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Poésie

Le Versant noir, Kevin Gilbert

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 13 Octobre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Océanie, Le Castor Astral

Le Versant noir, juin 2017, trad. anglais (Australie) Marie-Christine Masset, 256 pages, 20 € . Ecrivain(s): Kevin Gilbert Edition: Le Castor Astral

 

D’une Australie blanche, conquise sur les populations aborigènes en 1788 – qu’une odieuse fête de commémoration, deux siècles plus tard, rappela en grandes pompes –, il reste pour les Aborigènes quelques réserves, des missions, des lieux de misère pour tout dire, où, parqués, ils peuvent à loisir crever de faim, de saleté, d’injustice, de haine quotidienne à leur égard. Le poète Kevin Gilbert (1933-1993) chante tout cela dans des poèmes âpres, non vindicatifs, mais emplis d’une énergie qui vise à condamner l’état de fait et à espérer – oser espérer – un changement.

Le peuple noir, voulu par les colonisateurs, déchu, infirme et inférieur, a vécu, recourant à ses propres légendes, pour supporter le réel infligé.

Notre seul combat

Est de survivre

Nos tambours de guerre sont les fracas de la mort

Et le cri de douleur des mères (p.203).

Fragments d’un voyage immobile, Fernando Pessoa

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 11 Octobre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Rivages poche

Fragments d’un voyage immobile, précédés d’un essai d’Octavio Paz, trad. portugais Rémy Hourcade, 128 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Rivages poche

 

Lit-on vraiment l’œuvre de Fernando Pessoa (1888-1935) ? Oui, et non. Oui, une première fois, on se laisse porter par les poèmes ou la prose ; non, parce qu’ensuite on ne cesse d’y revenir, suivant les signets ou attendant du vent qu’il ouvre le volume écorné, à force, à une page quelconque qu’on lira puis qu’on rêvera. On sirote, on picore au final plus Pessoa qu’on ne le lit, en somme. Ce picorage, cette maraude quasi, c’est exactement ce que propose le petit volume Fragments d’un Voyage Immobile réédité ces jours-ci par les éditions Rivages dans leur collection de poche – avoir toujours Pessoa à portée de la main, même sous forme de « fragments », en tout lieu, tout moment, ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité.

Avant d’aborder les « fragments » en question, considérons la préface, en fait un essai signé Octavio Paz (1914-1998), long d’une quarantaine de pages, intitulé « Un Inconnu de lui-même : Fernando Pessoa » et daté de 1961. Le poète mexicain, lauréat du Prix Nobel de Littérature, s’y livre à une analyse de l’œuvre de Pessoa, éclairant entre autres la notion d’hétéronyme, indispensable pour appréhender les différents recueils du Portugais, signés aussi bien Fernando Pessoa qu’Alberto Caeiro, Ricardo Reis ou encore Alvaro de Campos.

Aumailles, Pascal Commère

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 10 Octobre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Aumailles, Les Découvreurs, coll. Voix de passage, 2017, 76 pages, 12,70 € . Ecrivain(s): Pascal Commère

 

En fin d’opus les Éditions Les Découvreurs, sises à Boulogne-sur-Mer (62), diffusent ainsi leur devise :

par les livres

toujours plus nombreux

toujours plus présents

Libérer l’élan

qui va de la parole à la vie

et de la vie à

la parole

Leur collection Voix de passage ne quitte pas cette ligne éditoriale d’exigeante et de haute tenue, publiée sur le rabat des livres de belle fabrication / impression / facture, au format pratique et agréable. L’objectif, clairement défini et d’une ambition tout à fait louable, mérite mention :

Petit jardin de poésie, Robert Louis Stevenson, illustrations Ilya Green

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 06 Octobre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Grasset, La rentrée littéraire, Jeunesse

Petit jardin de poésie, Grasset-Jeunesse, août 2017, 32 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Robert Louis Stevenson Edition: Grasset

 

Petit jardin de poésie est un recueil de poèmes de Robert Louis Stevenson, écrivain célèbre pour son Ile au trésor, et l’Etrange cas du Dr Jekyll et M. Hyde. Les Editions Grasset-Jeunesse en proposent quelques extraits à l’attention du jeune lectorat. Un petit jardin de poésie à hauteur d’enfant, dans une collection puisant dans le patrimoine littéraire des textes adaptés aux jeunes lecteurs et qui fait dialoguer les textes d’hier avec les images d’aujourd’hui grâce à la participation d’illustrateurs contemporains.

Une merveilleuse idée que cette entrée en littérature pour les tout-petits par le biais de la poésie et d’un univers onirique et sensible. Celui-ci est une véritable ode au voyage par l’incursion dans le quotidien ordinaire de l’enfance. Toute en tendresse et délicatesse, une bien jolie collection.

L’album illustré par Ilya Green porte un très beau poème-dédicace titré « Pour Alison Cunningham, de la part de son garçon » :

Ta résonnance, ma retenue, Serge Ritman

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 06 Octobre 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Tarabuste

Ta résonnance, ma retenue, avril 2017, 320 pages, 22 € . Ecrivain(s): Serge Ritman Edition: Editions Tarabuste

 

Avec Serge Ritman l’amour ne change pas, ne change plus. Il est resté le même depuis le jour où la poète le rencontra. Il dut payer cher pour son amour : l’abîme le guettait par la disparition de celle qui en était non l’objet mais le sujet. L’auteur un temps put célébrer la transhumance des esprits, les métamorphoses du cosmos vers la lumière. Au fil du temps l’amour terrestre est devenu spirituel, deux énergies « célestes » s’y cristallisent puisqu’un des protagonistes n’est plus et empêche de plonger les mains dans la farine des matins.

Mais l’auteur nous apprend que derrière les portes du temps il existe d’autres portes jusqu’au vertige comme au grand vide de la félicité. C’est pourquoi l’ensemble des poèmes se succèdent par saccades pour rejoindre la frontière des « ténèbres radieuses ». L’oxymore n’est pas ici qu’une simple figure de style. Au milieu des couleurs de l’instant le passé seul est l’or du temps. Disparue, l’amante demeure. Pour autant Ritman ne pétrarquise pas. La douleur de la séparation temporelle a dérivé sous d’autres cieux.