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La Une CED

Trois poèmes, Charles Orlac

Ecrit par Charles Orlac , le Lundi, 04 Décembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Enfances voix prisonnières

 

Sous le pont clapote la lumière

Mille picotements à fleur d’eau

Du verre en poudre pour les yeux

Un passage clouté sous les pieds de Dieu

 

Sous le pont se reflète une voix

Elle salue l’eau salubre du fleuve

Les miroirs envoûtés où se meuvent

Les corps et les âmes d’autrefois

 

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Le Journal de MCDem (1), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 30 Novembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Ecrits suivis

 

Lundi 6 novembre

 

Fossiles dans la caillasse ce matin, reste minéralisé d'un trilobite : des traces, toujours des traces fouillées d'un passé éteint, qui remontent à la mémoire... Survie des corps mous par leur coquille -empreintes rupestres- vidés de leur masse viscérale ; survie de l'Ère primaire, à des millions d'années. Des centaines de millions d'années. Tu es moins qu'une poussière, une micropoussière, 1/1000ème de micropoussière.

 

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Ah ! Les hommes, par Sylvain Gau-Gervais

Ecrit par Sylvain Gau-Gervais , le Jeudi, 30 Novembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Au pied du pisse-pas-là,

buvez vos érotisantes 8.6,

et des femmes passent lasses :

vous restez, reliques d’un temps assis.

 

Votre regard passif, pour insistant

n’a pas mépris l’air du temps

que fument les femmes d’après l’histoire,

existentiel encens, gloire –

Le Condamné à mort, Jeanne Moreau et Etienne Daho, Jean Genet, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 29 Novembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Côté Musique(s)

Le Condamné à mort, Jeanne Moreau et Etienne Daho (Radical Pop Music/Naïve, 2010), Jean Genet, Gallimard/Poésie, 1999, 130 pages, 6,20 €

 

La poésie mise musique, on connaît, avec des réussites éblouissantes (John Cale et Do not go gentle into that good night, de Dylan Thomas, pour ne citer qu’un exemple), mais aussi des exercices intellectuels où certes la musique est d’une grande beauté, mais où la poésie, dans ce qu’elle a de plus formel, donne à l’ensemble un aspect guindé (rien à faire, Léo Ferré, c’est pour les connaisseurs, j’ai des difficultés à croire que ses enregistrements de Baudelaire et Rimbaud puissent donner un plaisir inconditionnel, une pure jouissance, à qui que ce soit) et des choses dont il vaut mieux feindre l’ignorance la plus totale (Mylène Farmer interprétant L’Horloge, à réserver aux sourds) ; l’interprétation du Condamné à mort de Jean Genet par Jeanne Moreau et Etienne Daho fait partie de la première catégorie, voire la sublime, et ce qui suit ne servira pas tant à le démontrer qu’à expliquer en quoi cette interprétation est bouleversante.

A propos de Las Meninas (Les Ménines), Ernesto Anaya Ottone, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 28 Novembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Las Meninas (Les Ménines), Ernesto Anaya Ottone, ediciones Paso de Gato, 2007 (le texte a été traduit en français par Adeline Isabel Mignot et sera prochainement publié en français)

 

« Le tableau des tableaux »

L’historien d’art, Daniel Arasse, écrivait à propos du plus célèbre des tableaux de Vélasquez que « le temps n’épuise pas Les Ménines mais il les enrichit ». L’œuvre de 1656 n’a en effet cessé de refaire peinture ; il suffit par exemple de penser à la série de Picasso en 1957 sur le sujet, et tant d’autres œuvres comme celles de Dali, Botero ou Watkin. Elle a été aussi matière philosophique dans Les Mots et les Choses de M. Foucault en 1966. Extraordinaire tableau dont le peintre nous regarde dans le hors-champ, dans « l’inverse » d’une scène de cour. On comprend dès lors que le dramaturge mexicain Ernesto Anaya en fasse un propos de théâtre ; le plateau avec ses cinq personnages se substituant en quelque sorte à la surface picturale, le contemplateur de la toile devenant un spectateur.