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La Une Livres

La mort de près, Maurice Genevoix

Ecrit par Guy Donikian , le Dimanche, 11 Décembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, La Table Ronde - La Petite Vermillon

La mort de près, La table ronde, "la petite vermillon", 141 p. 7 € . Ecrivain(s): Maurice Genevoix Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

« Une longue existence, lorsqu’elle approche de son terme, propose des perspectives plus spacieuses et plus simples, en quelque sorte désencombrées. »


C’est en ces termes que Maurice Genevoix, clôt son récit. Un récit qui paraît en 1972, alors que l’auteur est déjà âgé, et qu’il sent sa fin proche. Si « Ceux de 14 » était le récit cathartique du jeune normalien où le rythme du récit est lié au besoin de témoigner de l’horreur, « La mort de près » apparaît comme apaisé, débarrassé des scories de l’émotion, désencombrées dit-il. Et plus loin : « ce qui a compté s’affirme, s’impose, avec une évidence qui devient vite impérative, car la conviction l’accompagne que cet acquis ne nous appartient pas ». L’essentiel, voilà ce dont veut témoigner Genevoix. Foin des apitoiements, l’heure pour lui n’est plus à la plainte, à la dénonciation ou à l’expression de son indignation. Il s’agit plutôt de dire par le menu la souffrance, les blessures, la mort, à l’aide de descriptions minutieuses, l’écrit est plus méthodique, plus précis, au service de l’essentiel, de ce qui devra servir à la postérité.

Les Griffes du Passé (Known to Evil) Walter Mosley (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 11 Décembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Polars, USA, Editions Jacqueline Chambon

Les Griffes du passé (Known to evil). Nov. 2011. Trad. De l’anglais (USA) Oristelle Bonis. 355 p. 23 € . Ecrivain(s): Walter Mosley Edition: Editions Jacqueline Chambon

Walter Mosley est l’un des derniers dinosaures du roman noir américain. Il est tout droit sorti de l’univers irremplacé de l’âge d’or, celui de Raymond Chandler, de Davis Goodis, de Chester Himes. Son monde est pétri de la même pâte : la Ville, partout dévorante, létale, asphyxiée et pourtant d’une beauté écrasante. Les personnages de Mosley, depuis 20 ans et près de 20 livres, sont happés par la Ville comme des papillons par la lumière : ils s’y grillent les ailes mais n’en partiraient pour rien au monde. Le monde de Mosley est noir (dans tous les sens du terme, Walter Mosley, comme Chester Himes, est Afro-Américain) et mégapolitain.

Avec Les Griffes du Passé, on lit la deuxième enquête du nouveau héros de Mosley, Leonid McGill. Détective privé bien sûr (je vous l’ai dit, grand classique !), noir, désabusé, mais qui ne pourra jamais se défaire d’une croyance originelle en l’humanité. Malgré. Malgré tout. Et le « Tout » ce n’est pas rien !

A la recherche d’une jeune femme introuvable, Leonid va nous emmener dans un voyage improbable à travers un New York –évidemment – fascinant. Et pourtant tout a commencé par un coup de fil qui semblait annoncer une affaire des plus simples :

La Revue Littéraire (ed. Léo Scheer) N° 51 : Hervé Guibert (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 09 Décembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Revues


Excellent numéro que nous offre LA REVUE LITTERAIRE (Léo Scheer), pour saluer la mémoire d’Hervé Guibert, disparu il y a vingt ans, le 27 décembre 1991.

Excellent parce qu’il évite tous les écueils du genre « mémorial » qui plombent en général ce genre d’entreprise. L’hagiographie « enthousiaste », l’érudition épuisante, le papillonnage autour de la seule figure centrale.

Dès l’avant-propos, Arnaud Genon pose le fil rouge du projet : que reste-t-il d’Hervé Guibert vingt ans après ? Et sa conclusion est des plus claires : il reste … Hervé Guibert !

Toutes les interventions ici ont un ton, un propos, un regard authentiques et à la sortie de la lecture de ce numéro on connaît mieux, loin des volutes sulfureuses des « buzzs » médiatiques de l ‘époque, Hervé Guibert. L’écrivain authentique, l’amant vénéneux, la source d’inspiration d’écrivains marqués par le structuralisme, le photographe passionné et étrange, et la myriade de facettes d’un écrivain, d’un homme qui – malgré la brièveté de son existence – a eu le temps d’être fascinant. Trop sûrement : d’avoir été, par sa sexualité, sa souffrance, sa maladie, sa mort, hyper-médiatisé, il souffre assurément aujourd’hui d’une sorte d’oubli injuste.

Millénium 1, les hommes qui n'aimaient pas les femmes, Stieg Larsson

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 04 Décembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Pays nordiques, Actes Sud, Babel (Actes Sud)

Millénium 1. Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (Män som hatar kvinnor, 2005), traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain, Babel Noir, 710 p. 11,50 € . Ecrivain(s): Stieg Larsson Edition: Babel (Actes Sud)

Après la bataille.

La saga Millénium a remporté un succès colossal. A un moment, tout le monde semblait la lire ou l’avoir lue, il devenait presque difficile de résister à la déferlante. Le livre était de toutes les conversations. Il y avait ceux qui l’avaient lu et les autres.

Les autres…

Certains, qui lisaient là leur seul livre de l’année, ne comprenaient pas qu’on ne puisse pas avoir déjà dévoré cette formidable aventure littéraire. Il nous manquait quelque chose à nous qui n’avions pas encore succombé.

Mais parfois on se méfie. Pas du succès. Ce n’est pas parce qu’un livre rencontre un tel engouement qu’il est nécessairement mauvais (comme peuvent le prétendre certains pour qui la confidentialité est gage de qualité). Mais on se souvient du précédent Da Vinci Code.

Zoli, Colum McCann

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 29 Novembre 2011. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Iles britanniques, Roman, 10/18

Zoli – Irlande 2006 - Traduit de l'anglais (Irlande) par Jean-Luc Piningre . Ecrivain(s): Colum McCann Edition: 10/18


1930 - Zoli Novotna avait six ans, mais elle n’était heureusement pas là quand sa famille se retrouve bloquée sur les glaces par la Hlinka, qui allume ensuite des feux sur la berge. Elle n’était heureusement pas là quand sa mère, son frère, ses deux sœurs et toute la famille, roulottes, chevaux, quand tout part englouti sous les eaux.


« Lorsqu'il a commencé à faire moins froid dans l'après-midi, les roulottes, bien obligé, se sont déplacées vers le milieu du lac. Mais la glace a fini par craquer, les roues se sont enfoncées et tout a coulé en même temps, les harpes et les chevaux »


La Hlinka c’est la haine. La milice fasciste de Slovaquie. La petite Zoli et son grand-père fuient sur les routes, fuient la Hlinka, fuient la haine et la mort, avec pour leitmotiv cette phrase qui reviendra tout au long du livre et qui pourrait finalement presque tout résumer :