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Kirinyaga, Mike Resnick

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 02 Octobre 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Roman, Denoël

Kirinyaga, juin 2015, trad. de l’anglais (USA) par Olivier Deparis et Pierre-Paul Durastanti, 416 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Mike Resnick Edition: Denoël

 

Qu’ont en commun Les Seigneurs de l’Instrumentalité, L’Histoire du Futur, Chroniques Martiennes, Fondation, et Demain les Chiens ? Ce sont des romans de science-fiction dont chaque chapitre peut être lu comme une nouvelle indépendante des autres, autrement dit des fix-up, technique que ce genre semble le seul à avoir développé, technique dont s’est servi Mike Resnick (1942) pour son déjà multi-primé Kirinyaga, réédité augmenté de la longue novella Kilimandjaro.

Kirinyaga est le nom donné par les Kikuyus au mont Kenya ; c’est aussi le nom de leur « utopie », un planétoïde en orbite autour de la Terre terraformé de façon à ressembler aux savanes sèches sur lesquelles ce peuple élevait ses troupeaux et cultivait ses champs il y a de ça longtemps – puisque l’action débute, dans la nouvelle-prologue, en 2123, le jour où Koriba, futur mundumugu (un rôle à mi-chemin entre le prêtre et le sorcier) de Kirinaya, quitte un Kenya devenu à ses yeux européen pour rejoindre son peuple renouvelé.

Rouge Paris, Maureen Gibbon

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 12 Septembre 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Christian Bourgois

Rouge Paris, octobre 2014, traduit de l’Américain par Cécile Deniard, 280 pages, 20 € . Ecrivain(s): Maureen Gibbon Edition: Christian Bourgois

 

L’auteure affiche en exergue : Il ne suffit pas d’être exact pour être juste (Shirley Hazzard). Rien ne peut en effet mieux correspondre à son livre, donnant une ouverture – une fenêtre – d’une rare pertinence sur le milieu des artistes peintres français à la fin du XIXème siècle. Et ce roman/récit, de s’inscrire de ce fait dans l’originalité et le décrire-vrai qui séduit et marque le lecteur, bien autant qu’une page d’Histoire.

Paris – les quartiers des ateliers des peintres pas toujours riches ; ceux des chambrettes sans confort des modèles – petites ouvrières, en quête de bouclage de fin de mois. Un peintre qu’on connaît tous : Edouard Manet ; une jeune femme qu’on connaît moins : Victorine Meurent, qui fut son principal modèle et bien davantage. Sujet au demeurant intéressant, classique, informatif ; documentaire alléchant sur ces faces B des chefs d’œuvre… si cela avait été traité à « la traditionnelle ». Mais, à la Maureen Gibbon, c’est tellement autre chose !

Orféo, Richard Powers

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 11 Septembre 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

Orféo, août 2015, traduit de l’américain par Jean-Yves Pellegrin, 426 pages, 22 € . Ecrivain(s): Richard Powers Edition: Le Cherche-Midi

 

Le temps où nous composions...

Dans une tranquille petite ville américaine, un vieil homme, Peter Als, compositeur et passionné de musique classique profite de sa retraite pour s’adonner à sa passion préférée : la chimie et l’étude des structures de l’ADN. Cet intérêt a tout à voir avec la musique car la chimie est pour Peter une partition de musique. L’étudier c’est déchiffrer les notes secrètes et mélodieuses de l’atome. Cependant, des événements tragiques extérieurs vont faire irruption dans la vie solitaire et tranquille du septuagénaire. Soupçonné d’actes terroristes, Peter Als devient la proie du gouvernement fédéral. Il est traqué. Face au désarroi et aussi à l’incompréhension de son monde devenu ultra sécuritaire, il fuit et commence alors un voyage à travers l’Amérique…

Orfeo renoue avec les thèmes de prédilection de Richard Powers. En effet, l’auteur a toujours souligné son intérêt pour la science et la musique. Il met en exergue l’impact de ces domaines dans la vie et les agissements de ces personnages. Ainsi, nous a-t-il donné par le passé de magnifiques romans tels que La chambre aux échos et Le temps où nous chantions. Il ne cesse de suivre la trajectoire individuelle de ses protagonistes et de leurs choix pris dans les tourments de la vie.

Seul contre Osbourne, Joey Goebel

Ecrit par Grégoire Meschia , le Mardi, 08 Septembre 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Héloïse D'Ormesson

Seul contre Osbourne, mai 2015, traduit de l’anglais (USA) par Samuel Sfez, Editions 384 p., 22€. . Ecrivain(s): Joey Goebel Edition: Héloïse D'Ormesson

 

En faisant le récit à la première personne de la journée d’un élève de dernière année du lycée Osbourne, qui se situe dans la ville fictive de Vandalia (1), Kentucky (Etat où a grandi l’auteur), Joey Goebel dresse un portrait au vitriol de la société et de la culture étatsuniennes. Le lecteur vit huit heures, minute par minute, dans la peau de James Weinbach, lycéen exclu et misanthrope. Alors que son père déjà âgé vient de mourir pendant les vacances, le voilà de retour au bagne pour une journée pas comme les autres. Construit sur un scénario bien ficelé, ce roman se lit de longue haleine et lance un cri d’alerte face à la superficialité du monde.

Le personnage du jeune homme mélancolique et passionné de littérature peut rappeler le narrateur de The Perks of Being a Wallflower (2). James ne ressemble pas aux autres lycéens : il s’habille en costume et se fait remarquer pour sa politesse. Cela fait de lui un marginal dans la jungle du lycée : il appartient au groupe des uncool, ceux qui ne sont pas intégrés à la masse dominante.

La Colline des Potences, Dorothy M. Johnson

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 01 Septembre 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Gallmeister

La Colline des Potences, juin 2015, trad. de l’américain par Lili Sztajn, 301 pages, 10 € . Ecrivain(s): Dorothy M. Johnson Edition: Gallmeister

Regardez une photo de Dorothy M. Johnson (1905-1984) : il s’agit d’une honorable et américaine grand-mère à lunettes, dont la chevelure est sculptée d’impeccable façon, comme ça se faisait durant les années cinquante ou soixante ; on l’imagine auteur de romans à l’eau de rose. Ouvrez un livre de Dorothy M. Johnson, et voici qu’apparaît un tout autre univers narratif : la sauvagerie de l’Amérique de la Frontière se révèle, vous entrez de plain-pied dans un monde d’hommes rudes habiles avec un Colt ou un lasso à la main, et pourtant disposés à déposer leur cœur aux pieds d’une femme assez courageuse pour mener la vie des pionniers ; vous avez l’impression de lire les romans des films diffusés le mardi soir sur FR3 durant La Dernière Séance chère à Eddy Mitchell. D’ailleurs, ce n’est probablement pas qu’une impression : la longue nouvelle La Colline des Potences, extraite du recueil du même titre (1957), fut adaptée pour le cinéma en 1959, avec Gary Cooper dans le rôle masculin principal, et rien n’interdit de supposer que ce film eut les faveurs d’Eddy Mitchell durant les années quatre-vingt. D’ailleurs, pour en finir avec les rapports entre Dorothy M. Johnson et le cinéma, il n’est que d’ajouter qu’elle co-écrivit le scénario d’Un Homme Nommé Cheval (1970) et qu’une autre de ses nouvelles s’intitule The Man Who Shot Liberty Valance (1953), et on a plus ou moins fait le tour de la question.