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Une vie en mouvement, Misty Copeland

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 17 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Christian Bourgois

Une vie en mouvement, mai 2016, 338 pages, 18 € . Ecrivain(s): Misty Copeland Edition: Christian Bourgois

 

Une vie en mouvement raconte la réussite prodigieuse de Misty Copeland, première danseuse étoile, qui tout en intégrant tardivement, à l’âge de treize ans, un petit studio de danse classique, va se révéler être un véritable prodige, d’autant plus extraordinaire qu’elle est la première jeune fille Afro-américaine à être admise à l’American Ballet Théâtre. « Le ballet fut longtemps le domaine des Blancs et des riches » dira-t-elle.

C’est au prix d’un travail acharné, en plus d’un talent indéniable et d’une réelle vocation, travaillant sans relâche sa technique, menant en parallèle une vie familiale compliquée, qu’elle deviendra par exemple la première femme noire dans le rôle emblématique du ballet de Stravinsky, où elle sera l’Oiseau de feu.

Issue d’une famille très modeste dont la mère « belle comme Mariah Carey » collectionne les amants, déménageant sans cesse, elle vit au milieu d’une fratrie nombreuse mais toujours joyeuse. Malgré la pauvreté des moyens, la joie, les cris et les rires emplissaient sa vie avant qu’on ne la révèle.

A la lumière de ce que nous savons, Zia Haider Rahman

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 09 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Christian Bourgois

A la lumière de ce que nous savons (In the light of what we know), mars 2016, trad. anglais Jacqueline Odin, 515 pages, 25 € . Ecrivain(s): Zia Haider Rahman Edition: Christian Bourgois

 

 

Un pavé, mais un pavé en or !

Ce roman, qui n’est pas qu’un roman, le premier de Zia Haider Rahman, situe son auteur, d’emblée, parmi les maîtres du genre.

Le narrateur est anglais, fils de Pakistanais musulmans émigrés très aisés, héritiers eux-mêmes d’une « célèbre famille terrienne » et de riches industriels et armateurs du Pakistan. Les parents se sont installés, fort bien installés même (le père est professeur à Oxford, la mère est psychothérapeute) et totalement intégrés dans la société anglaise après avoir vécu aux Etats-Unis. Il se présente au début du roman comme « issu d’un milieu privilégié » et parle sans complexe de sa propre réussite professionnelle dans le domaine de la finance.

Le Vieux Saltimbanque, Jim Harrison

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 06 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Flammarion, La rentrée littéraire

Le Vieux Saltimbanque (The Ancient Minstrel), trad. américain Brice Matthieussent septembre 2016, 148 pages, 15 € . Ecrivain(s): Jim Harrison Edition: Flammarion

 

Il se trouvera sûrement quelques pisse-froid pour dire que ce dernier opus de Maître Jim n’est pas un chef-d’œuvre. Peut-être que ce n’en est pas un, mais c’est un pur moment de bonheur et c’est déjà beaucoup. Big Jim nous dit adieu comme nous l’avons toujours connu : joyeux, débonnaire, exubérant. On peut dire, en paraphrasant La Palisse, que Jim Harrison, quelques semaines avant sa mort, était toujours vivant. Et quelque chose nous dit que, même après sa mort, il le sera encore. Lui, qui répétait à l’envi que ce qu’il craignait de la mort était de ne plus boire de bons vins, va certainement s’organiser pour, au moins, écrire encore. Il nous le dit d’ailleurs : « Peut-être qu’on radotera encore dans notre cercueil ».

Le Vieux Saltimbanque est une sorte d’autobiographie. Mais avec Big Jim rien n’est comme d’habitude. Son narrateur parle à la troisième personne. « J’ai décidé de poursuivre mes mémoires sous la forme d’une novella. A cette date tardive, je voulais échapper à l’illusion de réalité propre à l’autobiographie ». Il faut dire que le vieux Jim est pour le moins secoué par son entourage quand il annonce son projet lors d’un dîner de famille !

Au bonheur des îles, Bob Shacochis

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 06 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Gallmeister

Au bonheur des îles, janvier 2016, trad. américain Sylvère Monod et François Happe, 336 pages, 9,60 € . Ecrivain(s): Bob Shacochis Edition: Gallmeister

 

Ce doit être une manie américaine : quand on vit une expérience, quand sa vie se passe à un certain endroit, à un certain moment, quand on assiste à certains événements, au lieu de se livrer au pénible exercice de l’autofiction, cette littérature voyeuriste même pas marrante dans ses perversions, on écrit un grand roman ou au moins une poignée de nouvelles tout à fait fréquentables. Ainsi donc de Bob Shacochis (1951) qui, après avoir voyagé dans les Caraïbes, surtout les Grenadines, avec le Peace Corps, en a tiré la matière de son premier recueil de nouvelles, Au bonheur des îles (Easy in the Islands, 1985), dont les éditions Gallmeister proposent la première traduction intégrale (la précédente chez Gallimard était amputée de quatre nouvelles).

Les neuf nouvelles ici recueillies sont donc autant de tranches de la vie telle qu’on la vit dans les Caraïbes, surtout dans ces petites îles qui semblent autant de miettes jetées sur la voie maritime entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, des Bahamas à la Grenade, avec des références appuyées à Cuba et à la Jamaïque – entre autres, par l’omniprésence du reggae, bande-son insistante parfois remplacée par le calypso (Lord Short Shoe Veut le Singe).

Une Nuit d’Eté, Chris Adrian

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 02 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Albin Michel

Une Nuit d’Eté, janvier 2016, trad. anglais (USA) Nathalie Bru, 464 pages, 25 € . Ecrivain(s): Chris Adrian Edition: Albin Michel

 

 

Chris Adrian (1970) fait partie de la nouvelle garde littéraire américaine : adoubé par The New Yorker en 2010, il a vu son troisième roman, The Great Night (2011), accueilli par de nombreuses louanges des deux côtés de l’Atlantique (The Guardian allant jusqu’à qualifier Adrian de « romancier le plus extraordinaire de notre temps ») ; celui-ci fait aujourd’hui l’objet d’une (très bonne) traduction en français, l’occasion idéale de juger sur pièce. Et force est de convenir que, à quelques passages près, Adrian ne peut que convaincre le lecteur par sa collision magnifique entre le réalisme et le féerique, entre la petitesse des vies et la grandeur des rêves. Car si le roman est vendu comme une réécriture du Songe d’une Nuit d’Eté de Shakespeare, il s’agit plutôt de la rencontre, dans le Buena Vista Park de San Francisco, entre le petit peuple des fées, dirigé par Obéron et Titiana, et une poignée de mortels, dont trois principaux, avec ce que cette interaction peut donner de littéralement fantastique.