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Ceci n’est pas une histoire d’amour, Mark Haskell Smith

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 22 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages

Ceci n’est pas une histoire d’amour (The Raw), juin 2016, trad. américain Julien Guérif, 316 pages, 22 € . Ecrivain(s): Mark Haskell Smith Edition: Rivages

 

Le premier sourire que provoque ce roman tient dans son titre. L’original : « Raw » devient dans sa version éditoriale française : « ceci n’est pas une histoire d’amour ». On peut difficilement faire plus d’éloignement, autant en longueur que par le sens, raw, en américain, signifiant brut (à entendre au sens de « nature », « brut de décoffrage »). Le chroniqueur ici a un faible pour le titre français tant il laisse entendre le délire de cette histoire aussi ahurissante que drôle. Et, par ailleurs, ce livre n’est pas une histoire d’amour, mais pas du tout, même s’il finit en road movie de couple, à la façon de Bonnie and Clyde. Mais quel couple !

Mark Haskell Smith s’amuse et nous amuse. Tout y passe, la critique littéraire (mais oui) bon chic bon genre des revues new-yorkaises, la téléréalité racoleuse et vulgaire, le star system qui fabrique des livres écrits par des ghost writers (« nègres » dit-on curieusement en France), et, au passage, quelques coups de griffe à des écrivains à succès médiatique.

Terre, David Brin

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 21 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Roman

Terre, éd. Milady, janvier 2016, trad. anglais (USA) Michel Demuth, revu et corrigé par Tom Clegg, 920 pages, 12,90 € . Ecrivain(s): David Brin

 

Lire de la science-fiction dans sa variante anticipation proche, quand on s’intéresse à l’histoire du genre, revient dans les faits et la plupart du temps à lire des uchronies : l’an 2000 dans la science-fiction des années cinquante ou soixante est ainsi plutôt éloigné de ce que l’on a pu vivre ou vit encore aujourd’hui. Mais ça fait partie des charmes du genre, et tant pis si en 2001 aucune mission spatiale n’est partie à la rencontre d’un parallélépipède noir absorbant la lumière du côté de Jupiter… Donc, on (déc)ouvre Terre, le septième roman de l’auteur et scientifique américain David Brin (1950), publié en 1990, avec une relative appréhension : sa vision de 2038 est-elle encore plausible aujourd’hui, le lecteur ne risque-t-il pas de se lasser de l’histoire parce que les innovations proposées lui semblent tout à fait erronées voire dépassées (ou tellement farfelues qu’elles feraient rire aux éclats – ça arrive, et nous tairons les titres par charité) ? Globalement, la réponse est négative, tout reste plausible dans ce roman, malgré quelques exagérations que l’auteur lui-même revendique dans une postface intelligente ; ainsi, la montée du niveau des mers due au réchauffement climatique a été amplement exagérée – mais cela sert le propos narratif, nous y reviendrons.

Une vie en mouvement, Misty Copeland

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 17 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Christian Bourgois

Une vie en mouvement, mai 2016, 338 pages, 18 € . Ecrivain(s): Misty Copeland Edition: Christian Bourgois

 

Une vie en mouvement raconte la réussite prodigieuse de Misty Copeland, première danseuse étoile, qui tout en intégrant tardivement, à l’âge de treize ans, un petit studio de danse classique, va se révéler être un véritable prodige, d’autant plus extraordinaire qu’elle est la première jeune fille Afro-américaine à être admise à l’American Ballet Théâtre. « Le ballet fut longtemps le domaine des Blancs et des riches » dira-t-elle.

C’est au prix d’un travail acharné, en plus d’un talent indéniable et d’une réelle vocation, travaillant sans relâche sa technique, menant en parallèle une vie familiale compliquée, qu’elle deviendra par exemple la première femme noire dans le rôle emblématique du ballet de Stravinsky, où elle sera l’Oiseau de feu.

Issue d’une famille très modeste dont la mère « belle comme Mariah Carey » collectionne les amants, déménageant sans cesse, elle vit au milieu d’une fratrie nombreuse mais toujours joyeuse. Malgré la pauvreté des moyens, la joie, les cris et les rires emplissaient sa vie avant qu’on ne la révèle.

A la lumière de ce que nous savons, Zia Haider Rahman

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 09 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Christian Bourgois

A la lumière de ce que nous savons (In the light of what we know), mars 2016, trad. anglais Jacqueline Odin, 515 pages, 25 € . Ecrivain(s): Zia Haider Rahman Edition: Christian Bourgois

 

 

Un pavé, mais un pavé en or !

Ce roman, qui n’est pas qu’un roman, le premier de Zia Haider Rahman, situe son auteur, d’emblée, parmi les maîtres du genre.

Le narrateur est anglais, fils de Pakistanais musulmans émigrés très aisés, héritiers eux-mêmes d’une « célèbre famille terrienne » et de riches industriels et armateurs du Pakistan. Les parents se sont installés, fort bien installés même (le père est professeur à Oxford, la mère est psychothérapeute) et totalement intégrés dans la société anglaise après avoir vécu aux Etats-Unis. Il se présente au début du roman comme « issu d’un milieu privilégié » et parle sans complexe de sa propre réussite professionnelle dans le domaine de la finance.

Le Vieux Saltimbanque, Jim Harrison

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 06 Septembre 2016. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Flammarion, La rentrée littéraire

Le Vieux Saltimbanque (The Ancient Minstrel), trad. américain Brice Matthieussent septembre 2016, 148 pages, 15 € . Ecrivain(s): Jim Harrison Edition: Flammarion

 

Il se trouvera sûrement quelques pisse-froid pour dire que ce dernier opus de Maître Jim n’est pas un chef-d’œuvre. Peut-être que ce n’en est pas un, mais c’est un pur moment de bonheur et c’est déjà beaucoup. Big Jim nous dit adieu comme nous l’avons toujours connu : joyeux, débonnaire, exubérant. On peut dire, en paraphrasant La Palisse, que Jim Harrison, quelques semaines avant sa mort, était toujours vivant. Et quelque chose nous dit que, même après sa mort, il le sera encore. Lui, qui répétait à l’envi que ce qu’il craignait de la mort était de ne plus boire de bons vins, va certainement s’organiser pour, au moins, écrire encore. Il nous le dit d’ailleurs : « Peut-être qu’on radotera encore dans notre cercueil ».

Le Vieux Saltimbanque est une sorte d’autobiographie. Mais avec Big Jim rien n’est comme d’habitude. Son narrateur parle à la troisième personne. « J’ai décidé de poursuivre mes mémoires sous la forme d’une novella. A cette date tardive, je voulais échapper à l’illusion de réalité propre à l’autobiographie ». Il faut dire que le vieux Jim est pour le moins secoué par son entourage quand il annonce son projet lors d’un dîner de famille !