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Amérique Latine

Brève Histoire de Sept Meurtres, Marlon James

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 08 Octobre 2016. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Albin Michel, La rentrée littéraire

Brève Histoire de Sept Meurtres, août 2016, trad. anglais (Jamaïque) Valérie Malfoy, 864 p. 25 € . Ecrivain(s): Marlon James Edition: Albin Michel

 

 

Dire qu’on aime le reggae est parfois problématique ; des sourires en coin naissent, des clichés surgissent, faits de bandes vertes, jaunes et rouges, de cigarettes améliorées, d’une certaine indolence. Le mieux est de hausser les épaules et ne pas tenter d’expliquer que cette musique est bien plus complexe qu’un quelconque ramassis de clichés, et qu’on peut écouter Bob Marley sans nécessairement prononcer son prénom de façon alanguie, la bouche pâteuse, mettre de côté les paroles de ses chansons ou omettre qu’il est l’arbre qui cache une forêt sinueuse au possible. Le reggae n’est pas une musique de fumeurs de joints, c’est une musique fine et intelligente qui, à l’image de la soul par exemple, reflète aussi des réalités sociales parfois terribles, surtout dans sa composante roots, durant la seconde moitié des années soixante-dix (pour simplifier à outrance). On se retrouve ainsi à danser sur des chansons telles que Peace & Love In The Ghetto, de Johnny Clarke, ou Tribal War, de George Nooks. La première de ces deux chansons dit ceci entre autres :

La peine capitale, Santiago Roncagliolo

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 15 Septembre 2016. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Métailié

La peine capitale, avril 2016, trad. espagnol François Gaudry, 382 pages, 20 € . Ecrivain(s): Santiago Roncagliolo Edition: Métailié

 

Quatrième livre d’un jeune auteur (né à Lima en 1975), déjà fêté pour son premier roman Avril rouge (2008), ce thriller politico-social entraîne le lecteur dans un imbroglio haut en couleur, dont le contexte est admirablement bien rendu. Sur fond de Mundial 1978 au Pérou, quand les activités publiques et privées sont réduites à leur plus simple expression, puisque tout le monde suit à la télévision les retransmissions des matches, un simple employé, assistant aux archives du Palais de Justice de Lima, enclenche presque sans le savoir une mécanique d’enquêtes, d’éclaircissements, de courses poursuites, et tout ça à partir d’un document mal classé, petite boule de neige de papier qui va huiler toute une intrigue.

Ce petit employé s’appelle Félix Chacaltana. Il vit encore chez sa mère, très dominatrice, très pieuse, très encombrante. Il a un directeur des archives qui passe le plus clair de son temps à regarder le foot. Félix est bien le seul à se préoccuper de son travail, et il doit joliment emmerder tout son petit monde par ce que les autres appellent des lubies : marottes de classement, souci précautionneux de ne pas faire de gaffes ; bref un employé modèle dans un monde qui s’en fout, endormi dans les conventions, assommé par la chaleur et anesthésié par le Mundial, sans parler bien sûr de la chape de plomb du régime militaire qui voit des subversifs partout.

Cuba année zéro, présenté par Orlando Luis Pardo Lazo

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 10 Septembre 2016. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie

Cuba année zéro, présenté par Orlando Luis Pardo Lazo, éd. Hoëbeke, avril 2016, trad. espagnol François Gaudry, 207 pages, 18 €

 

Anthologie présentée par Orlando Luis Pardo Lazo :

11 nouvelles de Jorge Alberto Aguiar Díaz (1966), Jorge Enrique Lage (1979), Lien Carrazana Lau (1980), Jhortensia Espineta (1976), Ahmel Echevarría Peré (1974), Polina Martínez Shviétsova (1976), Michel Encinosa Fú (1974), Lia Villares (1984), Erick J Mota (1975), Raúl Flores (1977) et Orlando Luis Pardo Lazo (1971).

 

Beaucoup pensent que l’actualité récente ouvre une nouvelle page dans l’histoire de Cuba, après les années castristes. Une nouvelle page qui a peut-être commencé de se tourner au virage de l’année 2000. D’où le titre de ce recueil qui n’est pas sans écho avec une Allemagne année zéro qui témoignait d’une autre renaissance au lendemain de la guerre.

Le congrès de littérature, César Aira

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 20 Août 2016. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Christian Bourgois

Le congrès de littérature (El congreso de literatura), avril 2016, trad. espagnol (Argentine) Marta Martinez-Valls, 128 pages, 14 € . Ecrivain(s): César Aira Edition: Christian Bourgois

Ceci est le livre d’un auteur qui voulait écrire un livre. Ou, autrement dit, le projet de ce livre, c’est le livre que vous tiendrez dans les mains le jour où vous le lirez. Voilà une manière d’avancer sans trop se risquer, et pourtant… Et pourtant, les choses avancent à un rythme tel qu’il aura fallu près de deux décennies pour que nous en arrive sa petite centaine de pages et après 9 autres titres publiés par le même éditeur, plus quelques autres chez Gallimard, Maurice Nadeau ou Actes Sud, entre autres.

A la veille de rejoindre un congrès de littérature au cœur d’une cité andine, le narrateur commence par résoudre naturellement une énigme du Nouveau monde et saura tirer le « fil de Macuto », comme d’autres tirent le fil de leur histoire, et amener à lui les trésors des temps légendaires de la piraterie… se sauvant du coup du naufrage dans lequel le marasme de l’édition pourrait bien l’entraîner. Car le narrateur est, précisons-le, écrivain. Qu’irait-il faire sinon à ce congrès de littérature ? Raconter des histoires ? Racontez une histoire ? Peut-être celle de toutes les histoires ? Peut-être…

Il était une fois, donc… un scientifique qui menait en Argentine des expériences sur le clonage de cellules, d’organes, de membres et qui en était arrivé à la possibilité de reproduire à volonté des individus entiers en quantité indéfinie.

Le monde extérieur, Jorge Franco (Critique 2)

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 29 Juin 2016. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Le monde extérieur, traduit de l’espagnol (Colombie) par René Solis, mars 2016. 272 pages, 20 €. . Ecrivain(s): Jorge Franco Edition: Métailié

 

Entre polar de bras cassés, drame socio-psychologique et conte de fée, ce roman est un tissage de genres aux contours floutés, où chaque personnage, quelque soit son statut, sa classe sociale, son rêve ou son opiniâtreté, ne pourra jamais accéder au bonheur.

Mono, l’antihéros est l’un des personnages centraux de l’histoire. Enfant des quartiers modestes devenu petit caïd trentenaire et ambitieux, il est obsédé depuis son plus jeune âge par Isolda, la fille du château. El Castillo, cette improbable copie de château-fort, qu’a fait construire sur les hauteurs de Medellin, Don Diego Echavarría Misas, issu d’une très riche famille colombienne et compagnon de Dita, une allemande qui n’a jamais voulu se marier. Isolda est leur fille unique.

Isolda a grandi à l’abri du monde extérieur, derrière les murs du château, mais elle s’échappe aussi souvent qu’elle le peut dans la forêt tropicale du parc qui l’entoure. C’est de là qu’elle ressort avec d’extraordinaires et mystérieuses coiffures, joliment décorées d’herbes et de fleurs. C’est aussi dans ce parc, que Mono et ses copains savent se faufiler pour observer en cachette cette jolie fillette, puis jeune adolescente, si différente d’eux.