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Amérique Latine

Les Réputations, Juan Gabriel Vásquez

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 29 Septembre 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil, La rentrée littéraire

Les Réputations (Las reputaciones), traduit de l’espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon, août 2014, 192 pages, 18 € . Ecrivain(s): Juan Gabriel Vásquez Edition: Seuil

 

La presse écrite depuis bien longtemps fait appel à des dessinateurs, et plus particulièrement à des caricaturistes qui peuvent parfois tenir régulièrement la une et dont les dessins sont souvent bien plus commentés que les éditoriaux les plus en vue. En Colombie, au début du XXe siècle, l’un des plus célèbres fut Ricardo Rendón, qui mit fin à ses jours alors qu’il avait tout juste 37 ans, en 1931. C’est avec l’histoire de l’un de ses successeurs, Javier Mallarino, que Juan Gabriel Vásquez nous emporte une fois de plus au cœur de la société Colombienne et au cœur de l’humain. Javier est au fil des années devenu une légende, à la fois admiré, craint et détesté. D’un trait, il peut en effet ébranler, blesser et mettre à bas les réputations les plus solides, les plus établies, il peut défaire les gouvernements, influer sur les décisions politiques simplement avec une feuille blanche et un peu d’encre. Ce pouvoir, Javier Mallarino l’a et il en est même devenu une institution nationale à laquelle l’on rend un hommage des plus officiels dans la grande salle du théâtre Colón de Bogota, avec ministre et émission d’un timbre poste à son effigie.

Ingrédients pour une vie de passions formidables, Luis Sepúlveda

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 05 Juillet 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Ingrédients pour une vie de passions formidables, traduit de l’espagnol (Chili) par Bertille Hausberg, avril 2014, 144 pages, 16 € . Ecrivain(s): Luis Sepulveda Edition: Métailié

 

L’autre Sepúlveda


Ingrédients pour une vie de passions formidables présente au lecteur un Luis Sepúlveda, chez lui, débarrassé de sa plume. Le livre s’ouvre sur une réunion de famille autour d’un repas où sont réunis enfants et petits-enfants. Luis Sepúldeva accède ici au rang de patriarche et on l’appelle par respect le Viejo.

Le récit est présenté comme une conversation avec le lecteur. Les chapitres sont courts. L’auteur aborde tous les sujets du quotidien. Il évoque ses années auprès de Salvador Allende et l’admiration qu’il nourrit depuis toujours pour cette figure politique. Il confie aussi sa relation difficile et ambivalente envers le Chili mais aussi envers l’Espagne, son pays d’accueil. Fidèle à sa position d’écrivain engagé, il dénonce les malversations financières et la corruption qui faisaient loi avant que la bulle financière n’éclate en Espagne.

La Chasseuse d’astres, Zoé Valdès

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 16 Juin 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jean-Claude Lattès

La Chasseuse d’astres, traduit de l’espagnol par Albert Bensoussan, février 2014, 342 pages, 22 € . Ecrivain(s): Zoé Valdès Edition: Jean-Claude Lattès

 

Le roman de Zoé Valdès commence comme il finit : par l’évocation de ses intentions, lors d’une visite en bord de mer. Zamia, femme de lettres cubaine en mal d’inspiration, vient contempler la mer ; elle est la proie, croit-elle, de la vision d’une femme qui s’approche d’elle et lui déclare : « Tu es une charmeuse d’océans. Et moi, une chasseuse d’astres ».

Tout, dès lors, est articulé autour de ce qui déclenche cette vision. Zamia est passablement désabusée par les hommes qu’elle côtoie : Pablo, son époux légitime, Alvaro, son amant, au concours affectif incertain et aléatoire. Pablo est diplomate, salarié du régime castriste, et doit rendre des comptes, y compris sous la forme de transmission de renseignements sur l’activité contre-révolutionnaire des citoyens cubains à Paris. Zamia cherche pourtant à écrire, sur Cuba, sur Batista, et bientôt sur Remedios Varo, peintre surréaliste des années vingt d’origine catalane. Elle découvre sa vie, ses orientations artistiques, l’ambiance de l’époque et y voit, pour elle-même, auteure potentielle d’un roman, un modèle, une référence, une aide précieuse.

Les autonautes de la cosmoroute ou Un voyage intemporel Paris-Marseille, Carol Dunlop et Julio Cortázar

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 26 Mai 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Gallimard

Les autonautes de la cosmoroute ou Un voyage intemporel Paris-Marseille, traduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon et Françoise Campo, 281 pages, 25 € . Ecrivain(s): Carol Dunlop et Julio Cortázar

La célébration d’écrivains argentins au salon du livre de Paris en 2014 nous donne l’occasion de nous replonger dans la littérature de ce pays. Et par exemple dans ce récit, pas du tout argentin. Mais au départ un projet original : faire le voyage de Paris à Marseille en camping-car sans quitter l’autoroute une seule fois ; visiter deux parkings par jour en passant toujours la nuit dans le deuxième ; prendre note de toute observation pertinente ; écrire le livre de l’expédition en « s’inspirant peut-être des récits de voyages des grands explorateurs du passé ». Le projet littéraire : « raconter d’une façon tout à fait littéraire, poétique et humoristique, les étapes, événements et expériences divers que va nous offrir sans doute un voyage aussi étrange ». Résultat : Les autonautes de la cosmoroute, Un voyage intemporel Paris-Marseille par Carol Dunlop et Julio Cortázar.

L’autoroute n’est peut-être pas seulement « un ouvrage moderne minutieusement étudié pour permettre à des voyageurs, enfermés dans des capsules à quatre roues, de parcourir (rapidement) un trajet ». Mais qu’allait-il se passer avec une progression au ralenti alors que tout le monde fonce à toute allure ?

Prières nocturnes, Santiago Gamboa

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Jeudi, 27 Mars 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Prières nocturnes, traduit de l’espagnol (Colombie) par François Gaudry, janvier 2014, 312 p. 20 € . Ecrivain(s): Santiago Gamboa Edition: Métailié

 

« Le temps, parfois, est un problème de lumière. Avec les années, certaines formes acquièrent une brillance ou, au contraire, se couvrent d’une étrange opacité. Ce sont les mêmes formes, mais elles apparaissent plus vivantes et parfois, parfois seulement, on parvient à les comprendre ».

Le temps a passé… et le Consul-écrivain se remémore dans une chambre de l’hôtel Oriental, à Bangkok, l’histoire de Manuel Manrique et de sa sœur aînée Juana, deux jeunes compatriotes colombiens qui ont définitivement marqué sa propre existence.

Deux jeunes gens, issus d’une famille de la classe moyenne « limite » de Bogotá, et dont les parents sont acquis, comme nombre de colombiens en 2002, aux idées du Président Álvaro Uribe. Deux jeunes gens écœurés par la médiocrité de leurs géniteurs, par la déliquescence de l’intelligentsia colombienne, par l’atmosphère étouffante d’une société scindée artificiellement entre patriotes et terroristes, par la corruption, par la violence et la répression sanglante des ennemis vrais ou inventés d’un pays lancé dans une politique de « sécurité démocratique », dans la guerre contre les FARC et le trafic de stupéfiants. En ces temps de « redressement patriotique », les familles se déchirent, les générations s’opposent, les amitiés se délitent, les libertés individuelles et l’espoir tendent à disparaître.