Saint-Claude (Franche-Comté et territoire de Bourgogne), le 25 juin 1476 : « … les ennemis étaient déjà dans le camp, où ils massacraient tout ; presque toute l’infanterie est détruite, de même que les archers ; il ne pouvait en être autrement. J’en ai vu plusieurs qui se jetaient à terre, enlevaient leur casque et attendaient la mort les bras étendus. On peut compter qu’environ dix mille fantassins, fournisseurs de l’armée (et hommes du train) sont restés sur le carreau, ainsi que beaucoup de cavaliers… » (p.86).
Dressant le compte des pertes subies en Suisse par le duc de Bourgogne trois jours auparavant, ces quelques lignes sont celles que l’Italien Jean-Pierre Panigarola adressait à son maître, le duc de Milan. Détaché auprès de la cour de Dijon, cet ambassadeur avait alors suivi son hôte, Charles le Téméraire, sur le terrain de ce qui devint pour ce souverain éminent de l’ouest européen, sinon le plus grave, sans doute le plus conséquent échec militaire de sa carrière. Sûrement alors, un tel sévère et décisif revers stratégique (le second en une courte période) essuyé par le cousin honni de Louis XI (« l’invincible araigne »), annonçait au diplomate lombard le début de la fin et même la perdition prochaine de son accueillant protecteur.