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Critiques

Le nouveau désordre numérique, Olivier Babeau (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 25 Septembre 2020. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Buchet-Chastel

Le nouveau désordre numérique, Olivier Babeau, septembre 2020, 272 pages, 19 € Edition: Buchet-Chastel

L’essai d’Olivier Babeau analyse les causes et les modalités de l’évolution/révolution numérique internationale, et de ce qu’on appelle couramment la « fracture numérique ».

Un constat s’impose de prime abord dans ce livre très documenté : « Il n’y a pas d’IA pour les pauvres, c’est un business de riches ». Les puissances de calcul requises pour collecter et traiter les « big data » ou développer l’intelligence artificielle sont trop importantes et nécessitent des moyens financiers colossaux. C’est vertigineux, car on passe de la modération si chère aux Grecs anciens à l’excès, du « rien de trop » au « toujours plus » des puissances financières.

Le Nouveau Désordre numérique se place tout d’abord du côté des entreprises, de la production et des GAFAM. Dans les années 1980, c’était les entreprises de production de pétrole qui tenaient le haut du marché mondial ; aujourd’hui, ce sont les GAFAM (acronyme pour Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). Les profits colossaux de ces entreprises profitent à quelques élus hypercompétents en informatique, et reposent sur la sous-traitance, mal payée, mal considérée, à laquelle elles font appel :

Sanguinaires, Didier Ben Loulou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 24 Septembre 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts, La Table Ronde, Albums

Sanguinaires, juillet 2020, 96 pages, 24 € . Ecrivain(s): Didier Ben Loulou Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

« Quelles mers résonnent au fond de nous, dans cette nuit d’exister, sur ces plages que nous nous sentons être, et où déferle l’émotion en marées hautes » (Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquillité) (1).

Sanguinaires est l’album d’un photographe de l’intranquillité et du tragique qui rôde. La lumière qui décline porte ce tragique. Le photographe la saisit, la nuit s’annonce, le ciel en témoigne, et la mer en porte les premières traces. Le photographe est là, face au large, c’est une Ode Maritime (2) qu’il offre, à ses pieds un reflet dans une flaque de mer, et le bleu noir profond de la Méditerranée, c’est la première photo de Sanguinaires.

L’histoire se poursuit, un palmier qui se dérobe, une terrasse face à la mer qui se lève, l’écume des vagues comme une lettre adressée au photographe attentif à son précieux regard. Des volets bleus qui s’ouvrent sur un jardin. Là, des pins parasols qui s’élancent telles des vigies. Ici, le regard d’un mouton, et toujours cette incroyable lumière sous tension, où le ciel bleu, gris, noir rejoint l’ocre de la terre, et le vert des arbres.

Sèves et chants d’herbes, Delphine Roux (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 24 Septembre 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Sèves et chants d’herbes, Delphine Roux, éd. La Chouette Imprévue, 2019, Ill. couverture, Hélène Héniquez, 68 pages, 14 €

Un bel objet déjà en soi que ce livre qui contient des poèmes de Delphine Roux, poète résidant dans les Hauts-de-France dont elle s’est imprégné des paysages naturels et fait des herbiers des chants entendus dans les prairies, dans les pommiers :

À la cime des syllabes

Tu chantes le vivant

Gazouillis gravité

Bel objet littéraire, écrin de poèmes bucoliques, fabriqué avec le matériau naturel qui lui sied, stylé grâce à une infographie en harmonie avec la sève des chants d’herbes de Delphine Roux qui circulent dans cet arbre poétique augmenté de ses couleurs vert tendre, verts saisonniers, rouge fleur sanguine, pastels des champs céréaliers et des ciels remarquables de Picardie.

La Maison hantée, Shirley Jackson (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Mercredi, 23 Septembre 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Fantastique, Rivages/noir

La Maison hantée, Shirley Jackson, trad. anglais (USA) Dominique Mols, Fabienne Duvigneau, 270 pages, 8,20 € Edition: Rivages/noir

 

La Maison hantée (1959) de Shirley Jackson, tout comme sa plus célèbre nouvelle, La Loterie, est fait pour vous maintenir sur la corde raide du début jusqu’au-delà de la fin, parce que Jackson ne cherche pas à résoudre une énigme ou dénouer une situation, mais à révéler, à travers l’horreur ordinaire, de sombres vérités humaines. Les humains en question avaient d’ailleurs réagi violemment à la parution de La Loterie dans le New Yorker en 1948 : déluge de plaintes à la revue, désabonnements massifs, on lui demanda de s’excuser d’avoir écrit une telle histoire, et les gens du village de la côte Est où elle vivait, même le facteur, cessèrent de lui adresser la parole. Des crédules voulaient savoir où pouvait bien se dérouler ce genre de tombola aux États-Unis. Jackson a bravement ignoré toutes les demandes, n’a jamais accepté d’expliquer cette histoire à glacer le sang. Si une barbarie sauvage pouvait faire irruption dans de tranquilles villages une fois l’an par fidélité à une ancienne coutume, c’est qu’elle était incrustée à l’intérieur des familles, entre les parents, les enfants, les voisins, les amis.

Tangor, Tristan Félix (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 23 Septembre 2020. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres

Tangor, PhB Editions, 2020, 76 pages, 10 € . Ecrivain(s): Tristan Felix

 

Le tango argent teint

Tristan Felix tranche les mots mais jamais pour les mettre kaput. C’est un accouchement par le siège du maure tant la langue ose s’étranger dans des filatures de roues-baies là où les égocentriques reçoivent une volée de bois vert par celle qui le hante.

Tristan Félix est en effet fée de ramures dont on fait les balais de sorcières. Elle nous frappe dans ces traces et de ses farces à mots découverts. Bref on fesse-toi dans ce Tangor, sorte de pense pas bête où l’auteur par vaux et montagnes devient maîtresse femme de la Milonga.

Peu de boules à facettes cependant là où s’ébrouent – parfois en couples – bien des boulets qu’on nomme hommes ou ce qui en tient lieu et qui ne valent pas toujours mieux qu’une bête. Leur basculement est des plus provisoires et, pris dans la danse, leur cul semble parfois sans tronc.