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Les Livres

Jamais, Véronique Bergen (2ème critique)

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 08 Février 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Tinbad

Jamais, novembre 2017, 118 pages, 16 € . Ecrivain(s): Véronique Bergen Edition: Tinbad

 

Il en va de la vie et de ses souffrances comme de la folie ; qui ne les a pas approchées ne peut comprendre les affres de ceux qui les subissent, qui n’a jamais été au bord du gouffre ne peut en saisir l’insondable profondeur. Véronique Bergen, qui n’en est pas à son coup d’essai, fait partie de ces écrivains qui se situent délibérément dans le camp de ceux qui sont capables d’une « vraie littérature », pas celle qui se contente de raconter des histoires, mais qui s’accroche désespérément au « vivre », dans tout ce que le terme galvaudé véhicule d’ambivalent, « la vie est comme un pendule, elle oscille… » pour reprendre Schopenhauer.

Jamais est un récit qui débute à 18 heures, on imagine entre chien et loup. C’est l’heure des angoisses chez les plus fragiles, et chez les plus âgés a fortiori. Sarah est cette personne âgée, elle a nonante ans dit-elle en fin de récit, elle va sur ses nonante et un. Sarah, c’est son nom, débute ainsi un soliloque qui va nous conduire dans les méandres d’une mémoire qui s’effrite, et qui pourtant est capable de remonter relativement loin dans son enfance.

Une vie comme les autres, Hanya Yanagihara

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 07 Février 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Buchet-Chastel

Une vie comme les autres, janvier 2018, trad. anglais (USA) Emmanuelle Ertel, 816 pages, 24 € . Ecrivain(s): Hanya Yanagihara Edition: Buchet-Chastel

 

Publié en 2015 aux États-Unis, Une vie comme les autres (A little life) a déjà conquis plus d’un million de lecteurs de par le monde. Best-seller traduit dans une vingtaine de pays, ce livre s’inscrit dans une longue tradition littéraire américaine d’épopée romanesque. On y suit sur plus de trois décennies les parcours personnels et professionnels d’un quatuor d’hommes unis depuis les bancs de la faculté par une profonde amitié.

Point commun : ils sont tous talentueux et finiront par exceller dans leurs métiers respectifs. JB, le jeune haïtien homosexuel ambitieux, couvé par une mère et des tantes convaincues de son génie, gagnera la notoriété en tant que peintre. Malcom, le métis discret élevé dans un milieu aisé et progressiste, mènera une brillante carrière d’architecte. Le beau et timide Willem, d’origine scandinave, fils d’ouvriers agricoles du Wyoming, percera en tant qu’acteur, et enfin Jude, l’homme à la personnalité secrète et magnétique, deviendra un avocat d’affaires célèbre et redouté.

Lieu de vie commun : un New-York très centré sur les quartiers sud de Manhattan et de Soho en particulier.

Les Routes de la traduction. Babel à Genève, Barbara Cassin, Nicolas Ducimetière

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 07 Février 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Gallimard

Les Routes de la traduction. Babel à Genève, Coédition Gallimard/Fondation, novembre 2017, 336 pages, 39 € . Ecrivain(s): Barbara Cassin, Nicolas Ducimetière Edition: Gallimard

 

Bibliophile zurichois, Martin Bodmer (1899-1971) avait réuni une extraordinaire collection, très étendue dans le temps et dans l’espace (contrairement à d’autres bibliophiles qui se spécialisent dans une seule langue et une période précise – par exemple, le livre à estampes du XVIIIe siècle français). Cela ne signifie pas que l’ancien vice-président de la Croix-Rouge internationale fut un brouillon touche-à-tout. Il s’était proposé de réunir les témoignages les plus marquants du génie humain en matière littéraire, articulés selon cinq domaines, cinq « phares » : la Bible, Homère, Dante, Shakespeare et Goethe. Leur étude approfondie suffit déjà à remplir une vie ; à plus forte raison si on se met à en rassembler les multiples éditions et traductions (qui pourrait se flatter de posséder un exemplaire de chaque Bible jamais imprimée ?). Les traductions occupent une place de choix dans le projet de Martin Bodmer (la Bible étant elle-même un texte plurilingue. L’évangile selon saint Matthieu, que nous possédons en grec, est la traduction d’un original hébreu, perdu pour le moment).

Quatre lettres d’amour, Niall Williams

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 06 Février 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Héloïse D'Ormesson

Quatre lettres d’amour, janvier 2018, trad. anglais (Irlande) Josée Kamoun, 395 pages, 20 € . Ecrivain(s): Niall Williams Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Dans ce roman, qui fut le premier pour l’auteur de théâtre Niall Williams, l’écriture est remarquable, un très beau travail de création littéraire, très inventif, très poétique, les mots sont comme une pâte à pétrir chaude sous la plume de l’auteur et la traduction le rend sans doute admirablement bien, mais aurait-on perdu quelque chose dans ce passage entre les deux langues ? Car il y a tellement d’évanescence dans ce roman malgré une intense dramaturgie, comme un paysage de brumes permanentes qui entourerait les personnages et leur vie. Cela aurait-il à voir avec une particularité du climat irlandais ou bien l’auteur nous aurait-il à notre insu fait pénétrer dans une sorte de grand tableau mouvant et évoluant ? C’est difficile à expliquer en tout cas. Le lecteur lit, imagine, mais il y a comme une distance avec le ressenti. Il y a une profusion de détails pourtant, la mécanique des personnages est précise, il y a oui quelque chose de l’horlogerie, la grande horlogerie divine, et d’ailleurs le questionnement sur la place du hasard ou de Dieu dans la destinée des uns et des autres est au centre de la narration qui prend ainsi une évidente dimension métaphysique.

Saint-Germain-des-Prés, Jean-Paul Caracalla

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 06 Février 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Voyages, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Saint-Germain-des-Prés, mai 2017, Préface de Michel Déon, 176 pages, 7,30 € . Ecrivain(s): Jean-Paul Caracalla Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Cafés littéraires, ferment intellectuel et éditorial, vivier de jurys littéraires, foyer des étrangers dans un Paris existentialiste, site de nombre de théâtres célèbres, Saint-Germain-des-Prés aura eu de nombreuses fonctions, depuis toujours pourrait-on dire, tant le quartier a essaimé ses atouts tout autour, sur les boulevards, dans les rues environnantes (Saint-Benoît, Rennes, Visconti, Buci, de Seine…).

Il est tellement  de figures aussi qui incarnent Saint-Germain-des-Prés : de Léo Larguier, le poète arpenteur, à Gréco, sa muse dès 1947, Vian, Luter, Sartre, de Beauvoir, en passant par les comédiens Dufilho, Raimbourg, les peintres Picasso, Dali, Masson…

On vient à Saint-Germain. On fréquente les cafés : Le Procope, Le Voltaire, Les Deux Magots, Le Flore. On y boit, on y discute, on y refait le monde, on parle politique, on décerne des prix. Une effervescence de toujours aussi remue le quartier, un véritable appel d’air et d’art dans tout le quartier.