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La Une Livres

Le Grand Partout, William T. Volmann

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 30 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Récits, Actes Sud, La rentrée littéraire

Le Grand Partout (Riding Toward everywhere), (2011), trad. de l’américain par Clément Baude, 240 p. 22 €, . Ecrivain(s): William T. Volmann Edition: Actes Sud

Le Grand Partout est le récit d’un périple mené à travers les Etats-Unis par William T. Vollmann, selon la méthode hobo. Suivant les traces d’illustres prédécesseurs comme Henry David Thoreau, Ernest Hemingway, Thomas Wolfe ou Jack Kerouac, Vollmann a pendant de longs mois sillonné le pays en grimpant dans des trains de marchandises, en toute illégalité.

Pendant des heures, il se retrouve à guetter un train dans lequel il pourra sauter, un train dont il ne connaît pas toujours la destination.

« Comme je n’avais aucune raison d’y aller, je me suis embarqué pour Cheyenne ».

Il doit aussi veiller à éviter les « bourrins » les forces de sécurité ferroviaire dont certains membres ont la violence plus que facile envers les hobos qui resquillent.

Le but de Vollmann, comme celui de nombreux hobos qu’il croisera, et avec lequel il fera un bout de route, est d’atteindre « le Grand Partout », où se trouve la légendaire Montagne Froide, lieu mythique décrit par des sages chinois … mais qui ne pourrait s’avérer qu’un leurre.

Les Barbares, Jacques Abeille

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 27 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Attila

Les Barbares, mai 2011, 550 p., 25 euros. . Ecrivain(s): Jacques Abeille Edition: Attila


« Ils n’arrivaient pas seuls mais eurent tôt fait d’être les maîtres. » Dès l’orée du livre, les barbares sont là, réduisant à néant la haute civilisation de Terrèbre. Un universitaire raconte… Mais raconte quoi ? Non la conquête, mais le reflux, celui de la horde dont la poussée brutale se commue presque aussitôt en une quête erratique d’un homme et d’un livre. Cet homme, c’est le « voyageur », narrateur et auteur des Jardins statuaires, celui qui cherchait le prince des barbares aux confins du monde des jardins. C’est à présent le prince qui se lance à la poursuite, accompagné du professeur, ethnographe d’un peuple en déclin.

Suite des Jardins statuaires, Les Barbares en sont également l’envers. Traducteur du livre des jardins dans la langue de Terrèbre, le professeur scrute passionnément son reflet dans le monde qu’il découvre. Auteur à son tour, accumulant des notes savantes, il signe un livre symétrique, monument nostalgique du peuple barbare, de même que Les Jardins statuaires témoignent d’un temps révolu, d’une civilisation balayée par ces barbares en train de s’éteindre.

Betty, Arnaldur Indridason (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 23 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Polars, Pays nordiques, Métailié, La rentrée littéraire

Betty. Trad. de l’islandais par Patrick Guelpa. 27 octobre 2011. 206 p. 18€ . Ecrivain(s): Arnaldur Indridason Edition: Métailié

Diamant d’un noir étincelant, Betty est un chef-d’œuvre du genre. Un chef-d’œuvre qui va compter dans la littérature noire. Donc dans la littérature tout court.

On a l’habitude avec Indridason de plonger dans un univers sombre, fatidique, marqué par la course tragique des êtres. Avec Betty, notre Islandais favori, qui abandonne pour ce livre son détective fétiche Erlendur Sveinsson, atteint des sommets, signant un polar digne de la plus belle époque, celle des Chandler, des Goodis. Et puis celle de James Cain. Betty commence bien sûr par une épigraphe de lui :

« Ceci devrait être un meurtre tellement désolant que ça n’en serait même pas un, mais seulement un banal accident de voiture qui arrive quand des hommes sont soûls et qu’il y a de l’eau-de-vie dans la voiture et tout ce qui va avec . » (James M. Cain, Le Facteur sonne toujours deux fois)

Et la citation ne s’arrête pas là. En fait, elle ne s’arrête pas du tout ! Jusqu’à la fin du livre, Indridason nous offre une merveille de « remake » du Facteur. Ce n’est pas nouveau. Ce chef-d’œuvre de la littérature noire a inspiré des centaines de livres et de films.

La couleur de la nuit, Madison Smartt Bell

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 21 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Actes Sud, La rentrée littéraire

La couleur de la nuit (Color of night) (2011) 240 p. 22 € Traduit de l’américain par Pierre Girard . Ecrivain(s): Madison Smartt Bell Edition: Actes Sud

 

Mettons de côté ce titre, La couleur de la nuit (Color of night en VO), le même que celui d’un mémorable nanar avec Bruce Willis et Jane March. Titre aussi un peu bateau, aux allures de déjà vu et qui ne rend pas tout à fait compte de la teneur de ce petit joyau noir, très noir.

Les attentats du 11 septembre 2001 font replonger Mae dans son passé. Devant sa télé, elle reconnaît Laurel, son amour de jeunesse, avec laquelle elle a perdu contact depuis plus de trente ans. Elle se passe dès lors en boucle les images de l’apocalypse new-yorkais et ne songe qu’à retrouver son ancienne amie.

Les images de Laurel réveillent également la mémoire de Mae. Elle se rappelle cette époque flower power, au moment où les deux femmes s’étaient rencontrées. Elles avaient finies par se retrouver membres d’une secte, dirigée par D, « le visage de Dieu parmi nous », « notre père, notre mère à tous ». Entre deux partouzes et trips hallucinatoires, à ne plus savoir distinguer la réalité, ni qui est qui, ils partaient dans des virées meurtrières ne rappelant que trop celles de Charles Manson et de sa bande, comme le meurtre de Sharon Tate, la femme de Roman Polanski, alors enceinte.

D'un pays sans amour, Gilles Rozier

Ecrit par Anne Morin , le Vendredi, 21 Octobre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Récits, Grasset, La rentrée littéraire

D’un pays sans amour, 439 pages, 2011, 21,50 € . Ecrivain(s): Gilles Rozier Edition: Grasset


A Rome, dans son palais, Sulamita, une très vieille dame, vit volontairement recluse dans quelques pièces, hors du temps. Elle règne sur une bibliothèque dont elle a patiemment collecté les pièces, des archives, des livres. Peut-être ce que Claudel aurait appelé des « documents démantibulés ». Elle est la mémoire de ce pays perdu, le Yiddishland d’où a rayonné entre deux guerres à Varsovie la plus haute poésie. Cette langue immémoriale, le yiddish, rejaillissant à travers les œuvres telle une source inspirée, et inspiratrice.

A Paris, un jeune orphelin Pierre, trouve chez un bouquiniste une revue illustrée par Chagall où figure un écrit d’un certain Uri-Zvi Grinberg. A la recherche de ses origines, désormais seul au monde avec un nom, celui de sa grand-mère polonaise, il entre en correspondance avec Sulamita, et ils se rencontrent dans ce qu’elle appelle son « palais de mémoire ».

Entre la vieille dame et le jeune homme s’ouvre une histoire d’amour et de correspondances : elle retrouve en lui Ezra, l’amour perdu de sa jeunesse, et lui Anna, sa grand-mère.