9.3 blondes light : recueil, par définition, d’une poésie engagée. Pour défendre le peuple, il faut défiler la cigarette à la bouche, écrire, à l’aide d’une blonde, texte après texte, une diatribe inspirée. A chaque bouffée correspond alors une inspiration et une expiration pour 93 textes et un excipit sans tabac qui crache son venin contre ce siècle et celui qui le précède.
Juste à la suite de l’incipit Cigarette 2, Liberty est déjà l’annonce de ces paris-inventaires qui par leurs jeux de mots et de sons – rimes et assonances – instaurent la musique ironique nécessaire. Une poétique qui empêche le réalisme de transmuer la poésie en prosaïque, et laisse le lecteur interloqué par une culture foisonnante en prise avec le monde moderne où est entraînée façon Apollinaire, pour y danser, une certaine Mary Ann. Surréalisme, également, entaché de Villon, si on veut parler d’influences. Les contrastes de tons sont remarquables, l’humour contrarie le tragique et se fait grinçant : « Marie-Antoinette époque Weight Watchers ». Jean-Luc Despax est encore imprégné de ses 220 slams sur la voie de gauche, publiés en 2010.