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Trois éclipses, Etienne Allaix (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Mardi, 25 Novembre 2025. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Trois éclipses, Etienne Allaix, Editions Rue Saint-Ambroise, collection « Suites », Mars 2025, 130 pages, ISBN 9782487294035, 14 euros.

 

Avec Trois éclipses, Étienne Allaix signe un triptyque original, constitué de trois nouvelles relativement étoffées (d’une trentaine ou quarantaine de pages chacune), qui ont en commun de mettre en scène des impostures.

La pièce inaugurale – et maitresse – du recueil est la nouvelle « Lynn » : guide touristique à Berlin, Lynn se perd lors d’une de ses visites avec son groupe, alors qu’elle est censée connaître la ville par cœur. Son égarement devient le moteur d’une fiction : pour sauver la face, elle invente les éléments de sa visite guidée. Et y prend un plaisir manifeste.

C’est de cette première imposture que découlent les deux autres nouvelles. Dans l’imagination fertile de Lynn prend vie le personnage de Sokine, peintre expressionniste raté du 19e siècle, qui connait lui aussi d’étranges moments d’« éclipse » de la raison. Puis celui de Rebecca, directrice de galerie d’art ayant acquis des toiles de Sokine, et qui s’éclipse elle aussi dans un ultime pied-de-nez au milieu berlinois de l’art contemporain.

Le Voyage au Congo, André Gide (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Vendredi, 26 Septembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Récits, Voyages

André GIDE (1927-1928), Voyage au Congo suivi de Le Retour du Tchad. Carnets de route, Paris, Folio, 2001. Edition: Folio (Gallimard)

 

Un récit à double détente

Entre juillet 1925 et mai 1926, André Gide a effectué un voyage de près d’un an en Afrique Équatoriale Française, en compagnie de son ami le cinéaste Allégret, de l’embouchure du fleuve Congo au lac Tchad, ce qui représente plus de 3000 kilomètres. La première partie de ce voyage est relatée dans son Voyage au Congo (1927), et la seconde dans Le Retour du Tchad (1928).

Le projet initial de Gide est celui d’un voyage d’agrément, au cours duquel il prend plaisir à observer la faune et la flore africaine. A partir de ses impressions de voyage et de ses carnets de notes, l’auteur produit un récit de voyage qui se donne à voir comme une véritable œuvre littéraire. On y perçoit la grande fascination de Gide face à la nature qu’il observe en Afrique, dans un discours fortement marqué par la subjectivité, et qui est le fruit d’un véritable travail littéraire (pour comparaison, Allégret – qui pour sa part avait pour objectif de réaliser un film documentaire – a lui aussi rédigé un carnet de notes non destiné à la publication – publié à titre posthume [1] sous le titre Carnets du Congo. Voyage avec André Gide, et qui se présente comme un texte plus fragmentaire, plus spontané et moins travaillé sur le plan de l’écriture).

Nouvelle Donne, Mauvais cotons ou comment ne pas filer droit, Collectif (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Lundi, 08 Septembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Nouvelles, L'Harmattan

Nouvelle Donne, Mauvais cotons ou comment ne pas filer droit, 168 pages, L’Harmattan, 2023, 17,50 euros Edition: L'Harmattan

Mauvais cotons ou comment ne pas filer droit est un recueil de nouvelles collectif de 168 pages, publié chez L’Harmattan en février 2023, réunissant neuf auteurs autour de vingt nouvelles, et dont la couverture est illustrée par l’une d’entre eux, Corine Sylvia Congiu. Tous les auteurs font partie du collectif « Nouvelle Donne », dont l’objectif est de promouvoir et de diffuser la nouvelle francophone, d’abord par le biais d’une revue papier jusqu’en 2004, et aujourd’hui via le site nouvelle-donne.net. Les auteurs sont aussi pour la plupart des nouvellistes confirmés, comme en témoignent leurs publications respectives.

Ce groupe d’auteurs n’en est pas à son coup d’essai en termes de recueils collectifs, puisqu’il avait déjà publié en 2020 Le chien attaché au poteau électrique, aux éditions La chambre d'échos. En se lançant dans une seconde aventure collective, le groupe de nouvellistes approfondit des pistes déjà présentes dans le premier recueil, en particulier la dénonciation des multiples conformismes de notre monde contemporain. Entre la parution des deux ouvrages, l’une des membres du collectif, Nathalie Barrié, a disparu : ce second ouvrage lui est dédié.

Oublie les femmes, Maurice, Florent Jaga (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Mercredi, 27 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Oublie les femmes, Maurice, Florent Jaga, Editions Quadrature, 2019, 115 pages, 16 €

 

Florent Jaga ou l’amour vache

Chez Florent Jaga, l’amour n’est pas une sinécure. Dans les couples qui sont au cœur du recueil Oublie les femmes, Maurice, ça se chamaille, ça se déteste, ça se méprise, ça s’étripe, ça cherche de temps à autre à se zigouiller. Et parfois – parfois seulement –, ça se rabiboche.

Les quatorze nouvelles qui forment ce recueil constituent au premier chef une galerie de portraits contemporains d’une agréable causticité. On y croise, entre autres, des filles exhibitionnistes, des pin-up, une belle brochette de frustrés, des voyeurs, un pompier tueur en série, un prêtre amoureux d’une effrontée, et surtout beaucoup de couples déglingués qui se dédaignent ou s’indiffèrent.

Paul Éluard et la pratique du recueil poétique (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Jeudi, 14 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

L’œuvre d’Éluard se compose d’un grand nombre de recueils poétiques. De fait, Éluard a accordé une place importante à la pratique du recueil dans son œuvre poétique. Mais une analyse détaillée des tables des matières des différents recueils montre que l’on retrouve très souvent les mêmes poèmes d’un ouvrage à l’autre. De fait, Éluard n’a cessé de monter et de démonter des recueils, de publier et de republier des textes dans des recueils différents. Or, ce « réemploi » ne constitue pas une simple commodité. Le poète paraît très attentif au contexte dans lequel il publie un poème, à l’influence réciproque que différents textes peuvent avoir les uns sur les autres, ainsi qu’à la polysémie qu’un texte peut acquérir en étant republié dans un autre cadre. Ainsi, la pratique du recueil relève véritablement chez Éluard du travail poétique, et il s’agit d’un versant important de sa démarche de création.