Identification

Recensions

Soleils chauves, Anise Koltz

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 06 Juin 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Arfuyen

Soleils chauves, Editions Arfuyen, 2012, 10 € . Ecrivain(s): Anise Koltz Edition: Arfuyen

Filiation à propos d’Anise Koltz


Entrer dans ce livre par un poème qui semble avoir des relations avec le Paysage aux arbres verts de Maurice Denis, ouvre la porte poétique et intrigante, spirituelle et rêveuse de ce recueil au drôle de titre. D’ailleurs, ce dernier livre d’Anise Koltz est illustré par un détail de la Campagne romaine de Schirmer qui donne selon moi le ton général à cette suite de poèmes assez courts dont le propos est resserré. On y voit de petits monticules de terre peints avec de l’ocre brûlé sur un fond de ciel rose thé, sorte de dolmens, de stèles, vue profonde sur le Latium. J’écrivais il y a peu à Gérard Pfister, le directeur de la maison Arfuyen – qui suit le travail d’Anise Koltz depuis plusieurs années –, que ces stèles donnaient une impression nocturne, de monde déserté. Et, avec des petits instants pris dans le réel, cette série de 134 poèmes finit par se nouer autour de quelques thèmes, que je vais essayer de rendre visibles au lecteur.

Tom Gates, c'est moi !, Liz Pichon

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 28 Mai 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Seuil, Jeunesse

Tom Gates, c’est moi ! 2012, trad. anglais par Natalie Zimmermann, mise en page par Anne-Cécile Ferron, 257 p. 11 € . Ecrivain(s): Liz Pichon Edition: Seuil

 

Entre BD et journal intime, ce « roman animé » a reçu le très mérité Roald Dahl Funny Prize 2011 du meilleur roman humoristique pour la jeunesse.

Tom Gates, doit avoir 11 ou 12 ans et comme tout enfant sensé de son âge, il n’aime pas trop l’école mais il adore les gaufrettes au caramel, lire des bandes-dessinées, faire enrager sa sœur Délia, gribouiller dans ses cahiers et surtout il a des projets : monter un groupe de pop-rock comme les Rodéo 3, son groupe préféré, avec son copain et complice Derek. Le groupe s’appellera Les Clebszombies. Ça en jette, non ? Tom Gates a toujours de bonnes et moins bonnes, voire très, très moins bonnes excuses, pour ne pas faire ses devoirs, mais il tient un journal farci de dessins très, voire très, très réussis, dans lequel il raconte sa vie fort mouvementée. Faut dire qu’il a de la matière, entre des parents sympas mais qui mettent la honte, comme tous les parents, surtout papa qui porte des fringues plus ridicules les unes que les autres et une sœur adolescente qui lui voue une haine passionnée qu’il lui rend bien, « ça m’a fait tellement plaisir que Délia se fasse gronder et priver de sorties que j’en ai oublié mon mal au bras. En fait, ça a sûrement été le MEILLEUR MOMENT de toutes mes vacances ».

Temps du rêve, Henry Bauchau

Ecrit par Anne Morin , le Jeudi, 24 Mai 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Temps du rêve, Actes Sud, Un endroit où aller, 71 p. 13 € . Ecrivain(s): Henry Bauchau Edition: Actes Sud

 

Le passage, du temps de l’enfance à l’adolescence, du temps de l’amour parental et des rêves d’enfant, à ce basculement que représente le premier amour, et les rêves plus flous qui l’accompagnent : « Il me semble que tout ce qui m’amusait jadis ne m’est plus d’aucun prix. Je suis précipité dans le rêve et la solitude, d’un seul coup » (p.44). Rien de plus classique, mais ici l’échange prend place, et c’est aussi ce qu’il a de particulier, en quelques heures, quelques heures qui irradient toute une existence, par ce rapprochement dans le temps, du jeu et de l’amour :« Nous n’avons joué ensemble qu’une seule fois, mais d’une façon qui m’a illuminé et elle aussi » (préface).

