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Articles taggés avec: Bedin Lionel

Légèrement seul, Daniel de Roulet

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 06 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Phébus

Légèrement seul, Sur les traces de Gall, avril 2013, 12 € . Ecrivain(s): Daniel de Roulet Edition: Phébus

 

Ce qui fascine Daniel de Roulet c’est l’écoulement du temps. « J’aime me mettre dans la position d’un ancien (…) essayer de retrouver ce qu’il voyait pour le mettre en rapport avec ce que je vois ». Que pouvaient bien voir, dire, penser, des moines partis d’Irlande quatorze siècles plus tôt ? Et qu’est-ce qui a bien pu les décider à traverser l’Europe et fonder des monastères ? Pour le savoir, rendez-vous à Saint-Coulomb, à 9h15… « La plage où Gall et une dizaine de moines sont censés avoir débarqué ».

Daniel de Roulet est un marcheur solitaire, on le savait déjà. « Je marche sur des routes qui relient un point à un autre, c’est obstiné, je sais. Ni promeneur ni randonneur. Ça me vient de la course à pied ». Il le confirme ici, avec de longues journées de marche et de solitude. Et des soirées, aussi. Comme ici dans « le seul restaurant ouvert ce soir : un turc où j’arrose mon kebab de calvados ». Mais ces moments de solitude, en marchant ou à l’étape, sont propices à l’émergence, à l’affleurement de souvenirs et réflexions. Sur le voyage, par exemple. Gall ne voyageait pas avec une carte de crédit, le « nécessaire » du voyageur d’aujourd’hui par rapport au pèlerin de VIe siècle, qui emportait « l’essentiel » – en fait souvent tout ce qu’il possédait – : quelques livres et des vêtements. « Pèlerins du XXIe siècle, nous sommes des imposteurs, ce que nous appelons l’essentiel n’est que le nécessaire ».

Les impunis, Olivier Weber

Ecrit par Lionel Bedin , le Samedi, 20 Avril 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Robert Laffont

. Ecrivain(s): Olivier Weber Edition: Robert Laffont

 

 

Nous connaissons tous ce moment de l’Histoire : au Cambodge, entre 1975 et 1979, Pol Pot et ses sbires installent un régime politique et une dictature d’une extrême violence qui causent la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes. Des procès sont en cours, et cette historie fait toujours l’actualité – mais un seul verdict a jusque-là été prononcé : une perpétuité pour « Douch », patron de la prison de Phnom Penh à l’époque. Que reste-t-il sur place de cette histoire, et de la fracture causée par cette guerre civile ? par ce génocide ? Que sont devenus les Khmers rouges qui n’ont pas été arrêtés ni jugés ?

 

Sur la piste de Pailin

Nouilles froides à Pyongyang, Jean-Luc Coatalem (2 recensions)

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 27 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Grasset

Nouilles froides à Pyongyang, Récit de voyage, 2013, 17,60 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Coatalem Edition: Grasset

 

Recension 1

 

« Où allons-nous, nous qui n’allons nulle part dans ce pays qui n’existe pas ? » est une phrase du livre qui aurait pu se trouver en exergue au début de Nouilles froides à Pyongyang, récit dans lequel Jean-Luc Coatalem raconte un voyage en Corée du Nord effectué au printemps 2011 – donc avant la disparition du « Cher Leader » Kim Jong-il, remplacé depuis par son fils Kim Jong-un. Un voyage un peu particulier, très encadré, très contrôlé, mais qui livre au final un « journal de voyage, attentif mais distant, amusé parfois, jamais dupe ». Allons voir.

Avant de glisser sur la « rampe des longitudes », Jean-Luc Coatalem et son ami Clorinde obtiennent, sous prétexte de consulting en tourisme, des visas pour un pays « sur lequel on en sait moins que sur nos galaxies lointaines ».

La Méridienne : Saint-Malo Bamako, Marc Roger

Ecrit par Lionel Bedin , le Samedi, 02 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits

La Méridienne : Saint-Malo Bamako, Éditions Folies d’encre & Merle moqueur, 2012, 18 € . Ecrivain(s): Marc Roger

Bamako (Mali). Il y a une cinquantaine d’années un homme apprend par le tam-tam qu’il est père, et se rend à la maternité pour la naissance de son fils, Marc, à qui ce passage dans cette partie du monde donnera le goût de lire, peut-être en souvenir des lectures « à l’ombre tutélaire des baobabs ». Saint-Malo (France) le 31 mai 2009. Face au Grand Bé, Marc Roger et « Babel (…) un âne commun de type grand noir » partent sur les routes. Destination : Bamako. Via l’Espagne, le Maroc, le Sénégal. De pays en pays, de ville en ville. Pour voyager, écouter, noter, mais aussi pour dire, lire, raconter. « Lorsque l’oralité et l’écriture seront complices, je m’incarnerai en griot blanc ». En route !

 

Voyager

La Méridienne est un récit de voyage. On y lira toutes les joies et les vicissitudes de la randonnée. Gites et salles de repos diverses accueillent l’équipage. À défaut : nuit à la belle étoile. La route, parfois « morceau de route heureuse », parfois euphorique – l’ivresse du marcheur –, parfois difficile (conditions météo, solitude, aléas de la géographie, fatigue, déprime, belles ou mauvaises surprises…) est ponctuée de rencontres, d’anecdotes, émaillée de souvenirs et de digressions. On quitte souvent le chemin bien tracé (quatre ans de préparation) pour bifurquer, pour divaguer.

La route bleue, Kenneth White

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 24 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Iles britanniques, Récits, Le Mot et le Reste

La Route bleue, janvier 2013, 160 p. 17 € . Ecrivain(s): Kenneth White Edition: Le Mot et le Reste

 

« De toute façon, je voulais sortir, aller là-haut et voir ».

Dans La Route Bleue, récit de voyage, journal de bord, livre d’une aventure intérieure, le Labrador existe d’abord dans le souvenir de Kenneth White, par les images d’un livre d’enfance. Puis, et peut-être depuis toujours : l’envie d’aller voir. « C’est un endroit, non ? Et si c’est un endroit, ça veut dire qu’on peut y aller, il me semble ». Soit. Partons.

« Je quitte la ville de Québec. Route 175 Nord. J’aime cette pure notation mathématique placée entre deux mots lourds de sens. Le calculable et l’incalculable ». Partons pour découvrir qu’ici comme ailleurs, la civilisation, avec ses Livres et ses codes, est capable de changer le nom d’un lac. Peut-être ce lac avait-il été nommé le lac des Vagues bleues par des gens qui le connaissaient bien. Et puis des missionnaires sont passés par là. Le lac est devenu le lac Saint Jean. « Rien à voir avec la réalité perçue dans toute sa beauté ». Les missionnaires ont toujours été les ennemis des nomades, rappelle K. White. Qui poursuit sa route avec ses compagnons fantômes : Coleridge, Thoreau, Melville, Bashô, Jacques Cartier et les explorateurs du XVIème siècle. Avec également les indiens et ceux qui se donnent le nom algonkin d’Innut, les êtres humains.