par la rigueur de sa forme typographique d’une parfaite clarté, dont on suppose et devine qu’elle obéit à un « pas » peut-être « déviant », mais sans doute néo-réglé assez fermement. Cette première impression, jamais démentie au long des cinq sections de l’ouvrage, semble correspondre à la tentative de spatialiser l’attente (donc le temps, bien sûr) depuis l’évocation d’une « cassure », et la quête de ce qui demeure « avant les mots », jusqu’à l’inachèvement attendu, lequel est bien souvent le sommet et la déception du poème. Sur la page, puisque c’est toujours de cela qu’il s’agit, on assiste à une dispersion bien tempérée – d’où les « fragments » – selon des envols ou plutôt des essaims de mots, assourdis ou çà et là éclairés de reflets, comme danses de corpuscules au soleil. Alors affleure et disparaît aussitôt une dimension narrative, certes inévitable dès l’instant où le langage doit suivre une succession (Barthes), mais ici plutôt inattendue, voire contenue et réprimée par le recours au fragment et à la pause.

Petit dialogue de morts (en poésie) (par Jean-Charles Vegliante)

, le Jeudi, 27 Août 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Poésie

 

Il y a trente ans disparaissait Giorgio Caproni (1912-1990), écrivain, poète italien bien connu, entre autres raisons, pour avoir largement utilisé le dialogue – parfois même de type théâtral – au sein de sa poésie ; où « Personne n’a jamais réussi à dire / ce qu’est, en son essence, une rose ». Ses travaux de traduction, notamment d’auteurs français, ont compté sans doute pour cette évolution qui a affecté aussi son langage, de plus en plus proche d’un parler (ou pseudo-parler) contemporain, parfois laconique ; non par hasard, sa version de Mort à crédit (1964), ainsi que des traductions d’André Frénaud (1967) sont toujours considérées – pour sa poésie et dans l’absolu – comme particulièrement importantes.

Nous présentons ici, à titre d’exemple et d’hommage in memoriam, un petit échange avec son contemporain Vittorio Sereni, disparu quelques années plus tôt, grand traducteur lui aussi du français, et également représentatif de cette si féconde génération poétique venue après Montale, Quasimodo ou Sinisgalli. Dialogue affectueux et ironique à travers le temps, par-delà leur disparition.