Henry Bauchau revit, après la perte d’un grand amour, cet après-midi d’été qui a ouvert sa vie à cet appel d’air : lui a onze ans, elle, huit, cet âge où comme il l’écrit, le « genre » de la petite fille est encore indéterminé : « (…) de suite un peu brutale comme elles le sont souvent à cet âge où elles possèdent, sans pouvoir s’équilibrer, les forces garçonnières » (p. 26). Un « petit diable », un garçon manqué, un lutin, une fée ? En tout cas une initiatrice. En ces quelques heures, une porte s’ouvre, qui ne se refermera plus. Le monde apparaît clivé, dans une sorte de deuxième naissance : le cœur s’éprouve battre :

La douceur de la vie, Paulus Hochgatterer

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 22 Mai 2012. , dans Recensions, Les Livres, Polars, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Quidam Editeur

La douceur de la vie. Trad. Allemand (Autriche) Françoise Kenk. mars 2012. 287 p. 22 € . Ecrivain(s): Paulus Hochgatterer Edition: Quidam Editeur

 

Le titre français est une sorte de parfaite antiphrase. C’est un polar sombre venu d’un pays dont les symptômes ne le sont pas moins. L’Autriche d’aujourd’hui.

Il faut dire d’entrée que le décor, une petite ville autrichienne quasi rurale, est le cadre idéal pour une plongée inquiétante dans les maux qui ravagent la société autrichienne (seulement autrichienne ?) et ses citoyens : la haine de l’autre, la xénophobie, l’individualisme. Ils font une toile de fond permanente à l’enquête sur un meurtre que se partagent un flic débonnaire, Ludwig Kovacs, et un psychiatre pour adolescents, pessimiste mais plein d’humour, Raffael Horn (« double » de l’auteur, psychologue pour enfants ?).

« Les crânes rasés avaient commencé par boire du champagne à la bouteille, puis ils avaient levé et laissé retomber les chaises. Pour finir, avec des restes de bougie rouge, ils avaient écrit sur le mur « les étrangers dehors », en chantant en chœur Ils tremblent, les os pourris. Quant à un vieil homme qui avait dit n’avoir que trop entendu ce chant dans sa vie, ils lui avaient cassé le nez avec un moulin à poivre. »

Vérités non dites, Angelica Garnett

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 22 Mai 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Nouvelles, Christian Bourgois

Vérités non dites, Trad. Anglais Christine Laferrière. avril 2012, 291 p. 22 € . Ecrivain(s): Angelica Garnett Edition: Christian Bourgois

 

Ce sont quatre nouvelles d’inégale longueur qui constituent ce recueil, quatre nouvelles qui se distinguent par leur écriture et les aspects essentiellement autobiographiques qui en font la trame. Angelica Garnett révèle dans Vérités non dites les interrogations qu’une vie plutôt riche et complexe n’a pu que lui imposer.

Souvenons-nous tout d’abord qu’elle fut la nièce de Virginia Woolf, héritage d’une réelle richesse. Ainsi son enfance s’est-elle déroulée au cœur de cercles d’artistes et d’intellectuels qui constituèrent le groupe de Bloomsburry, sa famille y ayant une place prépondérante.

Mais si son enfance fut heureuse, Angelica Garnett, fille de Vanessa Bell (sœur de Virginia Woolf), vécut plus malheureusement la révélation que lui fit sa mère lors de ses dix sept ans : son père était en réalité le peintre Duncan Grant, avec qui elle eut une liaison. La conséquence poursuit encore Angelica Garnett, les interrogations suscitées aujourd’hui alors qu’elle a plus de quatre-vingt dix ans en sont la preuve. Quelques années plus tard, elle découvrira que son mari fut l’amant de son père ! Autant de ruptures qui se dévoilent dans ces nouvelles autobiographiques.