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Pays nordiques

Fanny et le mystère de la forêt en deuil, Rune Christiansen (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Mardi, 10 Mars 2020. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Noir sur Blanc

Fanny et le mystère de la forêt en deuil, Rune Christiansen, janvier 2020, trad. norvégien Céline Romand-Monnier, 240 pages, 19 € Edition: Editions Noir sur Blanc

C’est presque en conteur que Rune Christiansen s’adresse à son lecteur : « Permettez-moi de vous raconter une histoire », écrit-il – et nous permettons bien volontiers, quoique cette formule rhétorique, à la courtoisie désuète et avenante, puisse paraître un tantinet artificielle.

Cette histoire, c’est celle de Fanny, dont la vie est bouleversée par un événement aussi banal qu’éprouvant : à dix-sept ans, un accident de voiture la prive de ses parents. Malgré son jeune âge, elle est autorisée à demeurer dans la maison de son enfance, seule. Le récit semble commencer quelques mois plus tard, un matin, quand un vent violent la réveille et qu’a lieu une rencontre étrange et initiatique. Un cerf, « l’esprit de la forêt », est monté jusqu’à sa chambre à son insu et d’une façon inexplicable. Il finit par sauter par la fenêtre et s’écrase sur le sol. D’un coup de hache ferme et sûr, Fanny expulse de son corps brisé ce qu’il y reste de vie. Rien ne change, pourtant, et c’est seulement plus tard, pendant la dernière année de lycée, qu’un cycle nouveau s’initie : la jeune fille est réveillée par de brusques bourrasques qui semblent annoncer le terme du temps « laborieux et en suspens » où elle languissait.

Les chevaliers de l’escalier rond, Einar Már Guðmundsson (par Catherine Blanche)

Ecrit par Catherine Blanche , le Lundi, 09 Mars 2020. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les chevaliers de l’escalier rond, Gaïa Editions, décembre 2019, trad. islandais Eric Boury, 250 pages, 11 € . Ecrivain(s): Einar Már Guðmundsson

Années 60 dans un quartier populaire de Reykjavik.

Les tribulations de Johann, petit garçon de 6-7 ans. Ah ! il en fait des frasques, le gamin, des bêtises en veux-tu, en voilà, et de toutes les couleurs. Nous, lecteurs, nous ne pouvons que le suivre. Mieux que cela : nous entrons dans la tête de ce narrateur en culottes courtes, nous devenons son double. Parfois même, il nous interpelle comme dans ce passage :

« Tout le monde à table ! Eh oui, chers lecteurs, si l’on exclut les résultats des matchs de foot, nommez-moi donc une nouvelle susceptible de se répandre plus vite parmi les hommes que cette annonce diffusée par les mères de famille poussées par le devoir ».

L’écriture de Guðmundsson est bluffante : elle arrive à nous faire entrer dans cet état d’enfance tout en ne faisant aucune concession (ou presque) au langage. L’écriture n’a rien en effet d’enfantine. Elle est drue, généreuse, enlevée, pétillante et apporte une vie en surabondance où rêve et réalité se mêlent sans cesse, à l’instar de ce gamin à l’énergie et à l’imagination débordante.

Nord, Merethe Lindström (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 26 Février 2020. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Cambourakis

Nord, Merethe Lindstrom, février 2020 Edition: Cambourakis

 

Bien sûr que La Route plane sur ce roman, mais pourquoi pas ? Quand l’écriture est belle et serrée, quand les personnages sont étranges et attachants, quand l’histoire est captivante, on est devant un beau roman. Et prendre modèle sur Cormac McCarthy n’est pas une faiblesse pour cet auteur mais la force de son talent et de son ambition qui nous offre un roman énigmatique et plein de poésie.

La route donc. Celle où chemine le jeune narrateur et son encore plus jeune compagnon – dont le nom sera tout au long du roman « le garçon ». Où vont-ils ? Au Nord. La dévastation du monde les pousse vers ce qui est autre chose qu’un pays ou une région : juste la pointe de l’aiguille d’une boussole, celle qui montre le Nord. Nous ne saurons jamais vraiment ce qu’ils espèrent y trouver mais au moins ils sortent des flots morbides de millions de déplacés qu’un Enfer inconnu a chassé de chez eux dans un monde désolé. C’est la présence du garçon qui donne à ce récit glacé une chaleur d’humanité. Et c’est aussi l’absence d’un chien dont le narrateur a perdu la trace.

Le Berger de l’Avent, Gunnar Gunnarsson (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Vendredi, 07 Février 2020. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Zulma

Le Berger de l’Avent, Gunnar Gunnarsson, novembre 2019, 87 pages, 6,95 € Edition: Zulma

 

 

Un cœur simple

C’est une histoire très mince. C’est à peine une histoire. C’est une histoire pourtant, à laquelle rien ne manque – et où rien n’est de trop.

Comme chaque année depuis vingt-sept ans, le premier dimanche de l’Avent, Benedikt se met en route avec Léo, son chien, et Roc, son bélier. Il s’est donné pour mission de ramener les moutons égarés dans les montagnes, ceux qui se sont égaillés lors des rassemblements d’automne, pour les sauver. Lestée de provisions, de vêtements et de matériel, la « trinité » se met en marche, sous un ciel menaçant qui rendra son expédition plus périlleuse que de coutume.

Un éléphant, ça danse énormément, Arto Paasilinna (par Catherine Blanche)

Ecrit par Catherine Blanche , le Jeudi, 07 Novembre 2019. , dans Pays nordiques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Un éléphant, ça danse énormément, septembre 2019, trad. finnois Anne Colin du Terrail, 304 pages, 7,90 € . Ecrivain(s): Arto Paasilinna Edition: Folio (Gallimard)

 

12 septembre 1986, triste jour en Finlande : Il est « désormais interdit, y compris dans les cirques, de présenter des spectacles mettant en scène des animaux sauvages. […] Mieux valait un éléphant mort qu’un éléphant exploité, tel était le mot d’ordre du jour ». Ainsi, Emilia, bébé éléphante de 7 mois, se retrouve privée de sa mère vendue en RDA. Lucia, sa soigneuse, décide de tout tenter pour la sauver.

Dans ce roman de Arto Paasilinna, on apprend beaucoup sur la gente éléphantesque. Par exemple :

– qu’ils font partie de la famille des proboscidiens ou périssodactyles ;

– que les plus grands représentants peuvent atteindre sept tonnes ;

– qu’ils « ont une large tête, avec une boîte crânienne composée d’os alvéolés au tissu spongieux pneumatisé » ;

– que « leurs sinus sont en partie tapissés de muqueuses et contribuent à la finesse de leur odorat » ;