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Aucun homme ni dieu, William Giraldi

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 23 Avril 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Autrement

Aucun homme ni dieu (Hold the dark). Traduit de l’américain par Mathilde Bach. Mars 2015. 310 p. 19 € . Ecrivain(s): William Giraldi Edition: Autrement

 

« Notre vie est un voyage

dans l’hiver et dans la nuit

nous cherchons notre passage

dans ce ciel où rien ne luit »

 

C’est à un voyage glacial et sombre que William Giraldi nous convie. L’espace – aux confins de l’Alaska – le cœur de ses étranges habitants, les affreux événements, le poil des loups, tout est noir comme la nuit la plus profonde. Pas une lueur. On pense souvent à ces paroles d’une chanson des grognards de Napoléon qui ouvrent le « Voyage au bout de la nuit » de Céline, cités ici en épigraphe.

Au lac des bois, Tim O’Brien

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 16 Avril 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallmeister

Au lac des bois, mars 2015, traduit de l’Américain par Rémy Lambrechts, 310 pages, 11 € . Ecrivain(s): Tim O’Brien Edition: Gallmeister

 

When it all falls apart


Les lecteurs assidus connaissent le nom de Tim O’Brien, écrivain américain qui a écrit des proses célèbres sur la guerre du Viêtnam. Son plus grand roman au titre percutant, Si je meurs au combat. Mettez-moi dans une boîte et renvoyez-moi à la maison, révèle toute l’ampleur et le traumatisme de cette guerre. Au lac des bois n’est pas seulement un roman sur un couple en crise car c’aurait été trop stéréotypé pour un auteur de son envergure. Tim O’Brien choisit un angle d’attaque plus complexe et plus ambigu : il offre au lecteur une histoire qui semble inachevée et à tiroirs. Ainsi, venus se reposer dans ce lieu calme et apaisant – et ce n’est que l’apparence – après une cuisante défaite politique, les Wade sont seuls, coupés du monde. Ils vivent en autarcie, en huis-clos et c’est peut-être pour cela que la tragédie arrive.

Price, Steve Tesich

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 09 Avril 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Monsieur Toussaint Louverture

Price, août 2014, trad. de l’Américain par Jeanine Hérisson, 537 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Steve Tesich Edition: Monsieur Toussaint Louverture

 

« Et soudain, l’été »

Daniel Price vient d’avoir dix-huit ans. Il va terminer ses études secondaires et avoir son diplôme. Cependant, il a perdu son combat de lutte. De ce fait, il n’aura pas la bourse universitaire qui lui aurait permis de quitter East Chicago. L’été est là et Daniel ainsi que ses deux amis de lycée déambulent dans les rues de cette ville ouvrière sans savoir encore ce que l’avenir leur réserve. Mais ceci n’est que de courte durée : l’agonie puis la mort de son père, sa rencontre avec la mystérieuse et indécise Rachel vont définitivement faire basculer Daniel dans la vie adulte…

Price est un roman fait de bruits et de fureurs. C’est la fureur de vivre et d’aimer avant que le destin ne s’en mêle pour tout détruire. C’est le temps des serments inutiles, des amitiés fragiles. Le lecteur suit les déconfitures de Daniel et voit dans sa souffrance l’amorce d’une destinée hors du commun : le roman s’achève sur une note d’espoir, un changement d’identité permettant peut-être au jeune homme dépouillé de ses rêves de devenir écrivain. Mais pas avant l’événement cathartique.

Mémoires d'un bon à rien, Gary Shteyngart

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 02 Avril 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Mémoires d’un bon à rien (Little Failure). Traduit de l’américain par Stéphane Roques Mars 2015. 396 p. 23,50 € . Ecrivain(s): Gary Shteyngart Edition: L'Olivier (Seuil)

Commençons par l’essentiel : Gary Shteyngart est un grand écrivain. On le savait déjà depuis son premier roman jusqu’à « Une super triste histoire d’amour » mais là, avec ces « mémoires » (qui sont de vraies mémoires), notre new yorkais signe une œuvre majeure, de l’étoffe de celles qui vont compter dans la littérature américaine.

Le temps donc. L’auteur va nous emmener dans son enfance, son adolescence, sa maturation d’homme et d’écrivain. Et la matière ne manque pas pour faire souffler des accents d’épopée. Nous allons le suivre non seulement dans ses étapes de vie mais surtout dans de véritables métamorphoses : culturelles, identitaires, psychiques, linguistiques, et même physiques.

La Russie d’abord (alors URSS, au temps de la naissance de l’auteur), terre matricielle, terre des ancêtres, terre aimée et crainte, attachante et meurtrière. La famille Shteyngart a subi, comme toutes les familles juives de Russie, les souffrances du peuple juif soumis à l’antisémitisme, à la pauvreté. Elle a subi en plus, les souffrances du peuple russe, ses guerres et ses révolutions. Le trio central de la famille Shteyngart, le père, la mère et le petit Igor (oui Igor, Gary ne viendra que plus tard, on vous l’a dit « métamorphoses ») est le produit parfait de cette histoire : vivant en diable, pansant tant bien que mal ses douleurs, et surtout étonnant d’énergie. Seul le petit Igor est souffreteux, asthmatique, craintif, timide.

Silo, Hugh Howey

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 26 Mars 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Babel (Actes Sud)

Silo, novembre 2014, traduit de l’anglais (USA) par Yoann Gentric et Laure Manceau, 622 pages, 9,90 € Edition: Babel (Actes Sud)

Silo est un roman d’anticipation (le premier tome d’une trilogie déjà publiée par Actes Sud dans la collection Exofictions en 2013-2014 et qui passe donc là en version poche). C’est aussi au départ une autoédition via amazon qui a fait donc blockbuster comme on dit en jargon outre-Atlantique, mais il n’est pas difficile d’admettre que quand on est entré dans Silo, on ne peut plus en sortir. Les plus de 600 pages nous tiennent en haleine, si bien qu’on ne focalise pas sur quelques défauts qui pourraient venir se glisser dans la trame. A vrai dire, on peut chipoter, trouver quelques facilités, incongruités, mais l’ensemble est juste vraiment prenant et le principal moteur ici pour poursuivre la lecture et le plaisir quasi enfantin, au sens noble sens du terme, qu’on y prend.

Le silo semble être le dernier lieu habité de la Terre, dont l’atmosphère suite à on ne sait quelle apocalypse est devenue totalement irrespirable. Dans ce silo immense, des générations se sont succédé, en totale autonomie énergétique et très organisées. Chacun y a sa fonction mais ça ne semble pas contraignant au premier abord. La procréation y est sous contrôle, tout est sous contrôle, sous la supervision d’un maire, un shérif et son adjoint. 130 étages, un seul escalier central en acier et des mines encore plus bas, le tout enterré.