Avant même d’ouvrir Six Jours (All Involved : A Novel of the 1992 L.A. Riots, titre autrement plus significatif), le premier roman de Ryan Gattis traduit en français, de multiples indices mènent à l’idée qu’on va être confronté à quelque chose de costaud. Il y a le soutien d’autres écrivains, et pas des moindres : Joyce Carol Oates, David Mitchell et Dennis Lehane ; mais on sait que pareil soutien peut se monnayer, ou s’échanger… Il y a plus concret : la chaîne HBO et le producteur Alan Ball ont acheté les droits en vue d’une adaptation télévisuelle, ce qui laisserait à penser que le matériau narratif proposé par Gattis est à tout le moins solide. Et puis il y a l’argument ultime, le gage d’authenticité parfait pour tout qui s’intéresse à la culture populaire nord-américaine : sur le site de l’auteur, à la page dédiée à Six Jours, se trouve la playlist du roman, et là, on se dit que s’il y est bien question des Supremes, des Temptations, de Bill Haley, de Toots & The Maytals, de Cypress Hill et bien d’autres encore, en ce compris des bandes originales de films signées John Williams (plus particulièrement sur la « bombing mixtape » de Freer, l’une des voix du roman – on y reviendra), ce roman va parler de vrais gens, de ceux qui vivent avec de la musique en fond sonore constant, pour qui elle signifie quelque chose, et sans laquelle manquerait une part essentielle de leur personnalité.