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La Une CED

2 poèmes, par Charles Orlac

Ecrit par Charles Orlac , le Lundi, 13 Novembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

1. Andalousie

 

Les persiennes font mienne

L’ombre des siestes

Un rêve naît strié de banderilles

Avec ses gradins de collines

Son or et son arène

Un rêve de tauromachie

Avec ses flamands roses

Et ses noirs flamencos

Leurs noces de sang

Et ce long rituel

Qui fait couler le rimmel de l’été

A propos de L’ours des mers, Marc Kober, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 10 Novembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

L’ours des mers, Marc Kober, éd. Rougier Vincent, Coll. Plis Urgents, juin 2017, illust. Vincent Rougier, 50 pages, 13 €

D’un monde à l’autre

Le livre est mince et il tient à l’aise dans la poche. Il n’en est pas moins grand, il contient le monde sous « une nuit piquetée de points lumineux ». Bref, il tient sa place et son rang.

Le poète l’a divisé en six « sections », elles paraîtront ici et chacune à son tour.

L’ours des mers n’a pas volé son nom, il aime à se baigner : nous assistons à « son premier bain / au plus profond du nu ». On le devine blanc, car il porte des lunettes noires, selon celui qui le dessina avec finesse et élégance, Vincent Rougier. Il paraît dans son costume naturel, sous ses poils, tout comme un homme c’est probable, tout comme le « dieu nu dans les flots » de l’épigraphe, sous « la constellation du Grand Ours ». On le devine aussi peu rassuré que le lecteur ou que l’homme moyen « sans combine ». Ses pensées ne sont pourtant pas des plus pures (on y rencontre Dédé-la-saumure) et c’est le chaud mois de juin, tout cela est bizarre… pour un ours ! Les environs semblent peuplés de nudistes et d’étranges individus qui vont « Sous l’œil unique de Ganymède au naturel / La matraque en berne  / La double lune à l’air ». Voilà qui semblera plus belge que nature au lecteur averti.

Richard Millet entre deux rives, 2 livres, par Jean-Paul Gavard-Perret

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 09 Novembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

La nouvelle Dolorès, Richard Millet, Editions Léo Scheer, septembre 2017, 210 pages, 18 €

Rouge Gorge, Richard Millet, Jean-Gilles Badaire, Fata Morgana, 2017, 32 pages

 

Richard Millet entre deux rives

La littérature de Richard Millet est une quête dont le corps, avant le texte, est la surface d’enregistrement. Il est nécessaire que le second soit soumis à la force du premier pour émettre une sensation et le cri plutôt que l’horreur ou l’extase, c’est-à-dire exprimer le corps surpris, par une force invisible, le faisant crier, et non un spectacle horrible ou érotique.

Les descriptions ne sont là que pour donner sens à un fait interne du sujet en tant qu’expérimentation vécue de l’intérieur du corps. Millet sait à la fois la restituer, fixer et mettre à distance, c’est-à-dire représenter le visible en une littérature non de visualisation « cinématographique » mais de la présence.

Rencontre avec l’écrivain, poète et éditeur Pierre Parlant, par Philippe Chauché

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 08 Novembre 2017. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

La Cause Littéraire Après avoir beaucoup écrit, pas mal voyagé, aux Etats-Unis d’Amérique sur les traces de l’historien d’art Aby Warburg, ou encore au Liban, vous avez fondé la revue Hiems qui a cessé de paraître en 2003, beaucoup visité l’art, la littérature et la philosophie et fondé une toute nouvelle collection Ekphr@sis. Les trois premiers livres sont disponibles : « Le doigt dans l’œil » de Sébastien Smirou, « Cyril » de Didier da Silva, et « L’éléphant de mon père » de Xavier Girard, d’autres sont attendus cet automne.

L’ekphrasis est un mot grec, que l’on traduit par « description, expliquer jusqu’au bout », citant le philosophe Aelius Théon vous notez qu’il s’agit d’« un discours qui nous fait faire le tour de ce qu’il montre en le portant sous les yeux avec évidence », et vous ajoutez qu’il s’agit pour les écrivains que vous sollicitez de porter sous les yeux ce que montre leur texte : c’est-à-dire des lieux, des personnes, des moments remarquables, des choses faites, la situation porte donc le romanesque ?

Les rêves naissent des ailes des pigeons rôtis, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mercredi, 08 Novembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

C’est grâce à Oustaz (1) M’Hammed El Festi (2) Effendi (3), un charlatan qui appâtait les femmes en leur promettant des remèdes miraculeux ; en leur vendant amour, réussite, succès, guérison et bien-être, que nous nous retrouvâmes, ma mère et moi, en plein été, en Egypte, dans la ville du Caire. Cette année-là, le mois d’août était particulièrement torride. La température atteignait, parfois, jusqu’à cinquante degrés. Malgré la canicule et la chaleur suffocante, tous les jours, à l’aube, la foule pullulante se jetait aveuglément dans la gueule de la vie vociférante. Lorsque le soleil parvenait à son point culminant, la belle et envoûtante Oum El Dounia (4) devenait alors un enfer sur terre.

Tumulte ! Tempêtes de sable brûlant ! Clameur ! Rumeurs ! Klaxons ! Harara (5) ! Zahma (6) ! Fawda (7) !

Nous étions au cœur de la fournaise humaine. La révolution était loin derrière nous. La misère poussait partout ; le désespoir proliférait ; la désillusion était sur toutes les langues. La ville et ses bas-fonds pouilleux, crasseux, miteux, miséreux, diffusaient une odeur âcre. C’était le temps de la remise de soi à une fatalité qui collait aux basques de ce peuple comme une sangsue. L’espoir d’une vie meilleure avait été définitivement enterré.