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La Une CED

Merci, je préfère les huîtres, Marianne Braux

Ecrit par Marianne Braux , le Mercredi, 04 Octobre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

C’est nouveau, ça vient de sortir : les traditionnelles perles du bac seraient un symptôme de plus de notre culture éducative « du dédain », défectueuse et obsolète, basée sur l’humiliation permanente de ses jeunes et la hauteur inavouée de ses vieux, lesquels prendraient depuis trop longtemps un malin plaisir à « moquer les idioties » et « exhiber les bêtises » des lycéens qui « non, n’ont pas un QI d’huître ». Madame Cahen, à l’origine d’une contre-offensive visant à valoriser les « anti-perles » (somme des « fulgurances » de bons élèves, fièrement rapportés sur internet), et les médias en quête d’ondes positives qui s’en font le relais, voient-ils donc d’un si mauvais œil les « absurdités » laissées, parfois volontairement rappelons-le, par des élèves, osons le dire, souvent brillants à leur insu et audacieux ?

L'amour du vélo : 2 livres, par Jean Durry

Ecrit par Jean Durry , le Mardi, 03 Octobre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Le goût du vélo, Textes choisis et présentés par Hélène Giraud, Mercure de France, juin 2017, 128 pages, 8 €

 

Dans la jolie lignée de la collection, ce Goût du vélo est une nouvelle réussite qui rassemble intelligemment sous son petit format des textes assez savoureux pour faire partager l’envie de telle ou telle activité.

Cette fois-ci, Hélène Giraud, qui les présente, les a choisis et regroupés selon quatre thèmes : le vélo pour « sentir et ressentir » ; « changer le monde » ; « rire » ; « se dépasser » c’est-à-dire la compétition. Les meilleurs auteurs français pour la majorité sont au rendez-vous, soit 29, de Maurice Leblanc, Pierre Giffard, Alphonse Allais, Emile Zola, Jarry, Jules Romains jusqu’à nos jours, Pierre Sansot décrochant seul la palme d’une double citation.

Merci – ou plutôt mercycle – beaucoup.

A propos de Villa Vortex, Maurice G. Dantec, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 03 Octobre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Villa Vortex, Maurice G. Dantec, Folio/Policier, 1008 pages, 13,99 €

 

Le 25 juin 2016, le cœur de Maurice Georges Dantec a cessé de battre, et la littérature en français a perdu l’une des plus puissantes plumes contemporaines, ni plus, ni moins. On peut préférer les chipoteries stylistiques au bouillonnement de Dantec ; on peut préférer l’étalage d’états d’âme individuels à son envie d’embrasser le monde moderne tel qu’il est à pleine bouche, quitte à vomir à cause de son haleine puante ; on peut préférer les pensées bien rangées, avec des petits a et des petits b fleurant bon le politiquement correct post-sartrien à sa pensée-fleuve, sauvage, alimentée par des sources peu recommandables pour qui aime penser droit dans ses chaussons le soir au coin du feu. On peut, tout cela, on le peut – mais est-ce bien de littérature en tant que déchirement du voile du réel que l’on parle, en ce cas ? Non, c’est de littérature en tant qu’objet salonnard, que l’on parle. En soi, ce n’est pas grave, c’est même très bien, il en faut, et on en lit aussi – mais que cela n’empêche en rien la fréquentation des romans de Dantec et la reconnaissance de leurs qualités émérites.

Trois histoires échappées 1) Rue du Bac – Histoire orgueilleuse, par Patrick Abraham

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 29 Septembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

Je le voyais souvent dans ce café-brasserie de la rue du Bac où il venait déjeuner presque chaque midi, en terrasse s’il faisait beau, à une table près de la porte des toilettes les jours de pluie ou de froidure hivernale. Ses livres n’étaient plus lus ni régulièrement réédités. Ses éditeurs l’oubliaient. D’autres modes, d’autres enjeux étaient apparus et ce qu’il avait aimé ou combattu, ce qui avait soulevé ses enthousiasmes ou déclenché ses colères n’était plus compris par personne. Je m’explique mal : il n’avait jamais été un écrivain d’idées. Ses emportements, ses enivrements – qui avaient emporté et enivré tant de lecteurs et surtout tant de lectrices trente-cinq ou quarante ans plus tôt – n’avaient eu de réalité et d’effet que par la force de son style – par ce qu’on nommait encore le style et qui était devenu aussi étranger à l’époque, je l’avais constaté, que l’ensemble de son œuvre ou les écrivains qui avaient nourri celle-ci. Je ne lui ai jamais parlé. Peut-être aurais-je dû le faire. Peut-être l’aveu de mon admiration et, je n’hésite pas à le dire, de mon amour pour lui eût-il rendu moins humiliante sa dérive vers la décrépitude physique et la honte sociale (oui : la honte de se survivre dans l’apparence d’un vieillard plutôt malpropre, quasi obèse et à demi aveugle, changeant rarement de chemise ou de costume et se lavant aussi rarement sans doute, engendrant à la terrasse ou dans le fond de ce café des ricanements ou des mimiques méprisantes chez les autres consommateurs).

Victor Hugo, par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Jeudi, 28 Septembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

tu es l’homme aux cent cœurs, le chœur de mes syndromes

le génie pourfendeur, le chevalier bonhomme !

que ne suis-je ton fils, ô colosse frondeur

pour enjamber d’un pas ce monde et ses froideurs !

 

ton Gwyplaine allongé sur le Chaos vaincu

ton Gilliatt submergé de perte convaincue

tes sempiternels gueux des carrefours typiques

Thénardier criminel, Josiane diabolique