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La Route, Cormac McCarthy

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 07 Janvier 2014. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Points

La route, roman traduit de l’anglais (USA) par François Hirsch, 2009, 253 pages, 6,80 € . Ecrivain(s): Cormac McCarthy Edition: Points

 

C’est un livre comme on en voit peu, dans une vie


Morceaux choisis :

« Le petit était assis et vacillait. L’homme l’observait de peur qu’il ne bascule dans les flammes. Du pied il dégagea des emplacements dans le sable pour les hanches et les épaules du petit à l’endroit où il allait dormir et il s’assit en le tenant contre lui, ébouriffant ses cheveux pour les faire sécher près du feu. Tout cela comme une antique bénédiction. Ainsi soit-il. Évoque les formes. Quand tu n’as rien d’autre construis des cérémonies à partir de rien et anime-les de ton souffle ».

« Il retourna dans les bois et s’agenouilla à côté de son père. Il était enveloppé dans une couverture comme l’homme l’avait promis et le petit ne le découvrit pas mais il s’assit à côté de lui et se mit à pleurer sans pouvoir s’arrêter. Il pleura longtemps. Je te parlerai tous les jours, chuchotait-il. Et je n’oublierai pas. Quoi qu’il arrive. Puis il se releva et fit demi-tour et retourna sur la route ».

Le dilemme du prisonnier, Richard Powers

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 17 Décembre 2013. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

Le dilemme du prisonnier, traduit de l’Américain par Jean-Yves Pellegrin, août 2013, 500 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Richard Powers Edition: Le Cherche-Midi

 

Au nom du père


Pour comprendre la complexité du troisième roman de Richard Powers, il faut dès le commencement de la lecture s’intéresser au titre de l’ouvrage car il porte en lui toute l’essence de l’œuvre. En effet, « le dilemme du prisonnier » est une expression très connue et qui a fait date dans le monde du jeu et par extension dans l’univers de la politique et de la négociation. Elle a été élaborée par A.W. Tucker. « Le dilemme du prisonnier » désigne une situation de jeux où deux joueurs auraient intérêt à coopérer, mais où de fortes incitations peuvent convaincre un joueur rationnel de trahir l’autre lorsque le jeu n’est joué qu’une fois. Pourtant si les deux joueurs trahissent, tous deux sont perdants. Comprenant la difficulté pour le public de comprendre le principe du jeu, A.W. Tucker l’explique sous la forme d’une histoire : Deux suspects sont arrêtés par la police. Or les policiers n’ont pas assez de preuves pour les inculper, donc ils les interrogent séparément en leur faisant la même offre.

Nocturne, Richard Montanari

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 17 Décembre 2013. , dans USA, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

Nocturne. Cherche-midi. Septembre 2013. Trad (USA) Marion Tissot. 576 p. 21 € . Ecrivain(s): Richard Montanari Edition: Le Cherche-Midi

 

Ce thriller est –paradoxalement – un vrai moment de récréation. Montanari a choisi, contrairement à ses romans précédents noirs et proches du cauchemar, de venir sur les terres d’écrivains qui ont peuplé, pour certains d’entre nous, les lectures de détente. Le souvenir de Ed McBain, par exemple, revient souvent à cette lecture. Ed Mc Bain, vous connaissez ? Celui du 87ème district, de Steve Carella, d’Isola ? La vie quotidienne de flics dans la trame d’affaires multiples qui se croisent et se dénouent.

Montanari ne s’est pas pris la tête avec ses deux personnages principaux. Deux flics, un homme et une femme. Pas de grands états d’âme, pas de plongée abyssale dans les méandres psychologiques des enquêteurs, pas de policiers véreux ou ambigus. Rien de tout cela. Xxx et xxx font leur boulot, s’entendent bien entre eux et avec leurs collègues, montrent une humeur égale et une perspicacité toute professionnelle face au tueur en série – oui il en faut bien un avec Montanari – qui décline son bestiaire sanglant en toute sérénité. Ils sont flics, donc fonctionnaires de la morosité d’une cité, quand ils ne sont pas héros de cauchemars.

Driven, James Sallis

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Décembre 2013. , dans USA, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Rivages/noir

Driven. Rivages/noir. Trad. (USA) Hubert Tézenas. Septembre 2013. 175 p. 7,15 € . Ecrivain(s): James Sallis Edition: Rivages/noir

 

Le Pilote* n’est pas mort. Bonne nouvelle pour les lecteurs de Drive (et aussi pour les spectateurs du très beau film de Nicolas Winding-Refn). Il a refait sa vie à Phoenix, s’est marié, voudrait tant rentrer dans l’ombre, se faire oublier. Mais que serait la tragédie sans le destin inexorable ? Un piètre drame.

James Sallis nous ramène d’entrée à la fatalité. Elsa, l’épouse du pilote, est tuée à la première page. Et ses tueurs traquent le pilote tout au long de ce bref opus. Bref, mais comme toujours avec Sallis, infini. James Sallis ne connaît pas la finitude : il raconte des histoires intemporelles dans un style qui est l’épure même du genre. Il renoue avec la scène grecque antique en condensant dans ses récits les syntagmes de la condition humaine dans son versant le plus noir.

Aucun élément narratif n’est limité à son temps, toujours rattaché à l’éternité. Comme les tags par exemple !

«  … nous nous démenons tous pour laisser des traces derrière nous, des signes de notre présence ici, de notre passage. Et que les marques comme celle-là, ou les graffitis qui foisonnaient sur les murs, les immeubles et les ponts autoroutiers étaient des équivalents urbains des peintures rupestres. »

Fragments, Marilyn Monroe

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 02 Décembre 2013. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Nouvelles, Points

Fragments, édité par Stanley Buchthal et Bernard Comment, traduit (USA) par Tiphaine Samoyault, postface de Antonio Tabucchi, 269 p. 12 € . Ecrivain(s): Marilyn Monroe Edition: Points

 

Fragments réunit les inédits de Marilyn Monroe, textes écrits entre 1943 et 1962. Le titre de l’ensemble est bien choisi, pour ce qui est de l’essentiel de l’ouvrage. Sont en effet photographiées et reproduites des notes écrites « çà et là », – puisqu’il s’agit tout aussi bien de feuillets arrachés, de billets, d’enveloppes ou encore de pages de répertoire. Et ces notes ont, la plupart du temps, une allure fragmentaire, semblant grignotées par le silence, le mépris de soi, la peur, grandissante, monstre de peur.

Car, si l’on peut se poser la question de l’intérêt qu’il y a à réunir ainsi des fragments et à leur donner la forme – fallacieuse eu égard à leur origine et à leur élan – du livre, cette question cesse aussitôt d’insuffler son rythme dans la conscience lorsque l’on prend en considération la façon qu’ont ces écrits, si lapidaires soient-ils, de jeter une lumière – forte, crue – sur la personnalité de Marilyn Monroe, ces fragments relevant « aussi bien de la confidence, de l’observation, de l’automotivation, de l’introspection que d’un volontarisme tantôt pratique et quotidien, tantôt disciplinaire ».