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Roman

Nulle part dans la maison de mon père, Assia Djebar

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 17 Octobre 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Maghreb, Babel (Actes Sud)

Nulle part dans la maison de mon père, 452 p. 9,50 € . Ecrivain(s): Assia Djebar Edition: Babel (Actes Sud)

 

Peut-on prendre congé de son existence, dire adieu à sa propre personne, à son passé ? C’est la voie apparemment décrite par Assia Djebar dans un roman, autobiographique, Nulle part dans la maison de mon père. Ce père, instituteur, seul indigène de son village ayant accédé à cette fonction, est immensément sévère, rigoriste. Il élève l’héroïne en l’entourant d’une protection qui entraîne, bien vite, l’apparition de toutes sortes d’interdits : vestimentaires, relationnels. Le puritanisme est de rigueur.

Pourtant, l’héroïne du récit parvient à échapper, un peu, à cette atmosphère familiale pesante ; elle est admise dans un internat, y fait la connaissance de camarades musulmanes comme elle, et de pensionnaires européennes. Elle y découvre les joies de la lecture, de la complicité intellectuelle avec Mag, Jacqueline, Farida. Elle goûte à la liberté de mouvement, ayant la faculté de retourner dans son village à chaque fin de semaine.

Cette jeune femme est torturée par toutes sortes d’interrogations : l’émancipation intellectuelle va-t-elle de pair avec l’émancipation des mœurs si étroitement contrôlés dans cette Algérie coloniale ? Que représente son père, censeur omniprésent dans sa conscience d’enfant, dans sa vie : un protecteur ou un castrateur impitoyable ?

Ce que le jour doit à la nuit, Yasmina Khadra

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 12 Octobre 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Pays arabes, Pocket

Ce que le jour doit à la nuit, 2009, 441 p. 7,60 € Edition: Pocket

 

Qu’est-ce qui détermine la vie d’un homme ? Sa condition sociale, ses origines, ses antécédents culturels, son enfance ? Sans céder jamais à un schématisme facile, Yasmina Khadra nous invite dans ce roman à une double traversée : celle du destin de Younes Mahieddine, jeune algérien vivant dans un village, misérable, nommé Jenane Jato, dans les années trente, et celui de son pays : l’Algérie.

Ce personnage, dont la maison familiale a brûlé, et dont le père s’éloigne de sa famille pour des raisons tant matérielles que morales, est confié à son oncle, un musulman éclairé, progressiste vivant avec une européenne, Germaine, gérante d’une pharmacie à Rio Salado, dans les environs d’Oran. Après avoir découvert la misère dans son village d’origine, l’analphabétisme, la discrimination sociale, toujours présente en filigrane dans le roman, il se frotte au milieu des colons européens ; y découvre l’amitié de certains personnages, André, Fabrice, Jean-Christophe, tous épris du désir de vivre follement leur jeunesse et de profiter de la vie, malgré les nuages qui s’amoncellent sur l’Algérie coloniale.

Collusion, Stuart Neville

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 09 Octobre 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Iles britanniques, La rentrée littéraire, Rivages/Thriller

Collusion, Trad. anglais par Fabienne Duvigneau, septembre 2012, 375 p. 22 € . Ecrivain(s): Stuart Neville Edition: Rivages/Thriller

 

Avec les fantômes de Belfast, Stuart Neville nous avait plongés au cœur des ténèbres. Des ténèbres de la haine, de la violence, de la rancune, de la guerre civile irlandaise. Collusion mettant de nouveau en scène le fascinant personnage de Gerry Fegan, on pouvait s’attendre à un deuxième voyage plus sombre que la nuit. Or, par-delà la noirceur, ou plus exactement transcendant la noirceur, ce deuxième roman, cette « suite », frappe surtout par sa tonalité et son style baroques. Baroque, au sens où on peut employer ce qualificatif pour les westerns italiens, ceux de Sergio Leone par exemple.

Le Bon, la Brute, le Truand. Trois termes qui s’appliquent presque parfaitement aux trois personnages – tous masculins – qui émergent de cette nouvelle excursion dans l’Irlande des haines récentes.

Jack Lennon, le père éperdu et paumé qui n’a d’autre obsession que de retrouver sa petite fille Ellen dont il est privé et qui court les pires dangers. Gerry Fegan bien sûr – en personnage secondaire ce qui constitue une surprise – enfoncé jusqu‘à la folie dans la culpabilité et la quête de rédemption. Et « le Voyageur », tueur fou, grand nettoyeur presque robotisé, chargé de liquider, entre autres, les deux êtres que justement les deux précédents veulent à tout prix protéger.

La dernière nuit de Claude Eatherly, Marc Durin-Valois (2ème recension)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 09 Octobre 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, La rentrée littéraire, Plon

La dernière nuit de Claude Eatherly, août 2012, 339 p. 19 € . Ecrivain(s): Marc Durin-Valois Edition: Plon

Marc Durin-Valois est un romancier plaisamment surprenant ! Passer du roman d’anticipation à suspense, Noir Prophète, à la relation intimiste d’une course forcenée à l’autodestruction, Les Pensées Sauvages, et nous sortir dans la foulée ce roman américain qui paraîtrait, à qui ignore que l’auteur a vécu une partie de son enfance aux Etats-Unis, plus américain qu’eussent pu l’écrire beaucoup d’auteurs américains, constitue me semble-t-il, un remarquable tour de force !

Le récit commence par la rencontre, fortuite, dans un bled paumé du Texas, le 11 septembre (eh oui !) 1949, que fait la narratrice, Rose, jeune photographe de presse, de Claude Eatherly, ancien pilote de l’armée américaine, dont la journaliste découvre un peu plus tard le fait d’armes suivant dans un article paru l’année précédente dans le New York Times :

 

« Le major Claude Eatherly pilotait le B29 Superfortress “Straight Flush” au sein de la 393ème escadrille de bombardiers. Le 6 août 1945, vers 1h30 du matin, il a décollé de Tinian aux îles Mariannes, une heure avant l’avion “Enola Gay”, pour évaluer les conditions climatiques dans le ciel d’Hiroshima. C’est lui qui a donné le feu vert à l’avion de Paul Tibbets, “Enola Gay”, pour qu’il procède au largage de la première bombe atomique ».

C, Tom McCarthy

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 09 Octobre 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, L'Olivier (Seuil), La rentrée littéraire

C (C), trad. de l’anglais par Thierry Decottignies, 23 août 2012, 430 p. 24 € . Ecrivain(s): Tom McCarthy Edition: L'Olivier (Seuil)

 

La quatrième de couverture de C, le nouveau roman de Tom McCarthy, est alléchante au possible :

« Qu’est-ce que C ?

C comme Serge Carrefax. Comme le cyanure avec lequel se suicide Sophie, sa sœur bien-aimée. Comme la cocaïne dont il abuse.

Mais aussi C comme communication. Car Serge, né au début du XXe siècle, en même temps que la télégraphie sans fil, et élevé dans un institut pour sourds, est plongé depuis sa naissance dans un monde étrange et poétique de signaux qu’il ne peut déchiffrer.

Lorsque la guerre de 1914 éclate, c’est la fin de l’idylle. Opérateur radio à bord d’un aéroplane, capturé puis interné en Allemagne, toujours à la recherche de la voix perdue des morts, il participe à l’expédition de Lord Carnavon, l’égyptologue qui, pour avoir violé la tombe de Toutankhamon, mourut, dit-on, de la « malédiction du pharaon ».