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Poésie

Au-delà de la nuit, Alix Lerman-Enriquez

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 27 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Au-delà de la nuit, éd. Les Poètes Français, 4ème trimestre 2016, 56 pages, 15 € . Ecrivain(s): Alix Lerman-Enriquez

 

 

Qui ne le sait ou le pressent : la poésie est consolation, vaut – dit-on – toutes les thérapies. Elle est une sauvegarde, pour celui qui lit, et, pas moins, celle qui écrit. Où, mieux qu’au creux des vers – même les plus modestes – niche-t-on sa peine, ses angoisses et quand même, quelque espoir en lueur… La poésie est mélancolie comme cette ancienne gravure, au coin d’un livre sur le Romantisme, dont c’était le titre. Noire et grise, je crois, sous une lune froide ; assise, une femme qui pleure… Gravure qu’on pourrait associer au petit opus d’Alix Lerman-Enriquez, si elle n’avait choisi des arbres d’hiver, face branches noires, criant, sous un ciel plombé.

Tristesse avec Chopin – on l’écoute en lisant, juste ce qu’il faut d’assourdi – ces poèmes, dont les itinéraires font sens, et cognent à notre cœur, en quelques chemins simples.

Traverses, Carnets 2010-2011, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 26 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Le Cherche-Midi

Traverses, Carnets 2010-2011, janvier 2017, 96 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Cherche-Midi

 

Traces d’une « dépressive période », ces Carnets, tenus entre le mois de juin 2010 et celui de 2011, montrent à l’envi l’intérêt de l’écrivain belge, disparu trois ans plus tard, pour tout ce qui touche la France, ses régions, ses gouvernants. À l’ombre de ses lectures favorites du moment, et au plus haut point celle de Déposition de Léon Werth, journal de guerre, Pirotte se met à réfléchir en termes politiques au destin de la France qui l’a accueilli : la critique acerbe et justifiée des comportements d’un Sarkozy le renvoie à celle des pires déviances de la politique française depuis Vichy. Il n’y a pas de mots assez durs pour conspuer un « homme politique » vil, corrompu, prêt à toutes les bassesses, qui massacre la langue française et joue à l’enfant gâté. Ce sont des pages virulentes d’un petit livre qui fait aussi le point sur ses déménagements entre la Suisse et La Panne (sur la côte belge), qui révèle ses périodes de tarissement en écriture, sa fatigue existentielle, ses difficultés déambulatoires. À cette période triste et dépressive répondront quelques années de fertile activité (une dizaine de livres, sans compter les posthumes).

Paroles des forêts, Pascal Mora

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 16 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Paroles des forêts, éd. Unicité, 2015, 14 € . Ecrivain(s): Pascal Mora

 

Une poésie végétale

 

La poésie de Pascal Mora nous entraîne dans un voyage intérieur, une sorte de plongée en apnée dans le monde végétal de la forêt, comme si l’espace de cette poétique était saturé, plein, presque phobique. Et cela est une qualité, car on ne quitte pas cette espèce de plongée nue qui nous conduit à travers des paysages forestiers, pour finir ou presque dans « un antre au bord de la bible ». On respire ici un air raréfié, confiné à quelques éléments benthiques, dans une vision obnubilée par la frondaison et la croissance végétale. On peut lire cette épopée un peu comme on lirait Walt Whitman, à cause de ce débordement lyrique, de ce texte qui déborde presque littéralement, qui se repaît de la pluralité des lieux vacants de Bénarès à Jérusalem, de forêts de feuillus, de persistants ou d’épicéas, ou encore, plus rarement, de quelques fruitiers.

Petits riens pour jours absolus, Guy Goffette

Ecrit par France Burghelle Rey , le Vendredi, 13 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Petits riens pour jours absolus, juin 2016, 120 pages, 14 € . Ecrivain(s): Guy Goffette Edition: Gallimard

 

Le tout récent opus de Guy Goffette rassemble des textes parus ces dernières années et publiés dans des versions différentes. Un sage exergue de Robert Walser concernant la manière dont on doit vivre invite le lecteur à en savoir plus et le texte incipit le comble déjà par sa perfection à la fois sémantique et stylistique :

 

« Quand plus rien ne chante au dehors

je puise dans le sac et sème

sur la page un peu de poussière

d’oubli et le jour paraît comme

un musicien qui tend son chapeau ».

Le Livre de la Pauvreté et de la Mort, Rainer Maria Rilke

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Janvier 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Arfuyen

Le Livre de la Pauvreté et de la Mort, 2016, trad. de l'allemand Jacques Legrand, 12 € . Ecrivain(s): Rainer Maria Rilke Edition: Arfuyen

 

Une poésie plastique

Il ne serait pas intéressant pour les lignes qui vont suivre de faire une analyse scientifique de ce texte de Rilke, car il existe une escorte critique parfois très ancienne et très documentée, et dès lors, il serait impossible de résumer une étude fournie dans le modeste propos qui est poursuivi ici. Il est peut-être meilleur de livrer, de faire état d’un sentiment personnel à l’égard de cet ouvrage. Simplement, il s’agirait de prendre dans l’appareil critique de l’œuvre de Rilke, les dates, et notamment les dates de la conception de ce Livre de la Pauvreté et de la Mort. Car il correspond à un jeune Rilke, à ce jeune poète qui rencontre ou va rencontrer Rodin, lequel l’influencera sans doute, tout comme l’impressionneront certainement les œuvres de Camille Claudel. Par ailleurs, c’est là aussi le poète qui va devenir celui des Elégies de Duino, œuvre apothéose, climax de l’auteur, pour qui cela sera à la fois l’accomplissement et la fin, même si ce trait de génie se poursuit dans Les Sonnets à Orphée, cette œuvre-testament.