Identification

Critiques

La Route de Lafayette, James Kelman (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 30 Août 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Métailié

La Route de Lafayette, janvier 2019, trad. anglais (Ecosse) Céline Schwaller, 384 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): James Kelman Edition: Métailié

Se remettre du deuil en s’activant de voyager n’est-ce pas mieux se souvenir ? Le jeune Murdo prévoit ce départ, accompagné de son père, après la disparition de sa mère et de sa sœur. Tentative de communication entre deux générations différentes et le « retour des absents dans le geste des vivants ».

De cette façon, « il pouvait y avoir une présence. Avant il sentait quelque chose quand par exemple il mangeait une nectarine ».

Traduite, la langue de base (l’anglais) donne, en français, un rythme bien rendu par la traductrice, Céline Schwaller, tant dans l’action que dans une observation soutenue. On vit dans le roman comme dans un film tant c’est scénarisé avec une sorte de perpétuelle réflexion du protagoniste principal :

« …Tu te demandais à qui il appartenait (réflexion à propos d’un accordéon). Quelqu’un de plus tout jeune. Un vieux. Sans doute écossais, ou irlandais, un immigré ; il jouait peut-être dans un groupe ».

La motivation de vivre et de faire autre chose est transcendée par le souvenir d’un décès : « Les gens avaient prié à l’enterrement. Pourquoi ? Pour ne pas mourir ? Oh Seigneur, je t’en prie, fais-moi vivre éternellement ».

Amazonia, Patrick Deville (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 29 Août 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Seuil, La rentrée littéraire

Amazonia, août 2019, 304 pages, 19 € . Ecrivain(s): Patrick Deville Edition: Seuil

 

Peut-on parler de « roman » à propos de ce livre ? Jacques Lacan se demandait un jour dans quelle encyclopédie on pouvait trouver l’encyclopédie qui contient toutes les encyclopédies. Peut-être est-ce là la tentative (pathétique) de Deville.

Commençons par dire que, de la plume de Deville, on ne doit pouvoir compter que 15 à 20% (au mieux) de ce livre. Le reste, tout le reste, est visiblement un assortiment de copiés/collés venus d’œuvre diverses, de livres d’histoire, de livres de voyages, de biographies etc. Une sorte de macédoine – hélas des plus indigestes – de bouts d’œuvres plus ou moins connues, essentiellement obscures, dont la longue liste mise en fin d’ouvrage ne dit à aucun moment quel morceau vient de quelle œuvre – ce qui constitue une bien étrange conception du référencement littéraire.

Régulièrement, on a même droit à des pages entières du genre Wikipédia et son éphéméride. Pardon d’avance pour la relative longueur de la citation mais elle s’impose, d’autant que Deville y avoue au début toute la méthode de son travail (« je reprenais ces histoires assemblées autour d’Iquitos »). Il s’agit donc ici de l’année 1860.

Apollon dans la poussière, Thomas A. Ravier (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 29 Août 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Léo Scheer

Apollon dans la poussière, mai 2019, 257 pages, 18 € . Ecrivain(s): Thomas A. Ravier Edition: Léo Scheer

 

Christian Gambe est architecte, son épouse Madeleine Avemo, cantatrice. Un soir, alors que Madeleine est acclamée pour sa performance, son mari vient la chercher dans une Porsche de collection achetée le matin même. La cantatrice ne résiste pas à prendre le volant mais, triste fatalité, la voiture termine sa course encastrée dans un mur. Tandis que Christian sort presque indemne de cet accident, son épouse est emmenée à l’hôpital entre la vie et la mort. Elle s’en sort après une longue hospitalisation mais ne peut plus chanter. Elle gardera de la rancune envers son mari.

Ce dernier qui a accepté de réaliser la commande d’une richissime hollandaise catholique : un cimetière où toutes les tombes seront réalisées en verre feuilleté,  rend, par ailleurs, visite à son frère écrivain, Clarin (alias Julien Mellismo), interné dans le Sud. Par un hasard inexpliqué, notre architecte se retrouve en possession de la mystérieuse bague, une grosse topaze montée sur or, de son frère dans sa poche. Alors que cette dernière va circuler de personne en personne, de doigt en doigt, d’incompréhensibles évènements vont avoir lieu.

Frédéric Lachèvre (1855-1943), Un érudit à la découverte du XVIIe siècle libertin, Aurélie Julia (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 29 Août 2019. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Biographie, Editions Honoré Champion

Frédéric Lachèvre (1855-1943), Un érudit à la découverte du XVIIe siècle libertin, février 2019, 226 pages, 35 € . Ecrivain(s): Aurélie Julia Edition: Editions Honoré Champion

 

Il est impossible d’étudier sérieusement la poésie française du XVIIe siècle – une grande époque poétique – sans rencontrer à un moment ou à un autre le nom de Frédéric Lachèvre. Cet érudit de haut parage fut le promoteur d’une catégorie intellectuelle, le libertinage, au sens non d’une liberté de mœurs, mais de la contestation des dogmes religieux et des traditions établies. Aucune pensée n’est dissociable d’une forme et les idées libertines s’enveloppèrent souvent dans le manteau de la poésie ; mais elles demeurèrent avant tout des idées (on a pu reprocher à l’anthologie consacrée aux Libertins du XVIIe siècle dans la Bibliothèque de la Pléiade de ne pas avoir suffisamment distingué ce qui relève du libertinage de pensée et de la pornographie pure).

La Boussole d’Einstein, Gilles Vidal (par Fawaz Hussain)

Ecrit par Fawaz Hussain , le Mercredi, 28 Août 2019. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

La Boussole d’Einstein, éditions Zinédi, août 2019, 224 pages, 17,90 €. . Ecrivain(s): Gilles Vidal

 

Parti de chez lui à l’âge de dix-huit ans, Félix Meyer, le protagoniste de La Boussole d’Einstein, rentre au bercail après une longue absence. Il doit organiser les funérailles de sa sœur aînée, Carole, celle qui, déjà majeure à la mort des parents, s’était occupée du jeune orphelin : une très grosse dette de jeu avait valu au père d’être assassiné, l’alcool avait emporté la mère. « Pas mal de zones d’ombre » l’attendent sur place, notamment les raisons qui ont poussé le chauffard qui a renversé sa sœur à s’acharner sur son corps et à le réduire, surtout la tête, en une informe bouillie. Félix erre dans sa ville, qu’il reconnaît à peine et où il n’a désormais plus personne. Même la maison familiale n’est plus là, on l’a rasée pour faire place à une grande surface. À l’hôtel, il s’inscrit comme « consultant pour des sociétés, dans le domaine de la sécurité et du renseignement ». Solitaire et mystérieux, Félix n’a plus rien à voir avec l’adolescent fragile que le train avait autrefois amené à Paris du fond de sa province.