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Poésie

Dévore l’attente, Laurent Bouisset

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 08 Mars 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Dévore l’attente, Éd. Le Citron Gare, novembre 2015 (avec des images d’Anabel Serna Montoya), 85 pages, 10 € . Ecrivain(s): Laurent Bouisset

 

Avec Dévore l’attente, le ton est donné, l’auteur a les crocs, il a faim, il en veut. Il exulte, ressent et aspire le monde par tous les pores, autant qu’il en recrache venin et sueur. Il en veut le poète et il en veut aussi à ceux qui commettent l’indifférence.

 

Comment ils font pour faire ?

Comment ils actionnent, eux ?

Et ils actionnent quoi ? Du chiffre

Encore ? Et du numéralisable ?

 

S’il existe un pays, Bruno Doucey

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 16 Février 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

S’il existe un pays, éd. Bruno Doucey, 2013, 144 pages, 15 € . Ecrivain(s): Bruno Doucey

 

Dès le début de S’il existe un pays, se retrouve la sobriété du recueil précédent, La Neuvaine d’amour, réduite au dépouillement de l’haïku et l’amour d’une Nature vivante avec laquelle le poète dialogue – c’est un procédé récurrent dans tout le recueil – « à mots couverts ».

Cette fusion avec la Nature, alliée à une richesse du vocabulaire, nous surprend par sa profusion urgente issue des voyages et de la frustration due au manque de temps, comme Bruno Doucey l’a reconnu lui-même publiquement. Dans Neige, première « nouvelle » d’une série qu’il a élevée à la hauteur d’un conte, on peut en effet lire de véritables trouvailles comme : « la houppelande d’étoiles » et « la capeline dans le vent ».

Puis c’est l’eau, cette fois, qui, sous sa forme liquide, donne lieu aux psalmodies de l’Indian-castor dans une aventure qui a commencé très tôt : « Mais je reste l’indien des mots de mon enfance ».

Le dialogue reprend dans Poème à la vie volée avec un éloge funèbre à l’ami mort et c’est par le vers éponyme « s’il existe un pays » que le poète offre ici une patrie commune à ses frères en écriture.

Jan Bardeau & compagnie, Jan Bardeau, Sébastien Russo

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 12 Février 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Jan Bardeau & compagnie, mgv2>publishing, août 2015, illustration Seb Russo, 40 pages, 5 € . Ecrivain(s): Jan Bardeau, Sébastien Russo

 

Jan Bardeau s’empare des mots, les triture, les malaxe, les lance contre les murs, d’où ils rebondissent, l’écho parfois est effrayant, car ce jeu faussement léger, non exempt de plus ici d’autocontraintes, c’est pour révoquer le vide, la solitude crasse, « la hideur abrupte », le dur « qui courbe & brise & broie, bousille le beau » et gripper les mécanismes froids et déshumanisants d’un système entonnoir qui se gave de lui-même.

Jan Bardeau & compagnie, c’est un duo : Jan Bardeau et Seb Russo. Jan avec ses mots, Seb avec ses dessins, ses corps d’encre qui se tordent, se vident, se déforment, dégoulinent, étirés, vrillés, enchaînés. Et le poète est comme ce clodo au nez de clown. Clodo ou ouvrier ? C’est un peu du pareil au même non ? Un pas de trop et hop, à la casse.

« petites mains jusqu’à ce qu’ils les prennent sur leur tronche, les petites mains »

Nous sommes tellement nombreux à être des clowns plus ou moins fatigués. Nous amusons parfois la galerie des portraits poudrés, cette basse haute-cour où « les uns parlent d’importance, les autres s’imprègnent de l’art de picorer » et « s’évertuant à favoriser la guerre de chacun contre tous ».

Ce qui reste après l’oubli, Alain Duault

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 09 Février 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Ce qui reste après l’oubli, 143 pages, 17,75 € . Ecrivain(s): Alain Duault Edition: Gallimard

 

Le troisième volet du triptyque d’Alain Duault mériterait bien que son titre soit éponyme de cet ensemble de près de 400 textes car il énonce un paradoxe que développe l’œuvre toute entière et qui s’exprime, en effet, dès le premier recueil, Une hache pour la mer gelée. Déjà, en effet, la répétition des thèmes, les récurrences de mots, les assertions métaphoriques, les questionnements de l’incipit à la chute des quinzains permettent de comparer le travail du poète au ressac de la mer devant laquelle il aime travailler. C’est sans doute devant elle qu’il a évoqué les horreurs de la guerre qui l’ont marqué au point qu’il en est arrivé à écrire : « la guerre, c’est moi ». Mais, dès les premiers textes, il s’était, à l’inverse, rappelé les bons souvenirs comme, dans cette description au présent, où, à propos de la femme aimée, il parle de « la ligne de ses cheveux ou cette manière de monter son cheval bai ». Dans les nombreux passages consacrés à celle qui n’est plus et qu’il fait revivre ici, le poète hésite, sans aucun doute volontairement, entre l’emploi du temps présent et celui des temps du passé en les faisant alterner d’un chapitre à l’autre et même d’un texte à l’autre.

Le pyromane adolescent suivi de Le sang visible du vitrier, James Noël

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 04 Février 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Points

Le pyromane adolescent suivi de Le sang visible du vitrier, novembre 2015, 160 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): James Noël Edition: Points

 

Le pyromane adolescent porte bien son nom, pour l’effusion de mots dans l’élan d’un printemps qui déborde, chaque poème semble être un premier jet, que le poète laisse derrière lui, sans se retourner, une poésie qui tient autant du chien fou que du félin sautant de toit en toit, agile séducteur.

Aussi c’est surtout l’énergie qu’on en retiendra, une énergie sincère, désordonnée, fougueuse

 

de beaux fruits qui exploseront de rire

dans le jus de la bouche

 

L’urgence de mettre un flux incessant et fiévreux de mots sur le désir comme sur les plaies, car