Identification

Articles taggés avec: Froissart Patryck

Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, Jean-Pierre Verheggen (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 20 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, Jean-Pierre Verheggen, Editions de l’Âne qui butine, trad. Christoph Bruneel, 215 pages, 22 €

 

L’Âne qui butine ne grappille pas au hasard. Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, est une de ces fleurs rares que notre équidé littéraire a le don de débusquer. Dès les premières lignes on est transporté dans une jungle parallèle, un monde étrange, luxuriant et luxurieux, étrange et familier, dont les personnages sont présentés comme des pré-adolescents, où le taux d’innocence que l’on peut encore prêter à des « enfants » de douze treize ans est déglingué par le plus hallucinant déballage de toutes les horreurs, perversités et déviances que notre espèce a su imaginer et pratiquer depuis qu’elle s’est qualifiée d’humaine.

Déviances, déviations… dévoiement aussi au sens diarrhéique du terme, exprimé ici par le flux logorrhéique de l’écriture.

Le miel et l’amertume, Tahar Ben Jelloun (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 13 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Le miel et l’amertume, Tahar Ben Jelloun, Folio, juin 2022, 257 pages, 7,80 €

 

A Tanger, au sous-sol de sa maison bourgeoise dont il a abandonné et quasiment condamné les niveaux supérieurs, un couple survit dans la précarité voulue, proche de la misère, d’une cave aménagée de façon rudimentaire, au rythme d’incessantes querelles sordides.

Le roman est fait de l’alternance régulière, en de courts chapitres, des voix, à la première personne, de ces deux personnages principaux, Mourad le mari et Malika l’épouse. S’y intercalent ici et là, épisodiquement, celles des fils, Moncef, émigré au Canada, et Adam, employé, marié et établi à Tanger. Intervient plus régulièrement celle, puissante, poignante, posthume, de la fille, Samia, dont le destin tragique, aux circonstances absolument occultées par les narrateurs alternatifs, y compris par elle-même, jusqu’au dernier quart du récit (ce qui entretient ainsi un suspense captivant pour le lecteur), a précipité la détérioration d’une relation conjugale déjà fortement dégradée au moment où se produit ce que chaque protagoniste n’évoque jamais plus précisément que par cette expression unique et pudique : « la tragédie ».

J.M.G. Le Clézio, militant de l’interculturel (Essai), Issa Asgarally (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 08 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

J.M.G. Le Clézio, militant de l’interculturel (Essai), Issa Asgarally, Editions Le Printemps, 2020, 83 pages

 

Issa Asgarally, ami de JMG Le Clézio et exégète régulier de son œuvre, livre en cet essai une intéressante et pertinente analyse d’un des fondements spécifiques de l’écriture du lauréat du Prix Nobel, à savoir la récurrence de sa vision particulière, militante, de l’interculturel. L’origine de cette posture de l’interculturalité comme pilier de l’humanisme est d’abord familiale, ensuite conjugale. Le Clézio, né à Nice dans une famille d’origine mauricienne, cumule dès l’enfance la double culture créole et française. Tout jeune, JMG rejoint son père, médecin anglophone de nationalité britannique, au Nigéria, où il appréhende les cultures locales (L’Africain). Plus tard, il marchera, à Rodrigues, sur les traces de son grand-père mauricien, chercheur d’or, et se plongera dans l’environnement créole de cette île isolée (Le Chercheur d’or, et Voyage à Rodrigues).

Par ailleurs, par l’entremise de son épouse marocaine Jemia, et en sa compagnie, il part sur la piste des origines de sa compagne avec qui il partage un temps « le quotidien des Aroussiyine », dans l’extrême-sud du royaume, dans cette région aride et rude nommée Seguia El Hamra (Gens des nuages et Désert).

L’ange du mascaret, Murielle Compère-Demarcy (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 01 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

L’ange du mascaret, Murielle Compère-Demarcy, Editions Henry, Les Ecrits du Nord, mai 2022, 111 pages, 14 €

Murielle Compère-Demarcy nous offre avec cet ouvrage dense et fluide un poème fleuve ayant pour personnage… un Fleuve !

Le texte, cela va sans dire, coule de source poétique, coule de bouche, et s’écoule de diverses façons, et traverse différents contextes, tout comme l’élément naturel, dont la représentation est personnifiée en un Tu/Vous qu’invoque, qu’interpelle, qu’apostrophe le JE en qui se coule la poétesse.

Le recueil se subdivise en trois parties, après un prologue, lui-même hautement poétique, de Laurent Boisselier intitulé « Dit du Fleuve » :

poème-fleuve, la vie

de la bouche à l’estuaire, l’amour

l’immense mascaret

Le syndrome de l’accent étranger, Mariam Sheik Fareed (Par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 19 Août 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, J'ai lu (Flammarion)

Le syndrome de l’accent étranger, Mariam Sheik Fareed, mars 2022, 280 pages, 7,40 € Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

Alexandre oublie un soir dans le métro parisien une sacoche contenant son ordinateur, lequel recèle, outre divers éléments personnels, le début d’un roman dont il a suspendu l’écriture, faute de savoir quelle suite lui donner. Le sujet : Sophie Van Er Meer, en conséquence d’un accident de la route, se retrouve affligée d’un mystérieux handicap : elle parle avec un étrange accent dont aucune thérapie ne parvient à la guérir et tombe en dépression. Là avorte le roman.

Désiré, immigré mauricien, balayeur municipal, trouve le sac, ouvre l’appareil, lit l’histoire… et s’impose à lui l’absolue nécessité de sortir Sophie de son état morbide. Ne sachant pas très bien écrire, il se fait aider par Marie, une bénévole de la soupe populaire à laquelle il a nécessairement recours pour se nourrir régulièrement, pour contacter Alexandre par courriel et lui proposer un singulier marché : il lui rendra son bien si l’auteur accepte en échange d’offrir à son personnage une porte de sortie ouvrant sur la voie d’une vie nouvelle où son accent ne constituera plus un attribut handicapant.