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Critiques

Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal, Murielle Compère-Demarcy (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 12 Septembre 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal, Editions du Petit Véhicule, décembre 2018, 123 pages, 20 € . Ecrivain(s): Murielle Compère-Demarcy

 

Luc Vidal est un poète, écrivain et éditeur français originaire du Pays nantais, né le 6 juin 1950. Sur les pas de René Guy Cadou, il a pris de nombreuses initiatives au service de la poésie. Il est ainsi à l’origine de la Maison de la poésie de Nantes et il est le fondateur des éditions du Petit Véhicule dans le cadre desquelles il a créé de nombreuses collections et différentes revues. Citons parmi ces dernières : Signes, Incognita, Les Cahiers Léo Ferré, Les Cahiers Jules Paressant, Les Cahiers René Guy Cadou et de l’école de Rochefort, Chiendents.

Murielle Compère-Demarcy, poétesse elle-même, rédactrice à La Cause Littéraire, délivre une analyse approfondie de l’œuvre poétique de Luc Vidal, dans une superbe édition à quoi sont habitués les lecteurs des publications du Petit Véhicule.

Il est difficile de présenter dans une chronique ce qui est déjà en soi la présentation d’un auteur par une consœur sans en reprendre littéralement l’expression. Nous n’en éviterons pas l’écueil.

John Wayne n’est pas mort, Roland Jaccard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 11 Septembre 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits

John Wayne n’est pas mort, Pierre-Guillaume de Roux, septembre 2019, 150 pages, 15 € . Ecrivain(s): Roland Jaccard

 

« S’il est vrai que John Wayne a tourné dans quatre-vingt-trois westerns, c’est bien l’homme à abattre. D’autant que, comme l’affirment certains béotiens, quand on en a vu un, on les a tous vus. Face à ce genre d’abrutis, la Winchester 54 peut être du plus grand secours ».

John Wayne n’est pas mort et Roland Jaccard est toujours de ce monde. Plus vivant que jamais, d’une rare agilité, n’ayant peur de rien, n’en déplaise à ceux qui prendraient un rare plaisir à aller cracher sur sa tombe. Roland Jaccard est un cinéphile à l’ancienne, on l’imagine mal lisant chaque mois Les Cahiers du Cinéma, préférant peut-être Positif. L’ami de Cioran, le lecteur d’Amiel, l’oisif, l’exilé intérieur, l’amateur de palaces et de jeunes femmes, s’arme ici d’une plume aiguisée comme une flèche Comanche pour défendre John Wayne. L’acteur et réalisateur de Alamo et des Bérets Verts est accusé de mille maux par mille mots, et Roland Jaccard règle leur compte à quelques fâcheux peu instruits de ce que ce genre a apporté à l’histoire du cinématographe américain. Roland Jaccard n’est pas seul, il avance accompagné, c’est toujours conseillé en territoire hostile : le pétillant cinéaste Luc Moullet (1), le savoureux écrivain Luc Chomarat (2), quelques amies, Clément Rosset, s’échauffant après quelques verres de saké, et Louise Brooks :

Bluebird, Geneviève Damas (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 11 Septembre 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Bluebird, mai 2019, 160 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Geneviève Damas

 

Le monde des apparences en prend joyeusement pour son grade avec l’adolescente qui raconte son histoire, assez courante dans les faits, entre parents séparés, la mamy chez qui elle s’est réfugiée et sa psy, ouverte, mais avec qui elle n’est pas toujours en harmonie. La personnalité se forge à l’appui de cette observation-introspection habilement pensée : « Chez Papa, je ne me sens pas vraiment chez moi. Quand je dis à quelqu’un que je rentre chez moi, c’est chez Maman. Chez Papa, c’est chez Papa. Il y a quelque chose qui sonne faux là-bas. Pourtant, on a un jardin, un feu ouvert, et beaucoup d’autres choses, genre chacun son ordinateur, l’iPad, la table de ping-pong. Mais c’est comme si la maison ne vivait pas vraiment ».

Enceinte, l’avenir va se jouer sur l’avenir de l’adolescente et la responsabilité de décider de l’avenir de l’enfant. La grossesse, totalement inattendue, sans signes avant-coureurs, décelée tardivement aux urgences, bouleversera la relation mère-fille. L’intrigue, presque théâtralisée à de multiples reprises, a le souci du style et du rebondissement. L’auteur, aussi comédienne, en mène les différents rôles de façon quasi scénarisée. Le lecteur vit littéralement la scène. On peut se sentir les personnages, y compris le bébé dans le ventre de la jeune mère, qui régulièrement s’implique en tant que deux personnes.

Une joie féroce, Sorj Chalandon (par Mélanie Talcott)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mardi, 10 Septembre 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Grasset, La rentrée littéraire

Une joie féroce, août 2019, 320 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Sorj Chalandon Edition: Grasset

 

Tout le monde l’aime, Jeanne… Sauf moi… Bénéficierait-elle de l’empathie éblouie de la plupart, lecteurs et critiques de cette Joie féroce de Sorj Chalandon, si elle n’était pas atteinte d’un cancer du sein ? La réponse est non. Qu’elle soit libraire est accessoire… Car avant qu’il ne lui soit diagnostiqué, elle se contentait, entre facilité, égoïsme, lâcheté et résignation – la pathologie humaine la plus banale qui soit – d’une vie aussi plate qu’une autoroute. D’une rectitude parfaite, sans surprise et sans amour, aux côtés d’un mari insipide. Une vie dont l’issue fatale était sans doute celle d’une vieillesse pépère confite dans un ennui mortel. Elle subissait, elle se soumettait. Fripée, sans féminité, sans séduction et sans passion. La perte de son jeune fils en fut certes l’une des causes, mais cependant pas suffisante pour l’avoir réveillée à elle-même. Il lui faudra sa propre maladie, « son crabe », cette « écharde mortelle » qu’elle dédramatisera en le nommant « camélia » pour que, non sans quelques frilosités embourgeoisées, elle troque sa vie, contre une autre, émaillée de protocoles thérapeutiques, de peurs et de douleurs, vécus par des milliers d’anonymes sans qu’ils en fassent une Joie féroce.

Le goût des cochons, Collectif, textes choisis et présentés par Bruno Deniel-Laurent (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 10 Septembre 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Mercure de France, Anthologie

Le goût des cochons, Collectif, textes choisis et présentés par Bruno Deniel-Laurent, juin 2019, 113 pages, 8,20 € Edition: Mercure de France

 

Publier un recueil de textes en l’honneur du cochon, ou du porc, c’est selon, c’est aujourd’hui aller à contre-courant d’un air du temps qui milite plutôt pour le vegan, pour une absence de plus en plus courante de viande, quelle qu’elle soit, dans nos assiettes. Il y a, certes, des abus intolérables des conditions d’élevage qui font des fermes-usines des endroits de torture plus que d’élevage, conditions qui viennent renforcer la volonté de nos concitoyens de ne plus consommer de viande, à quoi il faut ajouter souvent une sensiblerie exacerbée qui fait de nous des êtres pétris de compassion incapables de soutenir une réalité qui a accompagné l’homme depuis toujours. La civilisation, diront certains, ne pouvait pas ne pas aboutir à la volonté d’éradiquer toute chair dans nos repas, ce qui revient à se passer d’autres traits de civilisation qu’englobe notre art culinaire. Et il s’agit bien de cela, le cochon est ici honoré en tant que trait de civilisation, élaboration du goût, art culinaire donc.