Identification

Langue portugaise

Ode maritime et autres poèmes, Fernando Pessoa, Alvaro de Campos

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 17 Août 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Editions de la Différence

Ode maritime et autres poèmes, Fernando Pessoa, Alvaro de Campos, trad. portugais Dominique Touati, Michel Chandeigne, préface Claude Michel Cluny, 189 pages, 10 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Editions de la Différence

 

 

De l’auteur multiple, 72 hétéronymes (selon Teresa Lopez, la spécialiste de la « manne » aux manuscrits, le coffre aux 21000 manuscrits, tapuscrits, dactylogrammes…), l’on retient les quatre grands coauteurs, créés de toute pièce par l’immense écrivain : Soares (Le livre de l’intranquillité), de Campos (Les grandes Odes), Caeiro et Reis, tous trois « apparus en 1915 », tous trois disposant d’un curriculum vitae, d’une vraie biographie.

Alvaro de Campos, né le 15 octobre 1890, à peine plus jeune que l’orthonyme Pessoa, ingénieur naval, tête de pont et premier à publier dans la Revue Orpheu, connaîtra « une évolution », « aspiré par l’échec » comme le découvre le fameux poème Tabacaria (Bureau de tabac) : « J’ai tout raté ».

La Reine Ginga, José Eduardo Agualusa

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 01 Juin 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

La Reine Ginga, avril 2017, trad. Portugais (Angola), Danielle Schramm, 232 pages, 21 € . Ecrivain(s): José Eduardo Agualusa Edition: Métailié

 

Le roman de Jose Eduardo Agualusa est multithématique et confine à des genres très variés : Francisco, le personnage principal, est un jeune prêtre brésilien, métis d’Indien et de Portugais. Il débarque bientôt à Luanda pour devenir secrétaire de la Reine Ginga, reine d’une grande partie du territoire de ce qui va devenir l’Afrique lusophone. C’est l’Afrique des seizième et dix-septième siècle qui sert ici de décor, l’Afrique de la colonisation européenne, mais aussi des confrontations des civilisations. Le récit, parsemé de bout en bout de descriptions de batailles, de portraits de personnages hauts en couleur, est marqué par un constat fait par ce jeune prêtre : il est en proie à des doutes intenses sur l’attitude de l’Eglise face aux « Indigènes », faut-il les respecter, les anéantir, les assimiler ?

Très vite, Francisco entrevoit une déchirure inévitable, un divorce nécessaire : « En rejoignant le service de Ginga, en vérité je fuyais l’Eglise – mais je ne le savais pas encore à ce moment-là, ou peut-être le savais-je, mais je n’osais pas affronter mes doutes les plus profonds ».

Sainte Caboche, Socorro Acioli

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 12 Avril 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Sainte Caboche, Belleville éditions, mars 2017, trad. Portugais (Brésil) Régis de Sá Moreira, ill. couv. Fernando Chamarelli, 242 pages, 19 € . Ecrivain(s): Socorro Acioli

 

C’est un vrai régal cette Sainte Caboche, premier roman publié par ces prometteuses éditions Belleville, qui offrent une particularité, celle de publier une littérature d’ailleurs, populaire et connectée, ce qui permet de découvrir et approfondir via internet différentes thématiques de l’ouvrage. Dans celui-ci, on retrouve toute la tendresse, la simplicité, l’autodérision et la ferveur de l’âme brésilienne, et tout particulièrement celle de la région la plus pauvre du pays, le Nordeste. Illustré par de belles impressions en noir et blanc d’Alexis Snell, qui rappellent, et ce n’est pas un hasard, les gravures de la littérature de cordel, Sainte Caboche nous offre aussi des glissades vers le fantastique, ce réalisme magique cher à la littérature latino-américaine. On y retrouve aussi tous les contrastes de cette terre, notamment entre une forte et souvent naïve aspiration de la population au mysticisme et la mégalomanie des notables si facilement corruptibles. C’est un roman tout plein de coração, qui sous sa simplicité apparente ne manque pas pour autant de profondeur. Le style en est limpide comme un ruisseau.

Pssica, Edyr Augusto

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 06 Avril 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Asphalte éditions

Pssica, février 2017, trad. Portugais (Brésil) Dinhiz Galhos, 142 pages, 15 € . Ecrivain(s): Edyr Agusto Edition: Asphalte éditions

 

Phrases courtes et sèches, style minimaliste, l’auteur entasse les dialogues à même le corps du texte, pas de tiret, ni de guillemets, ni de retour à la ligne. Il ne s’encombre pas de fioritures, nous sommes ici dans le brut du brut, à l’image de la brutalité dont il est question dans ce roman très noir. Les amateurs de belles littératures resteront sur leur faim, le sujet étant ce qu’il est, l’auteur ne cherche pas à en tirer une esthétique. Le malaise que ressent le lecteur est un moindre mal au regard de l’histoire de Jane, ex-Janalice, une collégienne de 14 ans, dont le petit ami n’a rien trouvé de mieux que faire circuler dans le collège via les réseaux sociaux une vidéo de leurs ébats, une fellation plus exactement. Humiliée, rejetée par tous, y compris ses parents, Janalice est envoyée chez une tante à Belém. Livrée à elle-même, elle se met à errer dans le centre-ville et chaque nuit se fait violer sous la menace, par le compagnon de sa tante. La blancheur de sa peau, sa beauté exceptionnelle et des formes déjà très avantageuses malgré ses 14 ans attirent rapidement la convoitise. Elle fait connaissance avec une fille qui traîne dans la rue et qui est en couple avec un vieux junkie. Profitant de sa naïveté, ces deux derniers la vendent à des trafiquants. Janalice se fait kidnapper en plein jour et en pleine rue.

Le Pèlerin, Fernando Pessoa

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 25 Novembre 2016. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Contes, Editions de la Différence

Le Pèlerin, trad. portugais Parcidio Gonçalves, 96 pages, 6 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Editions de la Différence

 

Lire une œuvre inachevée, inaboutie, surtout lorsqu’elle est de haute volée, fait osciller l’humeur entre le plaisir et la frustration, sans qu’il soit possible de départager ces deux sentiments. Ainsi donc du Pèlerin, bref conte de Fernando Pessoa (1888-1935) dont la rédaction fut entamée en 1917 et arrêtée, à en croire le résumé proposé par l’auteur lui-même, après environ un tiers ; probablement une envie poétique ou la naissance d’un hétéronyme ont-elles empêché que soit continué ce récit pourtant prenant et à haute teneur allégorique.

Le narrateur, un jeune homme, mène une vie paisible (« Mon enfance avait été saine et naturelle. Mon adolescence se passait sans frémissements, quasi contemplative, jusqu’au jour où apparaît sur la route un homme tout de noir vêtu qui lui dit : Ne fixe pas la route, suis-la jusqu’au bout »). A partir du moment où il reçoit cette injonction, le narrateur ressent une inquiétude qui va le pousser à prendre la route pour se lancer dans un voyage initiatique qui va le mener à l’amour.