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Essais

L’inconsolable, Et autres impromptus, André Comte-Sponville (par Ana Isabel Ordoñez)

Ecrit par Ana Isabel Ordonez , le Mardi, 31 Mars 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, PUF

L’inconsolable, Et autres impromptus, 304 pages, 19 € . Ecrivain(s): André Comte-Sponville Edition: PUF


Inconsolable devant la perte de son enfant, le philosophe André Comte-Sponville a repris le format des Impromptus, c’est à dire des textes brefs, écrits entre philosophie et littérature. L’ouvrage s’intitule L’inconsolable et autres impromptus, publié chez Puf en février 2018.

Les premiers Impromptus publiés chez Puf en 1996 ont laissé des traces indélébiles et voilà qu’on se retrouve avec L’inconsolable et autres impromptus, qui d’une certaine façon nous fait changer de pensées, cette fois-ci sur le deuil et la vie même. Dans le sens où la perte d’un être cher altère le temps, on perçoit chez Comte-Sponville comme un geste transcendant et vertueux exprimant l’amour pour ce fils perdu.

Quel avenir pour la cavalerie ? Une histoire naturelle du vers français, Jacques Réda (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 23 Mars 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Buchet-Chastel

Quel avenir pour la cavalerie ? Une histoire naturelle du vers français, Jacques Réda, octobre 2019, 216 pages, 20 € Edition: Buchet-Chastel

 

 

Maîtres et mètres

A côté de ses textes de création, Réda a toujours pris soin de vaticiner avec intelligence sur ses propres formes et outils : il y eut ainsi le superbe La Vieillesse d’Alexandre, mais tout aussi Autobiographie du jazz afin d’examiner d’autres espèces de scansion et leur relation à la sensibilité. Retenons dans ce corpus – en dehors de l’historique que le pisteur propose – l’état actuel du vers français, symptôme d’une crise de la sensibilité et de l’humanité plus que de la poésie elle-même.

Le vers peut sembler parfois un instrument périmé du poétique. Ce qui ne veut pas dire que celui-ci erre dans une « Sibérie prosodique ». C’est bien plus compliqué que cela.

Le Temps des magiciens, 1919-1929, L’invention de la pensée moderne, Wolfram Eilenberger (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 17 Mars 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Albin Michel

Le Temps des magiciens, 1919-1929, L’invention de la pensée moderne, Wolfram Eilenberger, septembre 2019, trad. allemand, Corinna Gepner, 460 pages, 22,90 € Edition: Albin Michel

C’est une photo de classe comme on en a pris des dizaines de milliers ; avec des enfants aujourd’hui réduits en poussière, quelles qu’aient été leurs vies après le passage du photographe. Sur cette photo des années 1900, au lycée technique de Linz (Autriche), on remarque à moins de deux mètres l’un de l’autre deux élèves nommés Ludwig Wittgenstein et Adolf Hitler. Nul ne le sait au moment où le cliché a été pris, mais il résume à lui seul une bonne partie du XXe siècle.

Présenter de manière agréable et claire quatre des systèmes philosophiques parmi les plus ardus est une gageure que Wolfram Eilenberger, d’une plume alerte et vive, est presque parvenu à relever. À sa décharge, on notera que la pensée de Heidegger demeure opaque sous bien des rapports et que, comme on l’a observé, il n’est pas sûr que certains de ses écrits aient simplement un sens. Le Temps des magiciens entrelace avec habileté les biographies de quatre philosophes majeurs du XXe siècle : Ludwig Wittgenstein, Ernst Cassirer, Walter Benjamin et Martin Heidegger, envisagés durant la décennie qui court de 1919 à 1929.

Roland Barthes, Au fil du temps, Patrick Mauriès (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 16 Mars 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arléa

Roland Barthes, Au fil du temps, Patrick Mauriès, février 2020, 96 pages, 9 € Edition: Arléa

 

Quand Mauriès ressuscite Barthes… chez Arléa

Les années 70 furent les années liées à tout jamais à la nouvelle critique, à l’épanouissement d’une nouvelle linguistique (Barthes, Lévi-Strauss, Todorov…), à la découverte des analyses structuralistes et lacaniennes, de la sémiotique textuelle (d’un côté, Jakobson, de l’autre Lacan, Ginette Michaud (FR), Ginette Michaux (BE)). Un ouvrage, parmi tous, compta : le fameux S/Z de Barthes et ses fameux décodages !

La critique traditionnelle, lansonienne, picardienne prenait du plomb dans l’aile et il devenait vain de croire qu’on pouvait épuiser les significations d’un texte par les seules références biographiques ou thématiques.

Un seul, un grand, échappait à cette polémique (qui dura fin années soixante/début des années 70) : Bachelard, phénoménologue littéraire hors pair : son imaginaire poétique, sa méthode des quatre éléments passés au crible du regard du philosophe rationaliste éblouissaient.

Confession d’un gentil garçon, Roland Jaccard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 06 Mars 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pierre Guillaume de Roux éditeur

Confession d’un gentil garçon, janvier 2020, 128 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Roland Jaccard Edition: Pierre Guillaume de Roux éditeur

 

« J’ai traversé ma vie sans rien trouver qui retienne mon attention. Sans doute ai-je été un piètre observateur. Je me contentais de donner le change. Je ne peux en vouloir à personne. Certaines existences sont de somptueux ratages. D’autres, d’éblouissantes réussites. Je suis demeuré dans une honnête moyenne ».

Roland Jaccard a de qui tenir, il a forgé ses pensées et son style en lisant Henri-Frédéric Amiel (1), Cioran, Karl Kraus, Schopenhauer, et quelques autres penseurs piquants, pétillants et gracieusement désespérés, ses élus de la mélancolie. L’écrivain qui fut longtemps un grand éditeur (2), livre quelques secrets, quelques scandales, des éclats et des éclairs de sa vie amoureuse. Il aurait pu inscrire en sous-titre de ce nouveau petit livre « Les filles s’enfuient plus vite que les livres », même si en le lisant, on découvre que le plus souvent, c’est lui qui prend la fuite, qui se dérobe, question de sécurité assure-t-il.