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Poésie

La Patagonie, Perrine Le Querrec

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 25 Novembre 2014. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Carnets du dessert de lune

La Patagonie, préface de Jean-Marc Flahaut, novembre 2014, 103 pages, 13 € . Ecrivain(s): Perrine Le Querrec Edition: Carnets du dessert de lune

 

Lire Perrine Le Querrec c’est prendre un risque, prendre le risque de se faire engloutir. Les mots ici deviennent matière, tantôt gluante, paralysante, tantôt rêche, étrangleuse, tantôt lourde, étouffante, tantôt acérée, tranchante, de la matière sombre, grouillante et tremblante, puis soudain ils ont des ailes et tentent de s’échapper vers la lumière. Vers la Patagonie.

Ou bien ils s’écrasent. La pâte-agonie.

Il y est question d’enfance, de violence, de peur et de désespoir ravalés, d’extrême solitude. « Son enfance sent toujours le carnage ». Quelque chose qui ne se voit pas de l’extérieur, quelque chose que l’on peut trimballer en soi toute une vie, qui nous dévore de l’intérieur et personne ne s’en aperçoit. Personne ne s’en est jamais aperçu. Alors les mots tentent de donner consistance à cette grande béance, de faire apparaître l’indicible, l’invisible, tentative qui elle-même écartèle : faire à la fois apparaître et disparaître à jamais. Fuir. « Il ne faut pas fermer la porte mais la claquer derrière soi et partir pour toujours ».

Debout, assis, couché, Jacques Ancet

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 13 Novembre 2014. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Debout, assis, couché, éd. La Porte, 2014, 163 pages, 7,10 € . Ecrivain(s): Jacques Ancet

 

Nous sommes avec l’œuvre de Jacques Ancet dans l’espace de « l’entre », en bordure de lisière, sur une ligne de crête. Posture marginale et « vertiginale » d’une sensibilité touchant / tentant de s’espacer dans le travail d’une expérience centrale, celle d’un vivre pur, équivalent à être en terre de souffle & de poésie. Expérience expérimentant sa confrontation/son retour à une réalité rugueuse dont il faut mesurer l’écart, comme dans la linéarité de la Chronique d’un égarement. Entre le regard & les choses, le flux d’un réel sans cesse à reconnaître, à écrire sans dire ce qu’on allait dire / où manquer de se perdre, de sombrer sans sombrer

 

Debout, assis, couché :

François Villon, Oeuvres complètes en la Pléiade

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 30 Octobre 2014. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

François Villon, Œuvres complètes. Edition établie par Jacqueline Carquiglini-Toulet, avec Laetitia Tabard. 910 p. 49,50 € (prix de lancement jusqu’au 31 janvier 2015 42 €) . Ecrivain(s): François Villon Edition: La Pléiade Gallimard

 

Villon à la Pléiade. Peut-on oser dire – tout en saluant hautement cet événement -  qu’on pensait que c’était le cas depuis le premier volume de cette prestigieuse collection ? Hors la boutade, il est vrai que c’est avec François Villon que commence la littérature française moderne. Par sa langue – le français francilien qui est la source principale de notre langue nationale. Par ses thèmes, radicalement modernes : la Mort, la Douleur, la Justice, la Pauvreté, la Jouissance. Par sa sensibilité enfin, à fleur de peau, exaltée, rugueuse. Il y a chez Villon quelque chose de pur, de total, de brut  - avant le polissage – on pourrait l’écrire « poliçage » - du XVIème siècle. Et c’est cet état originel qui en fait le poète le plus moderne qui soit, le frère en Lettres de Baudelaire par exemple.

La préface passionnante de Jacqueline Cerquiglini-Toulet condense tous les mystères qui entourent Villon – et Dieu sait s’il en est ! Jusqu’à son nom, sa naissance, son enfance, ses méfaits, ses condamnations, sa disparition en 1463 et, bien sûr, sa mort, à jamais d’une opacité parfaite (sauf stupéfiante découverte). Rien n’est sûr autour de Villon quant à sa biographie. Sauf l’essentiel : notre « escholier » fut un jeune homme peu recommandable, probablement assez dangereux à fréquenter.

Saisons régulières, Roland Tixier

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 25 Octobre 2014. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le pont du change

Saisons régulières, juillet 2014, 69 p. 12 € . Ecrivain(s): Roland Tixier Edition: Le pont du change

 

La Cause Littéraire a déjà eu le plaisir de recenser deux autres opus de Roland Tixier ; celui qui marche dans la ville en poétisant, si joliment, comme si de rien n’était. Deux bijoux : Le passant de Vaulx-en-Velin et Chaque fois l’Éternité*.

Ce petit livret-là n’échappe pas à la règle. Un bonheur pour jours ordinaires où ça va pas toujours fort. Un remède de poète pour mal-être peu bruyant de chacun, là, dans la société du bas des villes.

Des tercets de tous les jours, qu’on s’approprie, familiers, mais, que personne au bout ne saurait écrire comme Tixier, lui, le sait. C’est ce qui fait le précieux de la chose : de l’ordinaire, du banal, en paquet-cadeau – royal.

De tout petits vers de ville – celle de tout le monde, ni touristique, ni extraordinaire, où marche celui qui parle ; regarde, sent, sourit ou mélancolise. D’un bout de l’an à l’autre, en ce climat plutôt médium de ces régions peri-lyonnaises où se pose le recueil. Des Haïkus – on pense forcément à cette versification japonaise donnant le ressenti des saisons – mais cuisinés à la manière d’ici, avec cette robustesse lyonnaise, et ce goûteux, les pieds sur terre.

Un éblouissement sans fin. La poésie dans le soufisme, Eric Geoffroy

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Samedi, 18 Octobre 2014. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Seuil

Un éblouissement sans fin. La poésie dans le soufisme, préface du Cheikh Khaled Bentounes, septembre 2014, 368 p. 21 € . Ecrivain(s): Eric Geoffroy Edition: Seuil

 

« Tu es à jamais voyageur, de même que tu ne peux t’établir nulle part », Ibn ‘Arabî

 

Eric Geoffroy est un islamologue arabisant à l’Université de Strasbourg. Il enseigne également à l’Université Ouverte de Catalogne, et à l’Université Catholique de Louvain. Spécialiste du soufisme et de la sainteté en Islam, il travaille aussi sur la mystique comparée, et les enjeux de la spiritualité dans le monde contemporain. Il a publié neuf ouvrages, plusieurs de ses ouvrages sont traduits en différentes langues.

Le dernier ouvrage d’Eric Geoffroy, Un éblouissement sans fin. La poésie dans le soufisme, publié dans la collection Les Dieux et les Hommes aux éditions du Seuil, est un livre évènement pour qui sait faire abstraction à une actualité anxiogène et guerrière. L’ouvrage dévoile les tissus du corps noir de l’ignorance ; il apporte ainsi lumière, connaissance, esprit et poésie du langage et du patrimoine spirituel du monde musulman.