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Les Livres

Les Temples de l’Oubli, Christian Amstatt

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 01 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Les Temples de l’Oubli, Poèmes assortis de Photographies de l’auteur, éditions Couleurs de rimes, 43 p. 8 € . Ecrivain(s): Christian Amstatt

 

Si la porte d’Apollon ouvre Les Temples de l’Oubli, en première de couverture et en lieu de photographie prise par l’auteur lui-même

Si la porte d’Apollon ouvre ce recueil – on se dit que la déesse grecque de la Mémoire et mère des Muses, Mnémosyne, doit elle aussi veiller sur ces temples tant,

Ici, la Mémoire & la Poésie se touchent.

Et nous touchent,

jusqu’à éveiller ou réveiller des souvenirs telles des pierres levées sous les pas en connaissance, ou non, du pays ici chanté.

Dans Les Temples de l’Oubli, Christian Amstatt nous parle d’un pays d’éternité, en l’occurrence de la Grèce, dont le prologue dessine d’emblée le visage poétique ou le fait réapparaître : « (…) on sait que notre poésie plonge ses racines au plus profond de la Grèce antique – d’ailleurs le mot de poésie vient du grec Poiésis qui signifie créer, fabriquer… »

Joseph, Marie-Hélène Lafon

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Samedi, 30 Août 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Buchet-Chastel

Joseph, août 2014, 144 pages, 13 € . Ecrivain(s): Marie-Hélène Lafon Edition: Buchet-Chastel

« Ecrire ça commence comment ? J’ai attendu longtemps. J’avais trente-quatre ans, c’était à l’automne 1996, et j’ai eu le sentiment de manquer ma vie, de rester à côté ; j’étais comme une vache qui regardait passer le train et les vaches ne montent pas dans les trains. Je me suis assise à ma table et j’ai commencé à écrire… ».

Depuis ce moment, et depuis qu’un éditeur a pris ses mots en estime, Marie-Hélène Lafon n’a quitté ni l’écriture, ni son éditeur. Tenace et fidèle.

En septembre 2014, paraît Joseph, toujours chez Buchet Chastel.

« Mes livres viennent du pays… de ce coin du monde de la vallée de la Santoire… des pays frappés, évidés, récurés… des lignées finissantes des miens… des attachés, des empêchés d’aller ailleurs, comme l’écrit Ramuz dans Salutations. Je n’écrirais d’abord et avant tout que de ça, que de là-haut, pays perché perdu, tondu… ».

Marie-Hélène Lafon est fidèle à ses « pays ».

Louise, Julie Gouazé

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 29 Août 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Léo Scheer

Louise, août 2014, 161 pages, 18 € . Ecrivain(s): Julie Gouazé Edition: Léo Scheer

 

Ce premier roman brille par son écriture en lignes brisées, bousculant d’entrée de jeu la linéarité du récit :

Juin 1995. Lyon. Dans quelques semaines, Louise aura dix-huit ans. Ce week-end est le dernier avant l’épreuve de philo. Son amoureux s’appelle Marc. Louise a des parents, Marie et Roger, et une sœur.

Le ton est donné. Lapidaire. Objectif /objectal. Qui va devenir, au fil du récit, grinçant. Apprentissage de la vie.

La succession d’instantanés en accéléré, cadencés, nous plongent dans les années 95 et dans l’univers grandissant de Louise, « le Soleil » sur qui repose le cours du cercle familial bousculé, presque rompu dans la continuité quasi-parfaite de son cercle, par le Malheur injecté par ce qui arrive à l’étoile : la grande sœur de Louise, l’astre référent tombé de sa course solaire. Alice, l’aînée, l’icône pour Louise, est malade : Alice est alcoolique.

De toutes les richesses, Stefano Benni (2ème article)

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 29 Août 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud, Italie

De toutes les richesses, traduit de l’italien par Marguerite Pozzoli, juin 2014, 22 € (ce livre existe aussi en ebook, 16,99 €) . Ecrivain(s): Stefano Benni Edition: Actes Sud

 

 

« Il y a toujours quelque chose de caché à qui veut cacher »

Stefano Benni, in. Margherita Dolcevita, 2008 (Actes Sud)

 

Après avoir participé au Movimento de révolte de Bologne à la fin des années 1970, Stefano Benni conjugue son engagement politique à son goût pour la littérature comico-fantastique entre journalisme et auteur de romans, de nouvelles, de poèmes et de pièces de théâtre. La quasi-totalité de son œuvre est publiée en France par les éditions Actes Sud, dont notamment : Le Bar sous la mer (1989), Bar 2000 (1999), Saltatempo (2003), Margherita Dolcevita (2008), Pain et tempête (2011) et La Trace de l’ange (2013).

L’été des Noyés, John Burnside (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 28 Août 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Métailié, La rentrée littéraire

L’été des Noyés (A summer of drowning). Août 2014. Traduit de l’anglais (Ecosse) par Catherine Richard. 320 p. 20 € . Ecrivain(s): John Burnside Edition: Métailié

 

Un roman de Burnside est toujours un moment d’éternité. Il n’y est pas de frontière spatiale, ni temporelle. Il n’y est pas de frontière non plus entre la réalité et le monde des chimères. Tout est suspendu dans l’air, incertain, improbable, oscillant, inquiétant. « Scintillation », son dernier opus avant celui-ci, nous avait déjà emmenés dans cet univers insécuritaire, menaçant, sans que l’on sache d’où, de qui, vient la menace. On ne sait même pas s’il y a vraiment menace. Un roman de Burnside dérange, questionne, ne répond pas, ne rassure jamais.

« L’été des noyés » emprunte – un peu – au roman noir : des jeunes gens disparaissent. Thème obsessionnel chez Burnside puisque dans « Scintillation » des enfants déjà disparaissaient. Mais il y a aussi du roman d’horreur : démons et forces du Mal sont à l’œuvre. Kyrre Opdahl, le vieux pêcheur en a convaincu la jeune Liv : Trolls, sirènes et par-dessus tout la Huldra – séduisante et terrible maîtresse du monde des Ténèbres – sont plus réels que ce qui semble être le réel. Le cadre de la Norvège septentrionale offre un écrin parfait aux fantasmagories les plus effrayantes : Lumière blanche et crue après l’interminable obscurité hivernale. Et dans l’entre-deux une période terrible d’entre-deux justement, où l’on perd le sens même de l’être.