Identification

Les Livres

Mise au point, Entretiens Fabien Ribery, Didier Ben Loulou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 27 Septembre 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Mise au point, Entretiens Fabien Ribery, Didier Ben Loulou, Arnaud Bizalion Editeur, juin 2019, 88 pages, 18,50 €

 

« La quête est ici de l’ordre de l’indicible et d’une levée de voiles, de l’accueil du fragile comme puissance et d’une recherche d’unité quand la parole commune est devenue assassine », Fabien Ribery (Des intensités de mystères en introduction aux Entretiens).

« Il faut aller puiser au plus profond de soi pour être capable de la moindre image. Cela oblige à une sorte de tabula rasa de tous nos repères, à une concentration extrême. On avance sur un fil, dont on peut chuter à la moindre perturbation. On passe des journées sans prononcer un mot. Le travail sur les lettres hébraïques parle de prendre des images où l’écriture arrive comme un surgissement », Didier Ben Loulou.

Mise au point est un livre de photographes. L’un, Fabien Ribery, interroge l’art photographique dans son blog, son livre ouvert, baptisé L’intervalle, l’autre, Didier Ben Loulou, photographie depuis plus de trente ans Israël et la Méditerranée, et ne cesse de questionner cette œuvre en mouvement, c’est de leurs échanges parisiens qu’est né ce livre.

Comme Dieu le veut, Niccolò Ammaniti (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 26 Septembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche, Italie

Comme Dieu le veut (Come Dio comanda, 2006), trad. italien Myriem Bouzaher, 531 pages, 8,30 € . Ecrivain(s): Niccolò Ammaniti Edition: Le Livre de Poche

 

C’est un roman noir. Très noir. Encore un dit-on ? Non UN roman noir, unique en son genre, par sa puissance lyrique, son style qui hache menu, ses personnages époustouflants, improbables, inoubliables. Ammaniti situe son drame dans une banlieue perdue de Turin, peuplée de ces êtres paumés qu’on peut trouver dans les banlieues perdues. Perdus à ce point rarement sans doute. Rino Zena et son jeune fils Cristiano, Quattro Formaggi (qui doit son surnom à sa passion pour les pizzas), Danilo et leurs satellites sont des marginaux d’une extrême pauvreté, qui vivent dans des lieux improbables, la tête bourrée de délires invraisemblables, petits délinquants à la petite semaine. Ce sont surtout des personnages au bord de l’idiotie maladive, dans la grande tradition littéraire des paumés de Steinbeck ou de McLiam Wilson.

Le « chef », c’est Rino Zena. Il est « nazi », affiche des drapeaux frappés de la croix gammée dans son taudis. En fait, c’est lui qui est frappé. Atteint de délires paranoïaques et mégalomaniaques. Le malheureux gamin qui lui sert de fils – le seul personnage à peu près normal de l’histoire – doit subir ce père, qu’il aime profondément. Curieux et impossible chemin initiatique que les pas de ce père.

Le fil d’Ariane, Jan Bajtlik (Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 25 Septembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse, La Joie de lire

Le fil d’Ariane, septembre 2019, trad. polonais, Lydia Waleryszak, 80 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Jan Bajtlik Edition: La Joie de lire

 

Jan Bajtlik nous livre avec Le fil d’Ariane un ouvrage à la fois documenté et divertissant. Cet album-jeunesse, destiné à des enfants (au passage du primaire au collège), se dote d’une courte introduction ainsi que d’un schéma-devinette qui renvoie aux explications des dernières pages. Le livre est de grand format (37,5 x 28,5 cm), cartonné, au fond bleu couleur de la mer Égée. Dès la première double-page, des personnages de différentes dimensions tournent dans l’espace sphérique du mont Olympe, entouré par l’eau primordiale des océans. Tout est circonvolutions, dédales, méandres, écheveaux, réseaux. Un peuple s’anime, des individus amphibiens, certains moitié humains, moitié sirènes, suivent des circuits complexes, en giration. L’auteur puise aux sources des poèmes d’Homère et à la Théogonie d’Hésiode. Quelques récits antiques célèbres, fondateurs de la civilisation occidentale, sont choisis par J. Bajtlik de manière assez accessible. Le fil conducteur part de la création du monde et va jusqu’à la représentation théâtrale des mythes grecs.

Journal (1972-2018), Dieu, les autres, les femmes, la peinture, la vie enfin, Vincent Bioulès (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 25 Septembre 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Journal (1972-2018), Dieu, les autres, les femmes, la peinture, la vie enfin, Vincent Bioulès, éditions Méridianes, juin 2019, 464 pages, 27 €

 

Un des plus grands peintres français – dont la Rétrospective (Chemins de traverse, jusqu’au 6 octobre 2019) illumine actuellement le Musée Fabre de Montpellier – publie un « Journal » de peintre, bien sûr, mais aussi de musicien (accompli), d’homme fervent (catholique), de critique d’art (qui fait voir ce que d’autres ont tenté de montrer, et juge nettement leurs courage et justesse), en écrivain aigu et cohérent, franc et fin, rassemblant une partie des notes prises en quarante-sept ans de travail et vie. Car Vincent Bioulès est aussi un écrivain, libre et clair, comme y suffiront trois passages :

« Causé puis déjeuné avec le père Ephrem. Grande paix et accablement mêlés et la vie spirituelle si prolongée communiquant comme une sorte de distance à chaque parole. Pauvreté du lieu. Quelques papiers. La Somme théologique de saint Thomas, des bréviaires. Pendant que le père Ephrem me quitte un instant pour aller distribuer la Sainte Communion, j’écarte un rideau et découvre un cabinet de toilette : cuvette de W.-C., douche.

Ménécée, Le voluptueux inquiet : Réponse à Epicure, Frédéric Schiffter (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 24 Septembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Editions Louise Bottu

Ménécée, Le voluptueux inquiet : Réponse à Epicure, juin 2019, 46 pages, 8 € . Ecrivain(s): Frédéric Schiffter Edition: Editions Louise Bottu

 

« Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité, à savoir que la mort n’est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité », Epicure, Lettre à Ménécée, traduction de Octave Hamelin revue par Frédéric Schiffter.

« Quand tu écris cela, je me demande si tu le penses vraiment tant la réalité est tout autre. C’est nous qui ne sommes rien pour la mort car même notre corps une fois sous terre ne s’appellera plus cadavre. Il deviendra un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue. C’est parce que nous savons que la mort nous anéantira un jour tandis que nous nous laissons aux séductions de la vie, qu’elle nous obsède tant. Nous la voyons œuvrer sans relâche en temps de guerre comme en temps de paix », Ménécée à Epicure, traduction de Frédéric Schiffter.