Identification

Les Livres

Soumission, de Michel Houellebecq (par Mona)

Ecrit par Mona , le Mardi, 04 Décembre 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Soumission, Michel Houellebecq, J'ai Lu

 

Méfions-nous des littéralistes, c’est toujours ceux-là qui brûlent les livres.

« C’est pas le moment de chroniquer Houellebecq » nous dit Christine Angot qui a adressé son « merde à celui qui le lira » à la sortie du roman. Ainsi, ce serait un roman qui salit, pas loin d’un outrage à la morale publique. On songe à l’époque où l’on condamnait les poètes maudits et à Baudelaire qui n’avait pas peur de dire : « dans ce livre atroce, j’ai mis toute ma haine ».

Alors, pourquoi nous asséner cette conception moralisatrice de la littérature ? Houellebecq serait amoral et dénué de toute humanité, ne se soumettrait pas aux normes littéraires ? Les prudes critiques s’offusquent qu’on parle de l’affaissement des chairs (en parfaite résonance pourtant avec l’avachissement de la culture occidentale que Houellebecq aime tant décrire) et de « sécheresse vaginale » (la belle affaire).

Lettres à Philippe Sollers, 1958-1980, Dominique Rolin (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 03 Décembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Correspondance

Lettres à Philippe Sollers, 1958-1980, octobre 2018, 480 pages, 24 € . Ecrivain(s): Dominique Rolin Edition: Gallimard

 

« Je relis votre livre (1) avec le même bonheur : la musique intérieure du récit qui m’avait touchée dès les premières pages recommence à chanter, rire et pleurer à la seconde lecture avec la même élasticité vibrante, si douce et si cruelle que j’en sors étrangement atteinte » (Le 7 novembre 1958).

« Je pensais en riant que lorsque paraîtra ton livre (2), la masse de tes ennemis ne l’emportera pas au paradis, merveilleuse expression qui n’aura jamais eu un sens plus exact. Ceux qui t’aiment au contraire l’emporteront, c’est-à-dire seront emportés par Paradis car ils l’auront mérité » (Mercredi 13 août 1980, 11 heures).

Plus de vingt ans séparent ces deux lettres, les premiers et les derniers mots de cette floraison désormais publiée sous la haute fidélité à l’écrivain, par Jean-Luc Outers, comme l’avait fait l’an passé Frans De Haes pour celles de Philippe Sollers. Des milliers de lettres échangées entre les deux écrivains amoureux, deux amoureux écrivains.

Poèmes des jours terribles et des jours suivants, Eliaz Cohen (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 30 Novembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Israël

Poèmes des jours terribles et des jours suivants, Éditions du Levant, 4è trimestre 2018, trad. hébreu Michel Eckhard Elial, Peintures à l’huile Denis Zimmerman, 62 pages . Ecrivain(s): Eliaz Cohen

 

A la poésie, rien d’impossible, puisqu’aux problèmes insolubles, les poètes offrent des réponses insaisissables. Par exemple, comment survivre à la fin du monde ? Un vertige plus puissant que l’Apocalypse suffit !

 

« Flotter au-dessus du tourbillon

je sais

qu’après l’extinction du soleil

et la dernière étoile

je serai à nouveau emporté vers lui » (p.32)

Trois étages, Eshkol Nevo (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Vendredi, 30 Novembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard, Israël

Trois étages, octobre 2018, trad. hébreu Jean-Luc Allouche, 313 pages, 22 € . Ecrivain(s): Eshkol Nevo Edition: Gallimard

 

Trois étages d’un même immeuble, trois histoires personnelles qui reflètent la vie en condensé, d’un pays qui se cherche. Trois étages, et à chacun d’eux, un manque à vivre, entre ce qui s’est passé – et ce qui est passé –, et ce qui s’est – peut-être – accompli.

Aucun des personnages ne sait exactement où il en est – de son histoire, de sa vie –, ni où il va, ce qu’il cherche ou recherche.

Arnon, en quête d’une hypothétique preuve pour conforter son hypothèse ; Hani, au deuxième étage, la plupart du temps seule avec ses enfants écrit à une amie lointaine et longuement perdue de vue car elle se noie entre le réel et l’imaginé : a-t-elle inventé la visite de son beau-frère et ce qui en a découlé ? Deborah, à l’étage supérieur vit dans le souvenir de sa vie passée avec son mari défunt pour qui elle enregistre sur un répondeur téléphonique ses sentiments et ses errances. Vivant en vase clos, dans le souvenir de la rupture avec leur fils, elle décide soudain de se jeter dehors, à même la rue aux prises à des mouvements de protestation…

La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette, illustré par Christian Lacroix (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 30 Novembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

La Princesse de Clèves, illustré par Christian Lacroix, octobre 2018, 208 pages, 42 € . Ecrivain(s): Madame de Lafayette Edition: Gallimard

 

Christian Lacroix « lecteur » de la Princesse de Clèves

Comme tout gamin des années 60 un peu curieux de littérature (ce qui était fréquent à l’époque), Christian Lacroix est fasciné par la collection Blanche de Gallimard et par le naissant Livre de Poche. La plupart des garnements frustrés élurent dans cette édition bon marché L’Amant de Lady Chatterley. Le texte portait en lui des émancipations érotiques. Christian Lacroix était-il plus sage ? Sans doute puisqu’il fut plus ému par La Princesse de Clèves et son crève-cœur.

En guise d’hommage à cette émotion première, il investit la Collection Blanche pour sa « lecture » de ce texte magique.L’artiste prouve que dans ce livre les raisonnements ne roulent pas exclusivement sur le critère de la Vraisemblance. Pour lui le récit est bien plus que le médium d’une discussion philosophique mondaine. Et l’œuvre possède une portée contemporaine en exprimant des préoccupations féminines et/ou féministes. Lacroix l’a bien compris : d’où sa volonté de réactualiser l’œuvre. Il en retient le « symptôme » qu’il magnifie avec drôlerie au sein de ses « princesses ».