Identification

USA

Freedom, Jonathan Franzen

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 21 Juillet 2013. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Freedom, trad anglais (USA) par Anne Wicke, 718 p. 24€ . Ecrivain(s): Jonathan Franzen Edition: L'Olivier (Seuil)


Quel est l’objet (« objet petit a » dirait Lacan, désignant ainsi l’objet illusoire du désir) de la littérature ? Ou de la lecture pour être plus précis dans le moment de l’acte littéraire. Sempiternelle question de la quête. Mille réponses on le sait, parmi lesquelles, fréquentes, celles de la force des caractères, de la trépidation d’une histoire, de la magie d’une langue, de l’émotion nichée dans les recoins des phrases, en bas de la page 99 (toujours la page 99) et qui vous prend à la gorge parce que tout à coup, vous savez que l’auteur parle de vous, par exemple.

Etrange début pour un papier critique sur un livre. Nécessaire cependant pour expliquer ce qui constitue la collision entre « Freedom » et le déferlement médiatique qui l’a précédé avant son arrivée en France ! Rarement livre ne fut encensé avec tant d’élan outre-Atlantique, avec même couverture du Time ! « Freedom » est LE roman américain d’aujourd’hui peut-on y lire.


Et après la page 199 (pour rire), on se demande pourquoi.

Great Jones Street, Don DeLillo

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 19 Juillet 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Great Jones Street, 304 pages, 22 € . Ecrivain(s): Don DeLillo Edition: Actes Sud

Plus de 30 ans après sa publication, Actes Sud réédite le livre de Don DeLillo, Great Jones Street.

Bucky Wunderlick est une rock-star au sommet de sa gloire. Subitement, il décide d’abandonner son groupe en pleine tournée et de disparaître. Homme public, il aspire à une vie privée et se réfugie dans un petit appartement miteux sur la Great Jones Street du titre, dans l’East Village new-yorkais.

« Tu es sorti de ta légende pour te mettre en quête d’une liberté personnelle ».

Mais personne n’entend le laisser tranquille.

Le « pouvoir » de Bucky augmente. Plus il passe de temps dans l’isolement, moins il fait parler de lui, et plus il existe dans les médias et dans l’esprit du public. Sa présence devient encore plus intense que lorsqu’il arborait son costume de rock-star et écumait les scènes.

Les rumeurs vont bon train. Alors qu’il reste enfermé dans sa chambre à New York, il est aperçu dans différents endroits du monde. Certains l’auraient également vu donner des concerts.

Bucky en vient à changer de statut. Plus qu’une rock-star, Bucky apparaît comme un messie en herbe, un porte-parole, quelqu’un qui pourra donner aux gens du sens à leur vie. On attend de lui qu’il parle, qu’il délivre son message.

Le tueur se meurt, James Sallis

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 09 Juillet 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Roman, Rivages/Thriller

Le tueur se meurt (The killer is dying), traduit de l'anglais (USA) par Christophe Mercier et Jeanne Guyon avril 2013, 264 p. 20 € . Ecrivain(s): James Sallis Edition: Rivages/Thriller

 

Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,
Et d'un grand crucifix décoré seulement,
Où la prière en pleurs s'exhale des ordures,
Et d'un rayon d'hiver traversé brusquement

Charles Baudelaire. Les Phares

 

Baudelaire ici parce que dans ce quatrain est concentré l’univers de ce chef-d’oeuvre noir de James Sallis. Univers de la chute, de l’impiété, du meurtre et du châtiment. The killer is dying dit le titre original. La syntaxe anglaise est plus explicite que la française. Progressive form. C’est bien là le génie de Sallis qui va distiller, instiller, son récit au goutte-à-goutte comme les liquides jaunâtres qui coulent des poches suspendues au-dessus des patients, cassés, blessés, mourants des hôpitaux qui parsèment le chemin de Chrétien. Chrétien, c’est le nom du héros tueur !

Indigne, Alexander Maksik

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 08 Juillet 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Payot Rivages

Indigne (You deserve nothing), traduit de l’anglais par Nathacha Appanah, janvier 2013, 284 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Alexander Maksik Edition: Payot Rivages

 

 

La photo de couverture est, disons, fortement allusive, et la « quat’ de couv’ » explique qu’on va lire l’histoire d’un prof qui « succombe au charme de l’une de ses élèves mineures »…

On se dit, bon, un mixte un peu épicé et rajeuni du Cercle des poètes disparus, et du Noce blanche cher aux admirateurs de Bruno Cremer et de la môme Paradis ?

Faux. C’est autre chose ; c’est un livre qui se mérite, dans lequel on voyage lentement et quelquefois, par vent debout, pas facile malgré ce qu’on croirait un peu vite, nous faisant passer par plein d’impressions de lecteur-passionné, ou agacé, pour – une fois fermée la dernière page – se dire : c’est un bon livre. Comme ces vins, dont on pense, une fois passée la première gorgée, mais seulement là, que derrière, il y a du goût, et qu’il est même intéressant.

Emergency 911, Ryan David Jahn

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 20 Juin 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Roman, Actes Noirs (Actes Sud)

Emergency 911, trad. (USA) par Simon Baril février 2013, 331 p. 22 € . Ecrivain(s): Ryan David Jahn Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Partir avec Ryan David Jahn dans cette poursuite éperdue d’une fille qu’on a arrachée à son père sept ans plus tôt et qu’on croyait morte, est une traversée rugueuse du cœur même de la littérature noire. Jahn nous offre, dans un style toujours aussi nerveux et dense (on se rappelle le « De bons voisins » haletant !) une sorte d’épure absolue du polar, dans une version extrême. Par sa noirceur, son incroyable violence, son scénario élémentaire, Emergency 911 constitue le parfait syntagme du thriller.

Autant en avertir d’emblée les lecteurs sensibles : les scènes de violence de ce roman touche au gore dans sa version « bistouri » ! Dans une débauche de détails horrifiques qui rappellent les ralentis des films de Sam Peckinpah. Le rapprochement d’ailleurs s’impose : simplicité de l’histoire, étirement des scènes violentes, comment ne pas évoquer « Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia » par exemple ?

« Davis fait un bond de côté, mais ça ne suffira pas pour échapper à la balle du deuxième canon, qui l’atteint en plein visage. Il n’a même pas le temps de crier. En une fraction de seconde, son visage se transforme en un masque de sang et de muscles. Des dents et des fragments d’os se répandent dans l’allée derrière lui, à l’intérieur d’un triangle rouge qui s’élargit, comme si sa tête était un sachet de ketchup qu’on avait écrabouillé. »