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Les Livres

Zabor ou Les psaumes, Kamel Daoud (par Mona)

Ecrit par Mona , le Mardi, 11 Décembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Maghreb, Actes Sud

Zabor ou Les psaumes, 336 pages, 21 € . Ecrivain(s): Kamel Daoud Edition: Actes Sud

 

 

L’histoire d’une libération par l’écriture.

Un Robinson arabe, orphelin d’une mère répudiée, renié par son père et banni par ses frères, amoureux d’une divorcée privée de corps, vit en paria dans le territoire des femmes avec une tante, vieille fille analphabète, qui éveille ses sens. Frappé par le mauvais œil, entouré de signes et de rites, il doit garder en permanence sept livres collés sur le corps. Il possède le don magique d’écrire, écrire pour « faire reculer la mort », et survit grâce aux livres dans sa tête. Réputé renégat, pas circoncis, il porte un nom d’exilé, Ismaël, et se choisit un nom de poète, David, Daoud en arabe, l’écrivain des Psaumes, « le prophète à qui Dieu donna une voix unique ».

Jean sans Terre, Frédérique Lachaud (par Vincent Robin)

Ecrit par Vincent Robin , le Mardi, 11 Décembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire, Perrin

Jean sans Terre, septembre 2018, 480 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Frédérique Lachaud Edition: Perrin

L’actuelle facilité d’accès aux informations et à divers travaux de prospection préexistants sur tout sujet ne saurait être qu’un seul bienfait pour l’individu. Grâce au numérique, devenu instrument éminent dans leurs recherches, les historiens du XXIesiècle jouissent pour leur part de moyens d’investigation et de réunion documentaire inédits. Cette considération importante expliquera sans doute pourquoi ils reviennent maintenant sur des trames ou phases historiques que de pourtant assez complètes analyses antérieures renvoyaient au placard des feuilletons résolus. A telle enseigne croyait-on scellés à jamais le fait et la cause du roi Jean d’Angleterre, aussi décrété « sans terre », mais, par proclamation unanime, « non sans reproches » également. Essuyant l’hostilité des chroniqueurs de son siècle autant que le bilan implacable de ses biographes ultérieurs, le Plantagenêt aura surtout récolté au final la réputation d’un indigne gaspilleur de l’« empire » anglo-normand indirectement hérité de son père, le roi Henri II, dès le début du XIIIesiècle. A travers une relecture du contexte d’époque, rigoureuse mais distanciée, car réservée de la profonde partialité des rapporteurs d’antan et non plus totalement remise au verdict tranchant des analystes suivants, l’avisée historienne Frédérique Lachaud replace ici la vie et le règne du frère et successeur de Richard-cœur-de-Lion sous le projecteur d’un vécu autrement décortiqué et, par là, sûrement aussi moins accablant pour lui.

De soufre et de miel, Silvana Minchella (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mardi, 11 Décembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

De soufre et de miel, éditions Chloé des Lys, poèmes, 2018, 48 pages . Ecrivain(s): Silvana Minchella

 

D’emblée, l’auteur annonce la couleur ; point d’évocation idyllique de l’amour, mais s’agissant plutôt de « flammes vacillantes Au creux des mains D’âmes Eteignoirs D’âmes Leurres ».

Les ressentis sont puissants dans le jeu Lui/Ellealternant la sensation de l’approche initiale pour se complaire dans l’acte commun. L’unicité du cœur et du sexe de l’une n’a d’égal qu’une sorte d’abdication de l’autre, les approches sexuelles et affectives étant différentes. Le court texte, actif, disposé en longueur, ajoute à l’agissement.

Quelque chose de la biche aux abois du côté femelle vacillante sur ses phéromones alors que la position mâle semble avoir trouvé sa proie : « Qu’importe La forme que Tu as choisie Ta vibration T’a trahie ». La stupeur de l’évènement d’amour ajoute à l’attente tant espérée puis « dans les yeux S’ouvre Une porte Dimensionnelle Et nos âmes Sont espérées Dans un monde Parallèle ».

La fusion des corps n’a d’égale que celle des esprits qui l’organisent. Le désir va crescendo.

Sur les rails De Victor Hugo à Jacques Roubaud, Anne Reverseau (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 10 Décembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Anthologie

Sur les rails De Victor Hugo à Jacques Roubaud, Les Impressions nouvelles, août 2018, 128 pages, 13 € . Ecrivain(s): Anne Reverseau

 

 

C’est un joli petit volume que nous propose Anne Reverseau avec cette anthologie illustrée consacrée aux trains. L’iconographie est abondante. Tout en noir et blanc, elle est composée de gravures et de photographies anciennes. Ce choix, qui a sans doute des raisons économiques, crée l’atmosphère propice pour retrouver l’émerveillement – ou l’effroi – des débuts du chemin de fer, comme nous y invite Anne Reverseau à travers sa sélection de textes.

Ceux-ci, nombreux – 72 extraits – ne sont toutefois pas concentrés sur ces seuls débuts héroïques. Ils s’échelonnent du milieu du XIXeau XXIesiècle, montrant la persistance de cette fascination pour les trains et les gares, en dépit de ce que pouvait augurer Apollinaire dans « La victoire » (Calligrammes) :

Romancero Gitano (Romances gitanes) suivies de Complainte funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias, Federico Garcia Lorca, dans la traduction de Michel Host (André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 10 Décembre 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Romancero Gitano (Romances gitanes) suivies de Complainte funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias, Federico Garcia Lorca, Editions Alcyone, coll. Mitra, 2017, trad. espagnol Michel Host, 51 pages, 16 €

 

 

Voici donc la traduction nouvelle par Michel Host du Romancero Gitano, et du Llanto por Ignacio Sanchez Mejias, de Federico Garcia Lorca, dans une édition revue et corrigée, et, il convient de le souligner tant est grande l’importance en poésie de la langue d’origine, dans une version bilingue des éditions Alcyone, qu’il faut ici remercier pour leur travail. Ces deux œuvres de Lorca sont très célèbres. Elles ont été abondamment analysées et commentées. Hymne à une liberté authentique, radicale, qui va jusqu’à la mort pour la première, « tombeau », comme l’on dit en musique, d’une personnalité exceptionnelle pour la seconde. A chaque lecture cependant, leur puissance d’évocation, leur éclat sont intacts et continuent de résonner encore longtemps, à l’oreille et dans la mémoire. Comme le vers, très représentatif, qui ouvre et scande Romance somnambuleVerde que te quiero verde, à l’effet proprement hypnotique.