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Poésie

Petite bibliothèque de Poésie contemporaine - De Guillevic à Jaccottet

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 07 Juillet 2015. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Petite bibliothèque de Poésie contemporaine, de Guillevic à Jaccottet, Hors-Série Poésie Gallimard-Télérama, Coffret de 12 volumes, avril 2015, 30 € Edition: Gallimard

 

« et la mer fait à la terre un collier de silence, / la humant la paix sacrificielle / où s’enchevêtrent nos râles, immobile avec / d’étranges perles et de muets mûrissements / d’abysse… », Aimé Césaire.

Cette collection est une réjouissante aventure littéraire, née en mars 1966 sous la protection avisée de Robert Carlier (éditeur et amateur de dictionnaires) et d’Alain Jouffroy (poète, romancier, essayiste, scénariste et parfois comédien) et dirigée aujourd’hui par André Velter (éditeur précieux, écrivain voyageur et poète taurin). A son programme : des anthologies (La poésie lyrique du XII° et XIII° siècle, Le poème court japonais, Les Poètes du Tango), des éditions bilingues (La Comédie de Dante), ou encore des poètes par des écrivains (Machado avec Esteban, Claudel par Grosjean, Novarina dans l’oreille de Sollers). Cette Petite bibliothèque de Poésie contemporaine est un nouvel opus de cette encyclopédie en mouvement permanent. Une incursion légère, non dans l’essentiel de la poésie vivante, mais dans quelques éclats lumineusement mis en lumière par les éditeurs.

Le temps d’ici, Marilyse Leroux

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 03 Juillet 2015. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rhubarbe

Le temps d’ici, mars 2013 . Ecrivain(s): Marilyse Leroux Edition: Rhubarbe

 

Marilyse Leroux est une poète ailée et zélée. Sa poésie nous entraîne, nous envole : tu entres au cœur de l’espace comme dans un nid où tu poserais tes ailes. L’ouverture du recueil en témoigne. Légère, elle est, légère elle nous veut. Au monde que l’on sait difficile, elle en substitue un autre que l’on peut découvrir, nous dit-elle, habitable. Ce monde qui n’est autre que celui de la poésie, on peut le faire sien, si on sait regarder. Marilyse nous invite ainsi à ouvrir les yeux sur ce monde vaporeux et fluide où se mêlent au bleu du ciel et de la mer, les couleurs du temps.

Elle n’hésite pas pour cela à convoquer le ciel, les oiseaux et les arbres, leurs rires clairs, leur langage vivant. Le ciel s’amuse, les arbres rieurs nous donnent à voir ce qu’elle ressent, nous unissent à son souffle, nous entraînent, pour que le poids de nos ombres sur la terre soit la balance du monde. Marilyse est dans sa poésie comme elle est dans la vie, ouverte à l’autre, disponible, sensible, en partage d’amitié et de poésie.

L’arbre de vie, Raphaël Mérindol

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 26 Juin 2015. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, Cardère éditions

L’arbre de vie, juin 2013, 93 pages, 15 € . Ecrivain(s): Raphaël Mérindol Edition: Cardère éditions

 

L’arbre de vie de Raphaël Mérindol, illustré magnifiquement par Pierre Cayol, Christian Jauréguy, Jean-Pierre Peransin et Le Zhang, est un petit bijou et une louange, un véritable hymne dédié à l’arbre, l’arbre en nous, celui qui En tout lieu, […] a le singulier pouvoir de donner des nouvelles du silence et à tous les arbres, de toute espèce. Qu’ils soient de l’automne ou de l’hiver, sous leur cape de brume, ils sourient. Qu’ils soient cyprès au cœur pur, cèdre centenaire, platane, poirier (tant aimé de la mère) ou pin sylvestre, ils sont habité(s) d’amour et chaque jour le ciel renouvelle la garde-robe de sa cime ajourée. Toujours là, présent à nos silences, à nos deuils, à nos solitudes, prêt à nous consoler, prodige bienveillant qui porte nostalgie et espoir, l’arbre (de vie) continue nos espoirs, perpétue nos mémoires endeuillées.

Dans ce recueil de belle facture où la trame même est en majesté (celle de l’arbre), se déploie une écriture arborescente, tantôt en ramées dispersées, brèves et légères comme des haïkus accolés à la douceur des illustrations, tantôt en longs feuillages qui descendent vers le sol, déployant une prose qui s’abandonne et se confie. Et, là… soudain…

Génération deux mille quoi, Matthias Vincenot

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 24 Juin 2015. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Génération deux mille quoi, éd. Fortuna, avril 2015, 60 pages, 9,90 € . Ecrivain(s): Matthias Vincenot

On fait ce qu’on peut de nos rêves /, écrit le poète Matthias Vincenot, À l’orée de l’habitude / Et des petits dégâts. Oui la Génération deux mille quoi, celle des enfants nés dans les années 80, est bien celle que nous retrouvons dans ce beau et délicat recueil « générationnel » signé par celui qui par ailleurs préside Poésie et Chanson en Sorbonne depuis 2005.

Ce corpus poétique rassemble ce qu’il reste et vit toujours dans le cœur et l’esprit de cette génération des années 2000, souvenirs d’une nostalgie bienveillante qui ne garde que les meilleurs moments d’une époque.

La génération deux-mille quoi

C’est peut-être un nom maladroit

Mais sans doute, ça correspond

À notre cul entre deux crises

Dans la volonté du possible

L’idéal du bout de la rue (…)

Le Corps noir du soleil, Amina Saïd

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 20 Juin 2015. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rhubarbe

Le Corps noir du soleil, décembre 2014, (calligraphie Hassan Massoudy), 90 pages, 11 € . Ecrivain(s): Amina Saïd Edition: Rhubarbe

 

La vie d’Alexandre Le Grand a été si exceptionnelle qu’elle fait partie des mythes de l’Antiquité. Convaincu très jeune par sa mère qu’il était descendant des Dieux, il accomplira un parcours de conquérant unique, allant de conquêtes en conquêtes de la Grèce aux Indes. Dans ce très beau recueil, intitulé Le Corps noir du soleil, Amina Saïd nous fait revivre l’épopée d’Alexandre Le Grand, alors que celui-ci s’apprête à partir pour l’autre monde (étroite sera la tombe quand j’y serai enseveli), se rejoue alors sous nos yeux le voyage de sa vie, son parcours semé d’épreuves. La poète s’exprimant en je nous entraîne dans l’aventure et nous arpentons avec ce cavalier les innombrables paysages aux couleurs sublimées par la variété d’une nature luxuriante propre à ces pays de sable et d’ocre. Récit d’un passage de l’ombre à la lumière, mais aussi récit onirique, récit de la naissance, récit sans fin, comme le désir, le silence ou la mort, mais surtout quête initiatique afin d’aller à la rencontre de soi ou de l’autre en soi, comme pour donner un sens à l’absurde du monde, nous dit-il, en quête d’absolu donc. Cette épopée historique aux intonations lyriques de l’aventure humaine nous rappelle que la vie est brève comme une manière de rêve. Dans l’ignorance du parcours pour accéder à la lumière, le conquérant avance toujours sans peur.