Ces histoires si sombres devraient susciter en nous un cafard profond. On découvre peu à peu pourtant que leur nuit est sourdement éclairée, écrit Michel Volkovitch, leur traducteur, dans sa postface. Et bien, tout dépend de la distance que le lecteur saura mettre entre ces seize histoires, peut-être une seule, et sa propre vie, car elles sont tellement réalistes, tellement sans fard, de si crues banalités, que la seule flamme finalement ne serait-elle pas la flamme littéraire, qui peut permettre à l’auteur d’éclairer son sujet sans sombrer lui-même ? Car ces histoires peuvent – devraient – plomber le lecteur, qui au fur et à mesure qu’il avance, s’alourdit du poids de ces existences qui n’ont plus d’horizon.
Toutes ont pour point commun le Pirée et ses quartiers populaires, une île aussi en face du port, et une maison qu’un couple doit quitter, exproprié par l’inexorable avancée d’une nouvelle route. Rouleau compresseur, c’est de ça dont il est question, de personnages qui tentent désespérément d’échapper au rouleau compresseur, au concasseur de vies, concasseur de sens… La crise, mot fourre-tout, mot d’excuse pour dire système corrompu, système mortifère, système ultra libéral, ultra violence.