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La Une CED

Des fleurs dans le vent : Le cas Ristić, par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Jeudi, 14 Juin 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Des fleurs dans le vent, Sonia Ristic, Intervalles éditions avril 2018

 

Si Rimbaud s’est mis du vent sous la semelle, comme il est dit, nul doute que ce dernier, je veux dire le vent, s’est de Sonia Ristić fabriqué deux paires à la mesure de ses élans. Car à celui qui voudrait la suivre, il faut savoir garder patience ou de ses mots se contenter. Or il arrive à la trombe humaine de s’alunir et livre en main de se prêter au jeu de l’entretien. Parfois. D’où ce jeudi 12 avril 2017 à Paris. Jour de sortie. Soir de partage. Dédicaces à tout rompre. Bizarre, enfin, de l’aborder par le bruit et l’odeur, Sonia. Les moins jeunes le savent bien. Les autres au diapason se mettront.

Des fleurs dans le vent. De prime(ur) abord, ça pue la bluette kitsch à trois centimes rouillés ou la dystopie bio pour masturbateurs de chevrotins lyophilisés. Pas possible… Rembobinons.

Non mai dis donc… 68, par Joëlle Petillot

Ecrit par Joelle Petillot , le Mercredi, 13 Juin 2018. , dans La Une CED, Ecriture

J’eusse aimé raconter les réunions passionnées, le bazar jubilant, une belle histoire d’amour libre nouée sur les pavés lancés par ma révolte. Dzim et boum.

Joker.

Née en 1956, je m’employais à clore en ce chaud printemps une sixième paisible dite « classique » parce que le latin y figurait en place d’honneur, enseigné par une dame minuscule que ses colères tsunamiques rendaient immense. Elle nous formait, nous façonnait, traduisant la beauté, remontant le français à la source, faisant de l’étymologie une épopée, discutant parfois une heure entière avec nous qui devions lui dire quels livres on aimait, et pourquoi. Quand le mot « dialogue » s’imposa lors de cette période où tout valsait en l’air, il fut accueilli par elle d’un haussement d’épaule suivi d’un cassant : « Je le pratique déjà ».

À mon aimable honte, l’agitation ambiante m’offrit des cadeaux sans prix, bien éloignés d’une prise de conscience politique ; plus encore d’un sentiment d’urgence contre le vieil ordre des choses. Mes douze ans-qui-en-paraissaient-quinze (détail crucial en ce mai-là…) y trouvèrent le goût exquis de l’imprévu, la cassure dans le temps, un été précoce à la petite cuiller.

Histoire du scandale, Jean Claude Bologne, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 12 Juin 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières

Histoire du scandale, Jean Claude Bologne, Albin Michel, février 2018, 300 pages, 20,90 €

 

De la crucifixion aux femen

 

« …je reste convaincu que la notion de scandale s’est maintenue au cours des âges parce qu’elle correspond à une nécessité de notre culture occidentale, sinon de l’âme humaine » Jean Claude Bologne

« La multiplication des scandales a fini, pour un certain nombre d’électeurs, par jeter le discrédit sur la démocratie représentative », J.C. B.

« … le scandale n’a peut-être qu’une fonction dont découleraient toutes les autres : nous tenir en permanence en éveil… », J.C. B.

« Le scandale ne se résume pas au fait scandaleux : il suppose sa publicité et une réaction du public qui l’intègrent dans un processus dynamique où chaque concept trouve sa place », J.C. B.

Les enfants de Vallabrègues, Gilles Brancati, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 11 Juin 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Les enfants de Vallabrègues, Gilles Brancati, éditions Chum, février 2018, 211 pages, 17 €

 

Ce livre de l’auteur Gilles Brancati marque d’emblée son territoire par son ouverture sur la tentative de suicide d’un prisonnier atypique. Sylvan Sorgues, incarcéré depuis plus d’une quinzaine d’années, vient de s’ouvrir les veines à l’aide d’un scalpel. Nous apprenons par l’intermédiaire d’un témoin de la scène, le co-détenu Jacob Lerish surnommé « la Juive », que Sylvan est un homme tolérant et féru de lectures à tel point qu’il a donné le goût des livres et de la connaissance à son compagnon de cellule pourtant cas difficile, « à la mauvaise réputation », « violeur récidiviste de fillettes de treize à quinze ans ». Sylvan Sorgues, l’anti-héros de ce roman qui en a pris pour « vingt-cinq piges » pour le meurtre d’Alice, est en fait un homme atypique, incarcéré aux « belles manières », intelligent, qui a même demandé « à bosser à la bibli pour les livres, et pour les faire lire à tous les arriérés qui sont ici et pas pour faire le mariole » comme le rapporte dans son bloc-notes Jacob Lerish. Un prisonnier à part qui ne « juge » pas ses collègues de prison (toujours Jacob Lerish : « C’est pas une raison suffisante pour s’en prendre aux gosses, mais ce n’est peut-être pas entièrement de ta faute, que tu disais »). Ce schéma inhabituel éveille la curiosité du lecteur qui d’emblée éprouve l’envie de connaître davantage l’histoire de cet étrange inculpé, et entre dans l’univers de l’intrigue dès le premier chapitre.

La rébellion universelle - L’Espoir à l’arraché, Abdellatif Laâbi, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 08 Juin 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

L’Espoir à l’arraché, Abdellatif Laâbi, Le Castor astral, juin 2018, 144 pages, 14 €

 

 

Je ne connais Abdellatif Laâbi que par ce recueil que j’ai reçu il y a peu. Je l’avais rencontré il y a longtemps dans un séminaire de troisième cycle sur les lettres francophones à Bordeaux, et j’ai gardé en mémoire – moi qui ne connaissais pas l’œuvre du poète – un être à la fois grave et inquiet. Et je retrouve cela dans les poèmes que publie cette année Le Castor astral. J’y vois en effet une période de la vie de l’auteur, qui a été incarcéré et torturé au Maroc, événements qui, on l’imagine, ont été marquants. Je dis cela sans déflorer le caractère puissant de ces poèmes en vers qui, avec une certaine banalité d’expression, relatent cette expérience de la douleur qui est, il me semble, universelle.