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Les occupations, Côme Martin-Karl

Ecrit par Stéphane Bret 09.03.13 dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Jean-Claude Lattès

Les occupations, février 2013, 208 pages, 17 €

Ecrivain(s): Côme Martin-Karl Edition: Jean-Claude Lattès

Les occupations, Côme Martin-Karl

 

 

Les conduites de nos ancêtres pèsent-elles sur nos vies et nos actes quotidiens ? Peut-on les corriger a posteriori ? C’est à cette question d’une actualité quasi permanente que se consacre Côme Martin-Karl dans son premier roman Les occupations. L’auteur joue d’entrée sur le caractère polysémique du mot occupation. Celui-ci désigne une activité, et aussi une période sombre de notre histoire nationale. Dans la langue anglaise, il signifie « profession ».

Deux personnages charpentent le roman : Marcel Miquelon, qui est un gratte-papier subalterne au service de la Propagandastaffel durant l’Occupation. Il est chargé de lire tout ce qui paraît, de le faire reformuler par les candidats à la publication, ou de prescrire purement et simplement l’interdiction des œuvres incriminées.

Pierre Miquelon, son petit-fils, connaît une enfance sans histoires ni aspérités. Il vit son adolescence au début des années 80 qui le mène vers la filière technico-commerciale qu’il quitte quelque temps plus tard faute d’affinités solides pour ce domaine. Il rencontre, dans une école commerciale, Thierry, jeune marginal. Ce dernier a vécu en Allemagne, il a été en contact avec des gourous issus du paranormal. En même temps que son attirance pour Thierry, Pierre découvre son homosexualité et décide de vivre avec Thierry. Après moultes péripéties, ils se séparent et Pierre est invité chez ses parents avec lesquels il est retourné vivre, dans l’Aude. Il y retrouve les archives de son grand-père Marcel. Celles-ci contiennent force détails sur ses activités de censeur ; on y apprend ainsi qu’il a demandé à Jean-Paul Sartre de modifier le texte de sa pièce Les mouches, que son grand-père a sérieusement songé à se reconvertir lorsque la Libération approchait. Il découvre que celui-ci a été fusillé, la justice d’alors, parfois expéditive, n’ayant pas admis ses arguments pour le disculper…

Ce roman contient également des réflexions éclairantes sur l’Occupation, son climat : « C’est à ce genre de détail qu’on comprend combien le terme “occupation” est pertinent dans son exactitude à désigner ce moment de l’histoire de France. Et renvoie dans le même mouvement au profond emmerdement d’un peuple astreint au couvre-feu (…) et à la recherche désespérée de choses à foutre».

Les deux personnages, à deux générations d’intervalle, ont pour point commun « ce désir de ne pas aller trop haut pour ne pas tomber trop bas ». Ce parallélisme générationnel est singulier ; il pose bien la question de la solidarité, ou de l’absence, des actions d’êtres liés par une attache familiale.

 

Stéphane Bret


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A propos de l'écrivain

Côme Martin-Karl

 

Côme Martin-Karl a été assistant parlementaire avant de travailler dans la publicité. Il collabore également à des magazines de presse écrite.

 

A propos du rédacteur

Stéphane Bret

 

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63 ans, réside actuellement à Boulogne-Billancourt, et s’intéresse de longue date à beaucoup  de domaines de la vie culturelle, dont bien sûr la littérature.

Auteurs favoris : Virginia Woolf, Thomas Mann, Joseph Conrad, William Faulkner, Aragon, Drieu La Rochelle, et bien d’autres impossibles à mentionner intégralement.

Centres d’intérêt : Littérature, cinéma, théâtre, expositions (peintures, photographies), voyages.

Orientations : la réhabilitation du rôle du savoir comme vecteur d’émancipation, de la culture vraiment générale pour l’exercice du libre arbitre, la perpétuation de l’esprit critique comme source de liberté authentique."

 

REFERENCES EDITORIALES :

Quatre livres publiés :

POUR DES MILLIONS DE VOIX -EDITIONS MON PETIT EDITEUR 
LE VIADUC DE LA VIOLENCE -EDITIONS EDILIVRE A PARIS
AMERE MATURITE -EDITIONS DEDICACES 
L'EMBELLIE - EDITIONS EDILIVRE A PARIS