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Les Livres

Robert Louis Stevenson, Œuvres, III en Pléiade (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 01 Octobre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Nouvelles, La Pléiade Gallimard

Robert Louis Stevenson, Œuvres, III 29 mars 2018, 1296 pages (62 € : prix de lancement jusqu’au 31 décembre 2018) . Ecrivain(s): Robert Louis Stevenson Edition: La Pléiade Gallimard

 

Les derniers écrits de Stevenson en la Pléiade

Dans les îles Samoa où il séjournait depuis près de quatre ans, une hémorragie cérébrale foudroie Robert Louis Stevenson, à l’âge de quarante-quatre ans. L’écrivain, dans une lettre à J. M. Barrie datée du 29 juillet 1894, confesse : « Ce que j’ai toussé dans ma vie ! ». Et il va jusqu’à écrire à Edmund Gosse le 1erdécembre de la même année : « Je ne suis pas né pour vieillir ».

Et, pourtant, ce qui caractérise ontologiquement Stevenson, c’est son énergie. Qu’il déploie de diverses manières, au point de se confondre avec elle. Il le reconnaîtra d’ailleurs lui-même dans la lettre qu’il adresse à Sidney Colvin le 15 septembre 1892 : « Énergique – c’est ce que je suis avant tout, totalement énergique, plein d’entrain ».

De la main à la chute, Marine Gross (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 01 Octobre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

De la main à la chute, Le Citron Gare, août 2018, 90 pages, 10 € . Ecrivain(s): Marine Gross

Sublimes photos en noir et blanc de l’auteur qui mettent l’eau à la bouche, j’avoue cependant avoir eu du mal parfois à trouver l’accroche, à trouver l’ouverture pour pénétrer dans cet univers qui semble se dissoudre au fur et à mesure où il apparaît, parfois l’impression qu’un trop de mots, même si les textes sont très courts, vient noyer le lecteur pour lui cacher quelque chose qui n’est peut-être pas dit. Une seule lecture ne suffira pas, De la main à la chute est le genre de livre qui ne se livre pas aussi facilement. Il commence par une série de poèmes numérotés, où il est question de filles, mystérieuses, nombreuses, très nombreuses et cet ensemble a un écho quasi eschatologique.

Dans le prologue il est indiqué :

« Épopée métallique d’une bande de filles

Traversant une vallée de cendres

Avec sous les pieds

Un peu de ciel

Presque dissous »

L’or saisons, Colette Daviles-Estinès, par Clément G. Second

Ecrit par Clément G. Second , le Lundi, 01 Octobre 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

L’or saisons, Colette Daviles-Estinès, Éditions Tipaza, mai 2018, ill. Philippe Croq

Une Orpailleuse de finitudes

Qui, avant de le tenir enfin entre ses mains puis d’y engager ses regards, ne le connaissant pas encore mais l’ayant un peu deviné par assiduité aux Volets ou vers, le riche blog accueillant de la poète, et aux revues, au chaleureux Lichen d’Élisée Bec en particulier dont chaque numéro publie de ses textes – qui donc ne s’ennuyait souvent, impatiemment, de L’or saisons ?

Dans cet ouvrage aux pages végétales, branches-feuilles souples accolées au tronc du dos, les poèmes de Colette Daviles-Estinès fascinent par une constante beauté diffractée en inflexions menant très loin, et l’art de Philippe Croq intercale des peintures polysémiques comme autant de superbes jalons et relais complices.

Sa découverte, lexique et picturale, procure un multiple plaisir, un enchantement. Étrangère au virtuose, au péremptoire, au savant, mais au contraire amie des présences et signes, les apprivoisant, les creusant, s’y apprivoisant aussi, proposant en partage tout un cheminement parmi eux, la parole inspirée de Colette Daviles-Estinès suscite ce rare bonheur.

Toutes les femmes sauf une, Maria Pourchet (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 28 Septembre 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Toutes les femmes sauf une, Maria Pourchet, Pauvert, septembre 2018, 136 pages, 15 €

 

Ce livre s’adresse à toi, le livre que tu prends en pleine figure, parce que tu es une femme. Parce que d’abord, tu es une femme blessée par ta naissance. Celles de toutes les femmes qui t’ont précédée. Tu n’as pas qu’une mère, tu en as des milliers.

Femme, tu portes les maux et le poids des morts, le poids du sang, le poids des mots. Tu enfanteras dans l’angoisse. La terreur de l’éventration. N’oublie pas la racine des mots. Ce n’est pas douleur qu’il fallait traduire mais angoisse.

Les mots qui déchirent.

Les hommes vont entrer dans ce livre avec malaise, précaution, curiosité, avec effroi. Ils seront à l’étroit.

L’entrée en matière. Ton arrivée au monde. Tu t’écrases sur une toile cirée, c’est à peu près ça, la salle de travail. La salle de travail. Il fallait une femme pour enquêter, il fallait Maria Pourchet pour raconter et dépasser le récit, le genre de livre qui se fout du réel ou de la fiction, il est au-delà du genre.

La maison aux orangers, Claire Hajaj (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 28 Septembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Les Escales

La maison aux orangers, mars 2018, trad. de l'anglais Julie Groleau, 394 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Claire Hajaj Edition: Les Escales

 

La Maison aux orangers met en scène deux destins : celui de Salim Al-Ishmaeli, impatient d’aller accompagner son père à la cueillette des oranges dans sa propriété de Jaffa. Nous sommes en 1948, à la veille de la guerre israélo-arabe qui se conclura par le partage de la Palestine, et la fuite de la majorité de très nombreux habitants arabes palestiniens. Le second personnage est Judith, jeune juive lycéenne vivant dans le nord de l’Angleterre, élevée par ses parents dans le maintien d’une identité juive par l’enseignement religieux, la préparation de sa Bar-mitsvah, équivalent judaïque de la communion solennelle. Qu’ont en commun ces deux individus si lointains, tant géographiquement que culturellement ? C’est le talent et l’habileté de Claire Hajaj, l’auteure de ce premier roman, de le dévoiler au lecteur.

Salim a baigné, dans les jours précédant l’éclatement du conflit, dans un décor marqué par sa famille, sa fratrie, son père, à l’influence si pesante : « Salim était sûr de lui. Il avait peu d’affection pour son père, ou pour Abou Mazen, ou pour tous ces hommes imposants qui venaient chez lui. Mais son monde s’était construit autour de l’odeur de leurs cigarettes et du bruissement feutré de leur conversation. Comment imaginer que l’assurance tranquille avec laquelle ils régnaient sur le monde puisse disparaître ? ».