Identification

Langue portugaise

Histoires diverses, Joaquim Maria Machado de Assis

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 28 Mars 2018. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Classiques Garnier

Histoires diverses, janvier 2018, trad., notes critiques, Saulo Neiva, 266 pages, 17 € . Ecrivain(s): Joaquim Maria Machado de Assis Edition: Classiques Garnier

 

C’est une rencontre surprenante et passionnante avec un grand écrivain probablement méconnu en France que la lecture de seize de ses nouvelles traduites en français par Saulo Neiva et publiées dans la collection des Classiques Jaunes (Textes du monde) chez Garnier.

La tonalité des « histoires » est extrêmement variée :

– fantastique, avec un dénouement horrible à la Edgar Poe : La cartomancienne

– irréelle, troublante, dans ce récit du domaine de la vision nocturne, fortement théâtrale, dont le narrateur spectateur ne distingue plus les limites entre rêve et réalité : Entre Saints

– passionnelle, torturée, fiévreuse, en cette histoire d’un amour plus ou moins refoulé entre belle bourgeoise mature à principes de vertu et jeune domestique conscient d’être un ver de terre épris d’une étoile (on se remémore les premiers émois de Madame de Rénal face à l’amour que lui exprime le jeune Julien Sorel) : Les bras

Contes, fables et autres fictions, Fernando Pessoa

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 09 Novembre 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Poésie, Editions de la Différence

Contes, fables et autres fictions, janvier 2017, trad. portugais Parcidio Gonçalves, Préface Teresa Rita Lopes, 192 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Editions de la Différence

 

En vingt pages de préface, Teresa Rita Lopes, spécialiste pessoenne du monde étrange des 72 hétéronymes et de la fameuse « malle » aux 27.000 manuscrits, pose les enjeux, limites et intérêts de ces contes « éparpillés sur des feuilles volantes ». Pessoa rédigea, dit-elle, nombre de récits policiers, il lisait Poe, se le trouvait comme modèle à sa propre écriture.

Vingt-deux textes regroupés en six sections (Paradoxes, Fables, Horreur et mystère, Compassion, Lettres sans destinataire, Conseils) révèlent certaines qualités que les livres majeurs n’ont pas toujours montrées : une certaine qualité d’humour noir, assez british, un souci de dialogues, une intimité avec les aspects ésotériques d’un parcours bien étrange…

Bien sûr, on est assez loin ici de la splendeur mélancolique des pages sans cesse ajoutées du Livre de l’intranquillité ou des poèmes qui ont fait la réputation de l’écrivain orthonyme et de ses principaux hétéronymes.

Les proses, recueillies dans le présent volume, sont des blocs compacts, lisibles pour eux seuls, d’écritures diverses, de thématiques plurielles également.

Les ombres de l’Araguaia, Guiomar de Grammont

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 25 Octobre 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié, La rentrée littéraire

Les ombres de l’Araguaia, septembre 2017, trad. brésilien Danielle Schramm, 232 pages, 18 € . Ecrivain(s): Guiomar de Grammont Edition: Métailié

 

Ce roman dédié « aux familles de tous les disparus politiques du Brésil, surtout à leur mères et leurs sœurs », aborde un passage obscur de la lutte contre la dictature dans les années 70, quand des jeunes étudiants épris de justice sociale avaient dans l’idée de libérer leur pays. Quelques-uns d’entre eux sont même allés se former à Cuba aux techniques de guérillas, et les chefs de la guérilla jusqu’en Chine maoïste.

Dehors les bate-paus et les grileiros !

Morts aux généraux fascistes !

A bas la dictature militaire !

Vive la terre libérée pour que le peuple vive et travaille !

Vive les Forces guérilleras de l’Araguaia !

Vive le Brésil libre et indépendant !

Fragments d’un voyage immobile, Fernando Pessoa

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 11 Octobre 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Rivages poche

Fragments d’un voyage immobile, précédés d’un essai d’Octavio Paz, trad. portugais Rémy Hourcade, 128 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Rivages poche

 

Lit-on vraiment l’œuvre de Fernando Pessoa (1888-1935) ? Oui, et non. Oui, une première fois, on se laisse porter par les poèmes ou la prose ; non, parce qu’ensuite on ne cesse d’y revenir, suivant les signets ou attendant du vent qu’il ouvre le volume écorné, à force, à une page quelconque qu’on lira puis qu’on rêvera. On sirote, on picore au final plus Pessoa qu’on ne le lit, en somme. Ce picorage, cette maraude quasi, c’est exactement ce que propose le petit volume Fragments d’un Voyage Immobile réédité ces jours-ci par les éditions Rivages dans leur collection de poche – avoir toujours Pessoa à portée de la main, même sous forme de « fragments », en tout lieu, tout moment, ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité.

Avant d’aborder les « fragments » en question, considérons la préface, en fait un essai signé Octavio Paz (1914-1998), long d’une quarantaine de pages, intitulé « Un Inconnu de lui-même : Fernando Pessoa » et daté de 1961. Le poète mexicain, lauréat du Prix Nobel de Littérature, s’y livre à une analyse de l’œuvre de Pessoa, éclairant entre autres la notion d’hétéronyme, indispensable pour appréhender les différents recueils du Portugais, signés aussi bien Fernando Pessoa qu’Alberto Caeiro, Ricardo Reis ou encore Alvaro de Campos.

L’empereur d’Amazonie, Marcio Souza

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 28 Août 2017. , dans Langue portugaise, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

L’empereur d’Amazonie, mai 2017, trad. Portugais (Brésil) Béatrice de Chavagnac, 224 pages, 10 € . Ecrivain(s): Marcio Souza Edition: Métailié

 

« Au-delà de l’équateur, tout est permis (Proverbe portugais du XVe siècle)

Pas tout (Luiz Galvez, détrôné) »

 

Ce roman est volontairement un pastiche de roman-feuilleton, un récit construit en une suite de textes extrêmement courts portant chacun un gros titre en majuscule, comme s’il paraissait dans un journal, mais sous ses faux airs populaires, c’est un roman dense et érudit qui tient son lecteur en haleine. Un roman que l’on peut qualifier sans hésiter de picaresque, irrévérencieux et loufoque, mais fidèle d’une certaine façon à la réalité des lieux et de l’époque prise dans une forme de folie. Le récit prend place en Amazonie à la fin du XIXème, en plein boom du caoutchouc, et nous conduit jusque dans la région de l’Acre que se sont disputée à cette période la Bolivie et le Brésil, avec comme toujours les intérêts américains en arrière-plan.