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Poésie

Désordre du jour, Henri Droguet

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 30 Novembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Désordre du jour, novembre 2016, 168 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Henri Droguet Edition: Gallimard

 

 

Henri Droguet poursuit sa route en franc-tireur. Dans la poésie francophone du temps, il reste solitaire car inclassable (et vice versa). Plus son œuvre avance, plus elle devient profonde et vivace. Poète « classique » – c’est-à-dire travaillant de l’intérieur de l’histoire de la poésie – il crée dans une tension permanente entre tradition et révolution, et se dresse contre la vulgarité contemporaine de la fabrication et de l’usage des mots. Pour lui, la vie véritable n’est pas dans un ailleurs. Elle est dans notre banalité ordinaire, un peu dérisoire, un peu magique également, comme le sont les beaux moments de lumière sur la mer. Et ce, même si comme le rappelle le liminaire du livre emprunté à Karl Kraus, « plus on regarde de près les mots, plus ils vous regardent de loin » (Karl Kraus). Reste cependant à tirer des bords. Qu’importe si « canardent » un vent désordonné ou le fracas des mouvements urbains.

Petits riens pour jours absolus, Guy Goffette

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 28 Novembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Petits riens pour jours absolus, juin 2016, 120 pages, 14 € . Ecrivain(s): Guy Goffette Edition: Gallimard

 

 

La vie, pour le poète, file comme le cycliste sur la pente. Nombre d’images de vélo ou de course signent ce constat mélancolique. Elle grappille et sauve des « riens », « l’œuf bleu de toutes les promesses » pour l’enfant, « la main pour traverser la nuit ». En hommage à Rimbaud, à Max Jacob « ce pauvre sous l’escalier », à Follain, à ce célèbre Guillaume, les poèmes sont éloges, récritures, blasons.

De brefs poèmes incisent le réel comme l’eau « si bleue dans les poèmes », restituent « le chemin des maraudes ». Il faut se gorger de soleil car les larmes proches risquent toujours de venir border le visage.

Le poète, lui, prend le temps de « rebrousser le chemin de tes larmes ».

L’attente, la lucidité laissent trace, et un air funèbre de cimetières « aux tombes abandonnées, défoncées » parsème les textes.

Quatre saisons plus une, Alain Hoareau

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Lundi, 28 Novembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Harmattan

Quatre saisons plus une, septembre 2016, 108 pages, 13 € . Ecrivain(s): Alain Hoareau Edition: L'Harmattan

 

« Il sera déjà trop tard pour les larmes/ en dedans/ lieu de ta présence ». C’est l’évènement de la perte qui va motiver Alain Hoareau à oser la publication de ce recueil de poèmes, Quatre saisons plus une, lui qui pose ses mots depuis si longtemps sur la page. Ce livre est un hommage au temps qui passe au fil des saisons où l’ordre chronologique est bousculé. La mort du père, qui est pour chaque homme un moment inaugural, va conduire le poète à déployer ses ailes pour nous offrir cet envol vers des pays disparus.

L’auteur va tisser, pour un auditoire d’inconnus, une toile ténue et resserrée de sensations et de sentiments pour tenter, du bout des doigts, du bout de sa lyre, de nous permettre d’approcher au plus près de l’émotion et ainsi atteindre le cœur des évènements les plus infimes, les plus anodins, les plus essentiels.

Dans un murmure fragile, dans une traversée risquée, le poète esquisse des moments éphémères dans un cheminement intérieur, qui se dévoile au fil de l’eau, au fil de sa marche en alerte, au fil de sa flânerie, au fil de son parcours intérieur, au fil de ses Rêveries d’un promeneur solitaire. Toute assurance délaissée, il s’acharne à traquer l’ineffable pour suivre la lumière et le vent, les forêts d’ombres, le parfum des saisons.

Dans les méandres des saisons, Richard Rognet

Ecrit par France Burghelle Rey , le Samedi, 26 Novembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Dans les méandres des saisons, 14,50 € . Ecrivain(s): Richard Rognet Edition: Gallimard

 

Le premier volet du recueil de Richard Rognet, Dans les méandres des saisons, se place, dès le sonnet liminaire, sous la protection des pierres et de leur silence annonçant d’emblée une réflexion sur le temps qui marque l’ensemble du texte. En effet quand le regard n’est pas précis mais quand le mot, lui, l’est trop et nuit à la plénitude des choses, oxymore à l’image de celui qui se formule ici tout au long du texte entre lumière et mort, tout se délite. Ainsi, à la tombée de la nuit, lorsque la mort se met à vivre au point qu’elle « boit le sang » le destin menace d’autant que l’automne arrive. C’est que la fin de l’été rappelle un départ vécu et qu’intervient alors une présence féminine à l’état de souvenir et qui favorise une apostrophe à l’autre. Une aussi à soi-même : « Qui donc es-tu, enfant secret / dans la nuit de / ma mémoire ? » au moment où la marche se fait rédemptrice et où se produit un dédoublement. Malheureusement, avoue le poète narrateur, « Je passe près de moi sans reconnaître qui je / fus ». Cette dialectique présence-absence est prégnante dans l’évocation même des « chers disparus »  comme le père dont « l’ombre revient… dans l’inconnu d’autres présences ». Il y a aussi « une femme courbée sur des / fleurs un peu lasses », et avec les choses du tiroir qu’il ne faut pas déranger, le « carnet d’adresses » qui garde les morts en mémoire.

Tashuur, Un anneau de poussière, Pascal Commère

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 14 Novembre 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Obsidiane

Tashuur, Un anneau de poussière, 108 pages, 14 € . Ecrivain(s): Pascal Commère Edition: Obsidiane

 

La ronde des cavaliers tourne dans cette écriture de Tashuur Un anneau de poussière. L’écriture au galop, perche / stylo en main, sur la terre du paysage mongol soulève du sol, en les faisant tourner sur des kilomètres, des corolles détachées des chardons secs ; l’écriture nous emporte dans la figure récurrente du cercle, de la spirale ; un souffle court tout au long du livre, ce vent sournois tournoyant en permanence au ras des steppes de Mongolie.

 

Galope ton cheval coursier du monde la jeep

t’emporte, ton sac d’épaule jeté par-dessus le hayon. Qu’importe

le vieillissement des lunes, l’eau surie. La peau

du monde trésaillé, langue blanchie jusqu’à l’os