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La Une Livres

Hymne, Lydie Salvayre

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 18 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Seuil, La rentrée littéraire

Hymne, aout 2011, 240 pages, 18 euros . Ecrivain(s): Lydie Salvayre Edition: Seuil


Woodstock, 18 aout 1969, 9 heures du matin. Ils sont vingt mille, fatigués, endormis, là depuis trois jours, trois jours de fête, de musique. Ils sont vingt mille, sur les quatre cent cinquante mille, qui auront attendu. C’est la presque fin du festival, le premier du genre, trois jours dans la boue, les images qui existent l’attestent, trois jours  de  musique, Bob Dylan, Carlos Santana, les Who, bien d’autres encore. Jimi Hendrix entame, ce matin, ce qui restera un cri d’amour et de désespoir, The Star Spangled Banner, l’hymne national américain, et vingt mille personnes seront abasourdies par la puissance du cri, l’énormité du son, et la solitude du musicien.

C’est là l’origine du beau texte de Lydie Salvayre, ce matin duquel personne ne sera sorti indemne, texte écrit comme la musique de Hendrix, une respiration haletante, aux syncopes magistrales, aux harmonies rugueuses. Lydie Salvayre écrit sous la dictée de cette musique dont elle dit qu’elle fut « un cri insoutenable, insoutenablement beau, et paradoxalement libérateur ». Pour elle, ces trois minutes et quelque quarante secondes concentrent les blessures du musicien et « tous les refus d’une jeunesse que l’avidité, la brutalité et le prosaïsme de la société d’alors révulsaient jusqu’à la nausée ».

Le Juif de service, Maxim Biller (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 16 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Langue allemande, Récits, L'Olivier (Seuil), La rentrée littéraire

Le Juif de service, Septembre 2011. 160 p. 19 € . Ecrivain(s): Maxim Biller Edition: L'Olivier (Seuil)

Le titre de ce livre est assurément à prendre comme un manifeste. Dans ce récit – bouquet de bribes autobiographiques de l’auteur – on a le sentiment que Maxim Biller s’installe volontairement dans la position de l’écrivain-juif-qui-ressemble-aux-écrivains-juifs. L’écrivain juif de service donc !

 

Des passages qui évoquent Shalom Auslander :

« L’été 1977 je voulais m’installer dans un kibboutz, me mettre au travail à 5 heures et avoir toute ma journée libre à partir de 13 heures. (…) L’été 1980 je partis pour trois semaines dans un kibboutz mais fichai le camp au bout de trois jours parce que je ne voulais pas travailler pour rien, surtout à 5 heures du matin, et pissai par vengeance dans la haie de citronniers »


D’autres où on navigue dans l’univers de Woody Allen :

« Je suis juif parce qu’à vingt ans je racontais déjà des histoires juives, parce que la perspective de prendre froid me fait plus peur que celle d’une guerre et parce que je considère que le sexe est plus important que la littérature. »

Un sujet français, Ali Magoudi

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 15 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Albin Michel, La rentrée littéraire

Un sujet français, 410 pages, 2011, 22 € . Ecrivain(s): Ali Magoudi Edition: Albin Michel


« Ma vie est un véritable roman. Quand tu seras grand, je te la raconterai et tu l’écriras », disait souvent Abdelkader Magoudi à son fils, Ali, l’auteur du livre, psychanalyste de formation. Mais le père n’a jamais raconté et il a emporté dans sa tombe les secrets de cette vie romanesque. Une vie marquée par la colonisation française, par son statut d’immigré nord-africain débarquant en France, par l’occupation allemande, par Vichy, par le nazisme, par le communisme en Pologne ou la décolonisation…

Ali Magoudi décide de se lancer dans l’enquête, car il a un fils en âge de poser des questions et qu’il veut pouvoir lui donner des réponses.

Il part de quelques documents. Il va devoir fouiller dans les archives de l’administration française. Il voyagera aussi en France, en Pologne ou en Algérie, sur les traces de son père. Le travail est long et fastidieux, il avance par sauts de puce, à peine des grains de poussière. Quand il avance…

« Je mesure la démesure des territoires mnésiques à conquérir ».

Ariel, Sylvia Plath

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 11 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Gallimard

Ariel. 113 p. Poésie / Gallimard 5 € (réédition Gallimard Du monde entier, 2006). . Ecrivain(s): Sylvia PLATH Edition: Gallimard

La mort pour mettre fin à la vie du désastre.


Sylvia Plath, Ariel, présentation et traduction de Valérie Rouzeau, Gallimard, Collection Poésie / Gallimard, 2009, 5 euros.

Ariel paraît en 1965, « deux ans après que Sylvia Plath s’était donné la mort à Londres, par l’un de hivers les plus froids qu’ait connu l’Angleterre ». Ces poèmes ont été écrits pour la plupart « entre octobre 1962 (après le départ de Ted Hughes) et février 1963 – les derniers écrit sont datés du 5 février, il s’agit des poèmes « Balloons » (« Ballons ») et « Edge » (« Extrémité »). Sylvia est morte le 11 », comme le note Valérie Rouzeau dans son avant-propos. Il faut saluer une fois encore, à l’occasion de cette réédition en poche, après que l’a fait Jean Bogdelin au sein de La Cause littéraire, sa traduction, libre et inventive autant que précise, qui permet aussi de mesurer à quel point les trouvailles poétiques de Plath ont enrichi son écriture non pas de traductrice mais de poétesse : Pas revoir bien sûr, mais surtout Quand je me deux (Le Temps qu’il fait, 2009), ou encore Va où (Le Temps qu’il fait, 2002).

Room, Emma Donoghue

Ecrit par Paul Martell , le Samedi, 08 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Stock, La rentrée littéraire

Room, traduit de l’anglais (Canada) par Virginie Buhl, Stock, La Cosmopolite, 402 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Emma Donoghue Edition: Stock

Jack va bientôt fêter ses cinq ans. Il est un garçon comme les autres, avec des préoccupations de son âge… sauf qu’un certain nombre d’éléments bizarres régentent sa vie.

On apprend ainsi que « le grand méchant Nick » rôde. Il peut faire irruption chez eux tout à coup. Sa mère préfère alors cacher Jack dans un placard pour qu’il ne le voie pas…

Les dialogues prennent parfois une tournure inattendue, presque surréaliste.


« – Pourquoi t’as pas demandé des bougies comme Cadeau de Dimanche ?

– Eh bien, la semaine dernière, nous avions besoin d’analgésiques ».


Au fur et à mesure, on apprend que Jack et sa mère son séquestrés dans une même et unique pièce depuis des années, la « room » du titre. Jack y est né. Et ils n’ont pas moyen de s’échapper, la mère s’y est déjà risquée et l’a amèrement regretté…