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La vie prodigieuse de Garnet Ferrari, Marie Manilla

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 05 Novembre 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Autrement

La vie prodigieuse de Garnet Ferrari, Traduit de l’américain par Sabine Porte mars 2015, 585 pages, 24 € . Ecrivain(s): Marie Manilla Edition: Autrement

 

Ce premier roman traduit en français de Marie Manilla est une histoire enchanteresse et pleine de poésie qui sublime la différence. Garnet Ferrari, dotée d’une chevelure rousse peu commune et de taches de vin qui recouvrent tout son corps façon mappemonde, n’est pas du tout le joli bébé joufflu tant attendu. Alors que ses parents s’astreignent à faire le deuil de leur fille idéalisée, sa grand mère Nonna y décide d’y voir la réincarnation de Sainte Garnet, une guérisseuse légendaire sicilienne. Ces taches de vin ne peuvent pas être le fruit du hasard. Nonna est terriblement superstitieuse : le moindre grain de sable et elle y voit le signe d’un mauvais sort. Elle ne peut imaginer la vie sans amulettes. Sa petite-fille a le pouvoir d’accomplir des miracles, notamment soigner toutes les maladies de peau (eczéma, poireaux, verrues, rien ne lui résiste…) et elle le fait savoir. Son vilain petit canard a le pouvoir de réenchanter le monde ! Entre les superstitions siciliennes à l’accent chantant, l’envie de sauver les apparences à l’américaine et l’humour « volcanocynique », ce livre nous amuse.

Péchés Capitaux, Jim Harrison

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 02 Novembre 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Flammarion

Péchés Capitaux, septembre 2015, trad. de l’anglais (USA) par Brice Matthieussent, 350 pages, 21 € . Ecrivain(s): Jim Harrison Edition: Flammarion

 

Depuis 1971, l’œuvre de Jim Harrison (1937) s’étoffe environ tous les deux ans d’un nouvel ouvrage, et, force est de l’admettre, après en avoir lu sept ou huit, dont les inévitables Sorcier, Dalva, La Route du Retour ou encore Légendes d’Automne, on peut avoir l’impression d’avoir eu un bon aperçu de son œuvre et se dire qu’on va passer à autre chose. A vrai dire, depuis la parution des Aventures d’un Gourmand Vagabond et, l’année suivante, d’une autobiographie, on avait un peu l’impression que Harrison lui-même avait fait le tour de la question et qu’on était trop paresseux pour aller y voir… Puis, à force de néanmoins lire environ tous les deux ans dans la presse spécialisée que le dernier Harrison est un excellent roman, on se dit qu’on va craquer et s’en lire un. Autant le préciser de suite : il m’est impossible de comparer avec un quelconque de ses romans publiés durant les années 2000, mais j’ai l’impression que Péchés Capitaux est 1° un tout grand roman même aux normes de Harrison ; 2° une fameuse cure de jouvence par rapport à ses thématiques habituelles ; 3° un roman-somme ludique. En somme, une perle rare.

Ce monde disparu, Dennis Lehane

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Lundi, 26 Octobre 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Rivages/Thriller

Ce Monde disparu (World gone by), Octobre 2015. Traduit de l’américain par Isabelle Maillet. 348 p. 21 € . Ecrivain(s): Dennis Lehane Edition: Rivages/Thriller

 

Dennis Lehane creuse le sillon ouvert par son dernier opus « Ils vivent la nuit » (voir la critique de cette œuvre dans la Cause Littéraire), explorant l’univers du gangstérisme. C’est d’ailleurs Joe Coughlin, plus vieux de 15 ans, que l’on retrouve ici.

La présentation de ce roman le rapproche du « Parrain ». Le lien est d’autant plus incontestable que l’on pourrait aussi faire au livre le reproche – ce sera le seul - qui a été fait au film de Coppola : la nostalgie de ce « monde perdu » charrie forcément un discours ambigu sur le gangstérisme et ses figures. Les personnages – y compris les pires – sortent un peu « blanchis » du récit, la poétisation romanesque jouant le rôle d’une absolution des méchants. Malgré la mise à distance à laquelle procède Lehane par l’ironie qui s’insère dans les propos des personnages.

« On décide de notre façon de vivre, on établit nos règles, on se comporte en hommes. (il se pencha en avant.) Ça me botte d’être un gangster, merde ! »

« Je n’ai jamais gagné honnêtement un seul dollar, et je n’ai pas l’intention de commencer un jour ».

Wake up America, Tome 2, 1960-1963, John Lewis, Andrew Aydin, Nate Powell

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 16 Octobre 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albums

Wake up America, Tome 2, 1960-1963, éd. Rue de Sèvres, mai 2015, trad. (USA) Alex Nicolavitch, 192 pages, 14 € . Ecrivain(s): John Lewis, Andrew Aydin, Nate Powell

 

Récit de la vie et du combat de John Lewis, infatigable défenseur des droits civiques et de la liberté, Wake up America est le second tome d’une trilogie, illustrée par Nate Powell, scénarisé par Andrew Aydin et John Lewis. Il fait suite au tome 1 dont la période englobait de 1940-1960 et montrait le début des sit-in et des actions non-violentes.

Wake up America, c’est aussi le cri de ralliement de John Lewis dans la marche en avant vers la liberté et l’égalité et contre la discrimination raciale, comme l’était juste, après lui, celui de Martin Luther King : I have a dream.

« Nous marchons en ce jour pour des emplois et pour la liberté mais il n’y a pas de quoi être fiers : des centaines de milliers de nos frères ne sont pas là. Ils n’avaient pas d’argent pour le transport car ils reçoivent des salaires de misère et parfois pas de salaire du tout ».

Six Jours, Ryan Gattis

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 12 Octobre 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Fayard, La rentrée littéraire

Six Jours, septembre 2015, traduit de l’anglais (USA) par Nicolas Richard, 432 pages, 24 € . Ecrivain(s): Ryan Gattis Edition: Fayard

 

Avant même d’ouvrir Six Jours (All Involved : A Novel of the 1992 L.A. Riots, titre autrement plus significatif), le premier roman de Ryan Gattis traduit en français, de multiples indices mènent à l’idée qu’on va être confronté à quelque chose de costaud. Il y a le soutien d’autres écrivains, et pas des moindres : Joyce Carol Oates, David Mitchell et Dennis Lehane ; mais on sait que pareil soutien peut se monnayer, ou s’échanger… Il y a plus concret : la chaîne HBO et le producteur Alan Ball ont acheté les droits en vue d’une adaptation télévisuelle, ce qui laisserait à penser que le matériau narratif proposé par Gattis est à tout le moins solide. Et puis il y a l’argument ultime, le gage d’authenticité parfait pour tout qui s’intéresse à la culture populaire nord-américaine : sur le site de l’auteur, à la page dédiée à Six Jours, se trouve la playlist du roman, et là, on se dit que s’il y est bien question des Supremes, des Temptations, de Bill Haley, de Toots & The Maytals, de Cypress Hill et bien d’autres encore, en ce compris des bandes originales de films signées John Williams (plus particulièrement sur la « bombing mixtape » de Freer, l’une des voix du roman – on y reviendra), ce roman va parler de vrais gens, de ceux qui vivent avec de la musique en fond sonore constant, pour qui elle signifie quelque chose, et sans laquelle manquerait une part essentielle de leur personnalité.