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Les Livres

Mousseline et ses doubles, Lionel Edouard Martin

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 21 Novembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Les éditions du Sonneur

Mousseline et ses doubles, septembre 2014, 293 pages, 17 € . Ecrivain(s): Lionel-Edouard Martin Edition: Les éditions du Sonneur

 

 

Un auteur dont on a aimé, dans de précédents livres, les thèmes et l’écriture, l’originalité. Petite musique, qui lui est propre ; discrète, fine, pour autant marquée ; française, dirons-nous, de belle facture… On ne peut donc que s’être arrêté devant son nouveau livre, et son titre mystérieux, cette Mousseline, une femme, un tissu ? On n’a pas regretté.

Livre à part, dans son déroulé hyper classique de petite saga familiale, traçant son chemin travaillé, des campagnes de la fin du siècle XIX, aux guerres, dont celle d’Algérie, pour échouer – retour aux champs – sur le perron de la maison familiale, « d’où, ces soirs de causette, tes mots sourdaient, tandis que nous sirotions la liqueur de cassis, parmi l’effondrement des bûches, dans cette demeure mal close au vent du nord, où sur la toiture, sifflait cette tuile, appelée localement tuile aux loups… ».

Berceau, Eric Laurrent

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 21 Novembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Les éditions de Minuit

Berceau, octobre 2014, 96 pages, 11,50 euros . Ecrivain(s): Eric Laurrent Edition: Les éditions de Minuit

« (C’est pourquoi) il me semble que j’étais destiné, dans le fond, à l’adoption plutôt qu’à la génération. Il était dit que je n’allais pas donner la vie, mais que j’en sauverais une.

Je ne ferai donc pas souche, mais greffe ».

Berceau est le récit de cette greffe. L’adoption de Ziad ne sera pas simple, elle passera non sans mal à travers le filet du grand projet de réislamisation des sociétés arabes, par rejet des idéaux séculiers du monde occidental, lancé par les Frères musulmans, le « Printemps arabe » est aussi passé par le Maroc. Durant plus d’un an, l’auteur et sa compagne vont quotidiennement voir et accompagner à la vie leur enfant en devenir. Berceau est ce récit à prendre à la lettre, comme l’on prend à la lettre les romans de l’écrivain.

« Ayant donc compris que j’étais un homme de lettres, autrement dit que les mots exerçaient sur moi une puissance de séduction, Ziad s’est toujours fait fort de me parler, et cela très tôt. Les premiers temps, il n’était pas rare que, ce faisant, des bulles lui vinssent aux lèvres. Enfermeraient-elles des mots ? me demandais-je alors, penché au-dessus de son visage, la main placée en cornet autour du pavillon de l’oreille ».

Quand les anges tombent, Jacques-Olivier Bosco

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Jeudi, 20 Novembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Jigal

Quand les anges tombent, Jigal Polar, septembre 2014, 328 pages, 19,00 € . Ecrivain(s): Jacques-Olivier Bosco Edition: Jigal

 

Jacques-Olivier Bosco, dans une interview début 2014 au salon du polar de Drap, après la sortie de son roman Loupo, avait déclaré, en parlant de ses projets littéraires : Et puis je travaille sur un beau roman noir, dans un style plus calme, avec des personnages forts, des enfants et des ados, rien d’extraordinaire pour eux, si ce n’est des déceptions, de la rage et l’envie de vivre « différemment ».

Si l’on compare cette déclaration avec la quatrième de couverture de Quand les anges tombent, on sourit en pensant à ce que l’auteur aurait pu écrire dans un style « plus calme » et sur une intrigue plus banale. À n’en point douter, pour JOB, le « rien d’extraordinaire » se vit dans l’extrême.

« Cinq enfants kidnappés…

Un truand impitoyable, Vigo, dit le Noir, condamné à perpet’ pour le meurtre de gamins qu’il nie farouchement avoir commis…

Un avion en provenance de Russie qui par malheur s’écrase sur une prison…

Lettres à Sade, Collectif

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 19 Novembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Correspondance, Thierry Marchaisse

Lettres à Sade, Collectif, Lettres réunies et présentées par Catriona Seth, novembre 2014, 139 pages, 14,90 € Edition: Thierry Marchaisse

 

La collection mise en place par les Éditions Thierry Marchaisse est d’un intérêt réjouissant : faire écrire des lettres par des auteurs contemporains à une sommité littéraire, défunte. Ici, Sade. Choisis – ce n’est toutefois précisé nulle part – sur des critères de goût des auteurs eux-mêmes, pour le destinataire, et, pour leur connaissance du sujet, puisque plusieurs d’entre eux ont à leur actif des recherches universitaires ou des livres consacrés à ce « marquis » si particulier. On fait de l’esprit, mais on connaît parfaitement Sade, dans ce petit livre !

Faut-il le dire ; c’est passionnant, et ça se lit d’un trait. Cela donne – en sus – l’envie de revenir à ces livres sulfureux du XVIIIème siècle, le plus libertin, de les découvrir autrement, et, surtout, de voyager dans ce qui est – malgré débats et colloques, de ci de là – un produit littéraire. Peut-être avant tout. Ce qui fait écho, résonance, aussi ; ce qui – hier, et différemment, aujourd’hui – « sourd » de ces écrits, de cette vie, de cette légende. En un mot, « de quoi Sade est-il le nom ? », comme dit l’un de nos auteurs.

Les terres du couchant, Julien Gracq

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 18 Novembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions José Corti

Les terres du couchant, octobre 2014, 258 p. 20 € . Ecrivain(s): Julien Gracq Edition: Editions José Corti

 

Œuvre de publication posthume, dans ces Terres du couchant, comme dans toutes les œuvres de Julien Gracq, le personnage principal, la fonction narrative, fait montre d’un singulier détachement. Cette fois-ci, rien n’arrive par lui, c’est le guetteur attentif, sans nom, de l’événement, presque un correspondant de presse, ou de guerre.

Cette œuvre, remisée par Gracq, aurait dû prendre place entre Le Rivage des Syrtes, où Aldo appelle l’événement, le provoque, et le Balcon en forêt, où l’aspirant Grange le voit venir à lui.

Comme toujours encore, la richesse stylistique donne vie à un lexique qui s’anime :

« Un instant les souffles se taisaient pour laisser hésiter le point suprême, le rayon vert de la journée d’embellie – un rai miellé coulé au ras du sol qui engluait d’un fil d’or chaque brin de la fourrure soufflée et respirante – puis la fraîcheur tombait en nappe, les ombres dévalaient des haies submergées, couraient maintenant comme une marée ; la campagne se claquemurait. La nuit soudain était là, assise au bord des mares, la jour immobile contre le reflet louche où les bêtes vont boire » (p.58).