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Lame de fond, Marlène Tissot

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 18 Avril 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, La Boucherie Littéraire

Lame de fond, 74 pages, 12 € . Ecrivain(s): Marlène Tissot Edition: La Boucherie Littéraire

 

« Rien ne dure éternellement, mais tout continue à continuer »

 

Lame de fond a quelque chose du carnet intime que l’on emporte partout avec soi pour y noter nos météos intérieures, sauf que dans Lame de fond, le besoin d’écrire est motivé par un évènement précis : la perte. La perte et l’absence définitive d’un être cher et ce besoin soudain, cette urgence de tout plaquer, pour aller le retrouver sur les lieux qui rallumeront la mémoire. Partir les mains vides avec cette part de soi plus ou moins enfouie que la douleur vient raviver.

Ici l’être cher – mais l’auteur ne le dit pas, on le devine au fil des pages – c’est un grand-père, un grand-père vieux loup des mers adoré, un homme des grands espaces, un homme libre.

« Avec toi, tout est permis. Avec toi, on chahute l’apparence des choses ordinaires, on colorie le monde ».

Double fond, Elsa Osorio

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 14 Mars 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Métailié

Double fond, janvier 2018, trad. espagnol Argentine, François Gaudry, 400 pages, 21 € . Ecrivain(s): Elsa Osorio Edition: Métailié

 

« L’ananké. L’impossibilité d’échapper au destin ».

Nous sommes en 2004, sur la côte bretonne à La Turballe, proche de Saint-Nazaire, un pêcheur a retrouvé le corps d’une femme noyée. On découvre qu’il s’agit de Marie Le Boullec, un médecin apprécié, épouse d’Yves le Boullec, un photographe décédé quelque temps auparavant et issu d’une famille de notables locaux connue et respectée. La thèse du suicide semble la plus évidente et sans doute la plus arrangeante aussi pour cette famille sans histoire qui n’apprécie pas qu’on parle d’elle, si ce n’est pour en faire l’éloge, mais cette thèse ne satisfait pas Muriel, la jeune journaliste chargée d’écrire des articles sur la « femme de La Turballe » dans le journal local, depuis qu’elle a eu une conversation avec le commissaire Fouquet. Outre que le but d’un journal est forcément de capter et conserver l’attention des lecteurs, Muriel a un goût pour l’investigation et la vérité et Fouquet en lui révélant les origines argentines de la noyée, a aussi évoqué des assassinats jamais élucidés pendant la dictature, il la met sur une piste que lui-même, proche de la retraite, ne va pourtant pas creuser. Elle va donc mener sa propre enquête, même si elle ne pourra révéler publiquement toutes ses découvertes et encore moins quand l’affaire sera déclarée classée.

La Nuit des béguines, Aline Kiner

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 27 Février 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions Liana Levi

La Nuit des béguines, août 2017, 340 pages, 22 € . Ecrivain(s): Aline Kiner Edition: Editions Liana Levi

 

Dans le quartier du Marais à Paris, encore parsemé de quelques rares vestiges de l’enceinte médiévale du XIIe siècle, on trouve une rue nommée Ave-Maria, mais au XIVe siècle cette rue s’appelait la rue des Béguines. Aline Kiner y a remonté le temps sur les traces infimes d’un clos disparu et quasi oublié, le grand béguinage royal de Paris, fondé par et sous la protection de Saint-Louis.

« En ce lieu, et dans les quartiers alentours, ont vécu durant près d’un siècle des femmes remarquables. Inclassables, insaisissables, elles refusaient le mariage comme le cloître. Elles priaient, travaillaient, étudiaient, circulaient dans la cité à leur guise, voyageaient et recevaient des amis, disposaient de leurs biens, pouvaient les transmettre à leurs sœurs. Indépendantes et libres ».

Les béguines ne prononcent pas de vœux et n’avaient donc pas à répondre de leurs actes devant une autorité ecclésiastique.

Microfilm, Emmanuel Villin

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 12 Février 2018. , dans La Une Livres, Critiques, Asphalte éditions, Roman

Microfilm, janvier 2018, 192 pages, 16 € . Ecrivain(s): Emmanuel Villin Edition: Asphalte éditions

 

L’atmosphère qui se dégage de microfilm n’est pas sans évoquer le film Brazil, mais la toile de fond c’est Paris, ses quartiers, ses musées, son métro. Centre névralgique du roman : la Place Vendôme, qui n’est clairement pas l’endroit préféré de l’auteur.

Il est évident aussi qu’Emmanuel Villin, en plus d’être amoureux de Paris, est aussi et surtout peut-être un grand cinéphile dont la passion imprègne continuellement le roman. D’ailleurs, microfilm n’est pas sans rapport, puisque le personnage central dont on ne connaîtra jamais le nom est Parisien et figurant de cinéma.

Un homme au « physique quelconque et visage commun ». Un profil neutre apparemment parfait pour être sélectionné par les ordinateurs de Pôle Emploi et embauché par la Fondation pour la Paix Continentale.

Quatre lettres d’amour, Niall Williams

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 06 Février 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Héloïse D'Ormesson

Quatre lettres d’amour, janvier 2018, trad. anglais (Irlande) Josée Kamoun, 395 pages, 20 € . Ecrivain(s): Niall Williams Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Dans ce roman, qui fut le premier pour l’auteur de théâtre Niall Williams, l’écriture est remarquable, un très beau travail de création littéraire, très inventif, très poétique, les mots sont comme une pâte à pétrir chaude sous la plume de l’auteur et la traduction le rend sans doute admirablement bien, mais aurait-on perdu quelque chose dans ce passage entre les deux langues ? Car il y a tellement d’évanescence dans ce roman malgré une intense dramaturgie, comme un paysage de brumes permanentes qui entourerait les personnages et leur vie. Cela aurait-il à voir avec une particularité du climat irlandais ou bien l’auteur nous aurait-il à notre insu fait pénétrer dans une sorte de grand tableau mouvant et évoluant ? C’est difficile à expliquer en tout cas. Le lecteur lit, imagine, mais il y a comme une distance avec le ressenti. Il y a une profusion de détails pourtant, la mécanique des personnages est précise, il y a oui quelque chose de l’horlogerie, la grande horlogerie divine, et d’ailleurs le questionnement sur la place du hasard ou de Dieu dans la destinée des uns et des autres est au centre de la narration qui prend ainsi une évidente dimension métaphysique.