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Landfall, Ellen Urbani

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 11 Mai 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallmeister

Landfall, mars 2016, trad. américain Juliane Nivelt, 298 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Ellen Urbani Edition: Gallmeister

 

Il faut le dire d’emblée, Landfall est un premier roman réussi à différents titres. La quatrième de couverture le présente comme un « roman haletant qui présente le destin croisé de deux jeunes filles ». Ces deux appréciations se révèlent judicieuses quand on entre immédiatement dans le livre. D’un chapitre à l’autre, l’envie de connaître la suite fait qu’on ne lâche pas facilement le volume, tant cette façon d’offrir aux personnages une épaisseur avec la narration progressive de leur histoire est captivante.

Deux femmes roulent en direction de la Nouvelle-Orléans pour porter secours aux sinistrés de l’ouragan Katrina. Nous sommes en septembre 2005, Rose, dix-huit ans, et Gertrude, sa mère, ont des rapports conflictuels comme dans beaucoup de familles. « Bien que Rose eût depuis longtemps oublié les contours du corps de Gertrude, elle soutenait, comme le font beaucoup de filles à dix-huit ans, qu’elle savait tout ce qu’il y avait à savoir sur sa mère. Tu es tellement prévisible ! lâchait-elle avec mépris lorsqu’elle était agacée, reprochant avant tout à Gertrude d’être aussi immuable ».

Injection mortelle, Jim Nisbet

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 28 Avril 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Rivages/noir

Injection mortelle (Lethal Injection), janvier 2016, trad. américain Freddy Michalski, 269 pages, 8 € . Ecrivain(s): Jim Nisbet Edition: Rivages/noir

 

Les trois premiers chapitres de ce livre vont vous poursuivre longtemps. Leur noirceur, leur violence et – malgré tout – leur bouleversante humanité sont de ces moments de littérature qui entrent dans le panthéon imaginaire des lecteurs. Ils constituent aussi la matrice narrative qui va déployer les lignes de tension de tout le roman : la culpabilité, la quête de rédemption, le châtiment.

Bobby Mencken est au bloc des condamnés à mort. Il attend. C’est imminent. Le prêtre est là, qui radote. Bobby s’en fiche. Il regarde son seul ami dans sa cellule : un cafard.

« Le cafard se tenait là avec ses six bas carmins et son fuselage zébré, à jouer de ses antennes, comme s’il battait la mesure de la prière qui descendait sur lui des hauteurs des cintres, presque comme un acteur sur sa scène, où les jambes noires du prêtre seraient les tentures d’une chapelle funéraire. Matilda le cafard, petite maîtresse du temps et de l’espace, qui savait aller et venir en ces lieux à son gré, témoignage d’un idéal de survie élégante et sans effort ».

Délivrance, James Dickey

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 26 Avril 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallmeister

Délivrance, trad. de l’américain par Jacques Mailhos, 309 pages, 11,00 € . Ecrivain(s): James Dickey Edition: Gallmeister

 

Publié en 1970, Délivrance est un des romans américains qui a su le mieux mettre en perspective la sauvagerie enfouie au sein de chaque homme civilisé, la civilisation étant par essence frustrante, placé qu’il est sous le signe de Georges Bataille, dont une citation sert d’épigraphe : « Il existe, à la base de la vie humaine, un principe d’insuffisance ». A quasi un demi-siècle de distance, la plus connue des œuvres signées James Dickey (1923-1997) est toujours aussi percutante, à l’image du chef-d’œuvre qu’en a tiré John Boorman dès 1972 ; ce dernier, dans une interview récente au Guardian, disait en substance à propos de son film favori parmi son œuvre : « ce classique de 1972 parvient à être à la fois physique et mystérieux, brutal et nuancé » ; on pourrait en dire autant du roman de Dickey.

D’autant qu’en français, il se voit offrir une seconde jeunesse au format poche dans la traduction de Jacques Mailhos, plus souple que celle de Pierre Clinquart ; on peut donc s’y replonger et replonger dans les ressentis d’Ed Gentry, graphiste de son état et un des quatre citadins en mal d’aventure à se risquer sur la rivière Cahulawassee au milieu du mois de septembre.

Mon ennemi mortel, Willa Cather

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 21 Avril 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages poche

Mon ennemi mortel (My mortal enemy, 1927), février 2016, trad. américain Marc Chénetier, 101 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Willa Cather Edition: Rivages poche

 

Ce petit roman est un grand moment littéraire. Willa Cather est certes une (grande) auteure américaine, mais ici, elle se joue de la littérature anglo-saxonne pour épouser l’univers, les personnages, le style de nos grands nouvellistes français. Comment ne pas penser à Maupassant, mais aussi à Mérimée, Sand, Flaubert, et encore (surtout ?) Barbey D’Aurevilly, en lisant cette délicieuse histoire tissée autour d’un portrait de femme étonnant. On peut y ajouter, pour ne pas être trop chauvin, un air de Stefan Zweig.

Tous ces « parrainages » littéraires n’amoindrissent en rien l’originalité de Willa Cather. Son écriture d’abord, d’un naturel sans aucun maniérisme, même quand elle use de formes grammaticales doucement surannées (et bellement relayées par la traduction fluide de Marc Chénetier). Ainsi, la description physique des personnages – ici du personnage central – par exemple, détaillée à l’extrême et très « Vieux Monde » :

Madison Square Park, Abha Dawesar

Ecrit par Zoe Tisset , le Jeudi, 21 Avril 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman, Héloïse D'Ormesson

Madison Square Park, avril 2016, trad. anglais Laurence Videloup, 336 pages, 21 € . Ecrivain(s): Abha Dawesar Edition: Héloïse D'Ormesson

 

« Cela fait presque cinq ans que je vis à New York avec un blanc dans une seule pièce et mes parents ne sont pas au courant ; ils espèrent encore me voir épouser un gars du pays qu’ils auront choisi. Je me sens plus éloignée d’eux que je ne le suis de l’Inde. Je frissonne ». Uma est enceinte, elle va être mère, mais s’est-elle dégagée de l’emprise d’un couple de parents, plus que batailleurs ? « Je raccrochai aussi au nez de mon père. Je le revoyais en train de frapper ma mère au visage ; la revoyais, elle, tombant violemment en arrière, obligée d’amortir sa chute en se protégeant de son bras malade, celui qu’il lui avait déjà cassé. Et le lendemain, il agissait comme si tout était normal ». Uma est encore une petite fille en même temps qu’une femme. Deux récits et deux temps s’entremêlent dans ce livre, il y a le présent et ce qui fut l’enfance et l’adolescence d’Uma. L’enfant qui s’annonce oblige celle-ci à choisir les points d’union et de désunion entre ces deux temps. Quoi qu’il en soit, elle ne peut plus scinder sa vie en deux, à l’image de ces deux téléphones qu’elle possède, un pour Thomas et les amis et un autre pour ses parents.